Cet article date de plus de trois ans.

Décès de Christophe Dominici : France - Italie, un match à part pour "Domi"

Le XV de France rendra hommage à Christophe Dominici, décédé mardi à 48 ans, à l'occasion de son match contre l'Italie ce samedi soir (21h10). Un adversaire symbolique pour célébrer l'ancien ailier. L'Italie restera une terre de mésaventures sportives pour l'ailier, mais aussi d'amitié et d'amour.
Article rédigé par Hugo Monier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Christophe Dominici face à l'Italie (DAMIEN MEYER / AFP)

Jamais un match entre la France et l’Italie n’aura connu un tel contexte. La disparition dramatique de Christophe Dominici, mardi à 48 ans, a transformé radicalement l’enjeu de la rencontre de ce samedi. Oubliez la Coupe d’automne des nations, ce match, c’est "Pour Domi" ! Désignée par le hasard du calendrier, la Squadra Azzurra est pourtant un adversaire de choix pour rendre hommage à l’ancien ailier. L’Italie aura laissé à Dominici de mauvais souvenirs sur la pelouse, mais tant de joie en dehors.

Un raté resté dans les mémoires, KO en 2005

Le volet le plus prestigieux de la légende Dominici s’est écrit en 1999, avec son essai d’anthologie face à la Nouvelle-Zélande en demi-finale de Coupe du monde. Cinq ans plus tard, un autre chapitre a été ajouté, bien malgré lui. Lors du tournoi des Six Nations 2004, un XV de France en route pour le Grand Chelem reçoit l’Italie. Les Bleus dominent mais n’arrivent pas à prendre le large. A 13-0, Dominici surprend la défense italienne en perçant la ligne juste après un ruck. L’ailier est seul pour aplatir et… relâche le ballon. En-avant.

"Une faute professionnelle" pour Dominici, malgré le 25-0 final, et une image restée dans les bêtisiers du rugby. Ses coéquipiers, eux, se régalent, ravis de pouvoir chambrer l’ultra-compétitif Dominici. "On m’en parle autant que mon essai face aux All Blacks en 1999" s’en amusait-il auprès du Point après la fin de sa carrière. Un tel palmarès peut se permettre de sourire de sa mésaventure.

Le raté de Dominici en 2004

Un an plus tard, en 2005, Dominici retrouve Rome. Les Bleus corrigent l’Italie (56-13) mais l’ailier quitte ses coéquipiers dès la 35e minute. La faute à un coup de coude du pilier Salvatore Perugini. K.-O. de longues minutes, il part directement pour l’hôpital, où les examens sont rassurants. Face à l’absence de sanction, il ne décolère pas. "Je suis écœuré, explique-t-il alors au Parisien. Il faut qu'on m'explique comment le geste n'est pas volontaire. C'est une agression. Si on veut continuer à rendre ce sport propre et beau, il faut bannir et punir ce genre de comportement."

Une dernière confrontation enfin récompensée

Résultat, Dominici a dû être patient. En 25 essais avec les Bleus, il a fait souffrir quelques nations. Les Fidji ont été sa cible favorite (5 essais), juste devant l’Argentine (4) et l’Irlande (3). Pour son unique essai face aux Azzuri, l’ailier a dû attendre sa cinquième et dernière confrontation. Le 3 février 2007, Dominici dispute son dernier Tournoi des Six Nations, six mois avant la Coupe du monde et sa retraite internationale. 

A la 24e minute, il profite d’une perte de balle italienne, pousse le ballon au pied et dépose tout le monde. Arrivé dans l’en-but, le ballon sous le bras, Dominici ne prend aucun risque. Il se couche sous les poteaux, sans jamais lâcher le cuir. Sa petite revanche personnelle ouvre la porte à une correction. Bloqués à 3-0 avant son essai, les Bleus s’imposent 39-3. Un joli cadeau d’adieu à sa bête noire. 

L'Italie, terre d'amour et d'amitié

En dehors de l’équipe de France, l’Italie prend une place particulière dans le cœur de Christophe Dominici. En club, tout d’abord. Au Stade Français, il a côtoyé quelques légendes du rugby italien. Les frères Bergamasco, Mirco et Mauro, ainsi que Sergio Parisse se sont révélés sous sa tutelle. Surtout, son amitié avec le demi d’ouverture Diego Dominguez a été l’un des ciments du grand Stade Français. Ensemble, les "Domi" ont remporté quatre championnats de France entre 1998 et 2004. 

"C'était un crack, confie Dominguez à RMC. C'était beaucoup plus qu'un bon joueur, c'était un énorme joueur. Il était phénoménal. On a passé beaucoup de temps ensemble sur le terrain, ça a renforcé notre amitié. C'était une amitié pour la vie." Dominici trouve un compagnon aussi borné que lui. Les deux hommes se chambrent, se poussent vers l’avant, entretiennent une compétition permanente entre eux. Jusqu’à régler leur compte, au pied, lors de la finale du Top 14 contre Perpignan en 2004. 

Christophe Dominici et Diego Dominguez sous le maillot du Stade Français en 2002 (EMMANUEL GRIMAULT / AFP)

"Je vais pour taper, Domi se met devant et claque un drop, raconte Dominguez à RMC, du haut de ses 983 points marqués avec l’Italie. Il me regarde et me dit : ‘Tu as compris comment il faut taper ?’ En pleine finale ! Je me dis 'Tu vas voir'. Trois minutes après, il me passe le ballon. C’était un drop qu’il ne fallait pas tenter, à 40 mètres, c’était pas possible. Evidemment, je le tente quand même, en pleine course, en tombant en arrière. Il passe je ne sais pas comment. Je le regarde et je lui dis ‘Tu as compris petit ?’ A chaque fois qu’on se voyait, on se rappelait cette anecdote."

L’Italie est également le pays de sa deuxième épouse, Loretta Denaro. La fin de son premier mariage, en 2000, avait plongé Dominici dans une dépression nerveuse. Il avait raconté sa souffrance et son hospitalisation dans son autobiographie, Bleu à l’âme, en 2007. Et évoqué le traumatisme permanent de la disparition de sa sœur ainée, alors qu’il avait 14 ans. Depuis, Christophe Dominici s’était reconstruit, avec Loretta et leurs deux filles, Chiara et Mya. Samedi, c’est aussi pour elles que les Bleus joueront. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.