Des Bleus convaincants
Pourtant, face à une jeune équipe allemande privée de plusieurs titulaires dont Schweinsteiger et Lahm, les Français avaient bien du mal à entrer dans la partie. Complètement dominés au milieu du terrain, où ils perdaient tous les ballons qu'ils étaient parvenus à reprendre, les Bleus avaient fort à faire face à un collectif bien huilé. Le ballon circulait bien du côté de l'équipe d'Allemagne qui parvenait à se créer quelques situations sans toutefois véritablement mettre le but tricolore en danger.
Les Bleus -qui en l'occurrence jouaient en blanc alors qu'étrangement les Allemands étaient vêtus de vert- subissaient dans l'organisation du jeu et dans la possession de balle, avec beaucoup de fautes techniques, mais paradoxalement ils réussissaient malgré tout à sortir quelquefois pour de bonnes relances et s'offraient même les premières occasions sur une tête de Cabaye, consécutive à un corner bien tiré par Valbuena, que Wiese parvenait à repousser (18e). Les Allemands repartaient à l'assaut, mais quelques minutes plus tard ils se faisaient une nouvelle fois contrer et cette fois-ci était la bonne pour les Français. Un ballon rapidement remis vers l'avant par Valbuena, un très bon débordement à droite de Debuchy dont le centre parfait trouvait Olivier Giroud. L'attaquant de Montpellier ne laissait aucune chance au portier allemand, et inscrivait son premier but en Bleu. (1-0, 21e).
Après ce but, les hommes de Joachim Low semblaient avoir du mal à encaisser ce coup sur la tête. Ils traversaient quelques minutes où ils s'appliquaient à faire tourner le ballon de façon stérile. Puis petit à petit ils reprenaient l'ascendant pour un dernier quart d'heure beaucoup plus percutant, face à des Bleus dont la défense effectuait parfois des renvois à l'emporte-pièces mais demeurait vigilante. A l'image de Mexès dans l'axe, mais surtout de Lloris, qui s'interposait avec bonheur dans un duel avec Klose dont la tête était repoussée par le capitaine français (33e). Dans la minute suivante, Badstuber trouvait le montant gauche de Lloris. Le danger s'intensifiait sur le but tricolore avec un centre d'Ösil mal négocié par Klose gêné dans sa reprise par Cabaye, puis une frappe d'Özil. Mais les Français parvenaient à conserver leur avantage à la pause.
Une victoire tactique
La deuxième période démarrait sur les chapeaux de roue. Avec des Allemands toujours aussi incisifs. Mais les Français mettaient du rythme dans leurs contres et les deux équipes se rendaient coup pour coup sur le plan des occasions.Une frappe contrée de Nasri, une occasion de Debuchy repoussée par Wiese côté français, une frappe de Reus puis une autre signée Özil pour les Germains. Valbuena manquait le KO à la 63e après une mésentente dans la défense allemande, sa reprise n'étant pas cadrée. Le Marseillais partait bien en profondeur, quatre minutes plus tard, mais la passe de Menez était trop longue. Si les Allemands n'étaient pas en reste, avec Thomas Muller qui adressait un bon centre pour Gomez qui ne pouvait reprendre le ballon, c'était pourtant les Français qui allaient faire le break. Sur une nouvelle montée de Debuchy, excellent sur son flanc droit, et dont le centre était repris victorieusement par Malouda (2-0, 69e). Le défenseur lillois, par ailleurs deuxième meilleur marquer de son club avec 5 buts, ce qui constitue une curiosité pour un latéral, passeur décisif pour la deuxième fois, marquait indiscutablement des points pour l'Euro.
Cette deuxième période était indiscutablement française. Tactiquement, les Bleus jouaient parfaitement le coup. Laissant venir leurs adversaires sans se précipiter, même lorsque ceux-ci avaient la maîtrise du ballon, et menant rondement des contres bien construits devant une défense allemande souvent fébrile. Refroidis par ce nouveau coup du sort, les joueurs de Löw hésitaient de plus en plus à se lancer à l'abordage d'une façon désordonnée. Mais ils connaissaient aussi beaucoup de difficultés à construire, même s'ils se créaient encore une ou deux occasions, sans mettre Lloris en danger. Les Français inscrivaient même un 3e but par Malouda justement refusé par l'arbitre italien M.Tagliavento pour une position de hors-jeu. Les hommes de Laurent Blanc évoluaient avec sérénité, montrant des choses intéressantes dans leur organisation et dans leur volonté d'aller de l'avant.
De leur côté, les Allemands habituellement adeptes du mouvement et réputés pour ne rien lâcher semblaient avoir le souffle court, et perdaient leurs moyens. Ils ne se montraient que menaçants dans les dernières minutes. Sur une leurs incursions, les Français se laissaient pourtant piéger dans le temps additionnel. Ils faisaient preuve d'un manque de concentration coupable sur une montée anodine de Muller dont le centre trouvait Cacau, oublié au deuxième poteau, qui réduisait le score (2-1, 90+1e). Ce sursaut tardif de la Mannschaft était toutefois insuffisant pour empêcher les tricolores quitter la pelouse de Brême avec une victoire précieuse pour le moral, et encourageante pour l'avenir pour une équipe tricolore souvent terne ces dernier mois mais qui, en ce mercredi, face à un de ses meilleurs ennemis a retrouvé de l'éclat et peut-être une âme.
Réactions
Laurent Blanc: "D'abord, c'est une satisfaction d'avoir gagné. Gagner en Allemagne, c'est quand même très difficile. Mais voilà, j'avais dit avant le match que quel que soit le résultat, le chantier, si j'ose dire, est ouvert. On essaye de progresser à chaque match. Là, il y avait une très forte opposition. On a l'habitude de dire qu'on attend toujours mieux de cette équipe. Depuis quelques mois, on ne fait que dire ça. Ce soir, je suis assez satisfait de mes joueurs. (L'équipe de France peut-elle revoir ses ambitions à la hausse?) C'est vous qui allez les revoir à la hausse. Nous on sait ce qu'on a à faire. J'avais dit aux garçons qu'on pouvait gagner ici. Bien sûr, je ne l'avais pas annoncé à la presse, car on m'aurait pris pour un irresponsable, mais je pensais qu'on pouvait faire quelque chose. Ça prouve que sur un match, on peut hisser notre niveau. Sur une grande compétition, il y a encore du travail à faire."
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