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Dopage: pourquoi la Cour des comptes tacle l'agence française de lutte contre le dopage

La juridiction financière demande à l'agence française de lutte contre le dopage (AFLD) une meilleure gestion de ses finances en même temps qu'elle lui offre des moyens d'actions élargis. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'Agence française de lutte contre le dopage se retrouve dans le viseur de la Cour des comptes  (JOEL SAGET / AFP)

A trois ans des Jeux olympiques de Paris, la Cour des comptes s'interroge sur l'efficacité de l'agence française de lutte antidopage, critique la gestion de son laboratoire et lui demande notamment de revoir sa politique de contrôles, dans un référé publié mercredi 16 juin et adressé au Premier ministre Jean Castex. Focus sur les différents points sur lesquels l'AFLD doit vite redresser la barre : 

Des dépenses à mieux maîtriser 

Dans ce référé, adressé au premier ministre le 8 avril et qui fait suite à un audit de l'AFLD, la Cour des comptes suggère notamment que l'agence réduise les coûts des analyses de son laboratoire de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), "qui ont cru de 11% depuis 2014 "alors "que les prix du marché sont en baisse continue".

Le laboratoire, qui doit être transféré d'ici 2022 à l'université de Paris-Saclay (Essonne), "doit faire la preuve de sa capacité à être aussi compétitif que ses concurrents accrédités", précise le référé.

Plus de contrôles pour les athlètes de haut niveau 

Les sages de la rue Cambon estiment également qu'une "réorientation des contrôles est nécessaire", préconisant de contrôler davantage les sportifs de haut niveau, alors que 30% de l'activité de l'AFLD "reste consacrée aux amateurs". La Cour préconise également de mieux cibler les athlètes en soumettant "un plus grand nombre" aux "obligations de localisation".

Selon le rapport d'activité de l'AFLD, publié récemment, près de 80% (5.300) des 6.500 contrôles réalisés en 2020 ont concerné le haut-niveau, et seulement 28 échantillons ont donné lieu à un résultat anormal, soit 0,5 % contre 1,1 % en 2019.

Des pouvoirs élargis en matière d'instruction 

La Cour demande également que l'AFLD puisse bénéficier d'une extension de ses pouvoirs d'enquête, ce qui a été récemment fait à travers une ordonnance publiée fin avril après les recommandations de l'agence mondiale anti-dopage (AMA).

L'AFLD a désormais la possibilité de convoquer les personnes, d'utiliser une identité d'emprunt sur internet, de visiter des locaux sous contrôle d'un juge. Ces mesures doivent être opérationnelles "à l'automne", a récemment précisé Jérémy Roubin, le nouveau secrétaire général de l'AFLD.

Une circulation des informations à fluidifier

Mais la Cour des comptes ne s'arrête pas là et souligne également le besoin d'une meilleure coopération avec les "services chargés de la lutte contre les trafics de substances dopantes", en préconisant la levée des obstacles juridiques à l'échange d'informations". Les magistrats font notamment référence au service de gendarmerie, l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp), avec qui les relations peuvent "ne pas être fluides" selon une source proche de l'antidopage en France.

Contactée par l'AFP, l'agence a estimé que "plusieurs" de ses actions depuis 2020 "satisfont" les recommandations formulées par la Cour des comptes, en citant notamment "l'instauration de pouvoirs d'enquête", "l'élargissement du groupe cible", la "facilitation des échanges d'informations entre les services de l'Etat", ainsi que "le rapprochement du laboratoire d'analyse" avec l'université Paris-Saclay.

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