Damian Penaud : "Je sens que la saison va être annulée"
Bonjour Damian, où êtes vous confiné depuis quatre semaines et comment allez-vous ?
Damian Penaud : "Je suis à Brive, je suis rentré voir mes parents, parce que durant la saison nous avons peu de temps en famille. Finalement ce confinement c’est aussi un mal pour un bien. J’essaie de m’occuper mais c'est tout le temps la même routine. Je me lève, je joue un peu à la console, je fais un peu de muscu, je vais courir. Malheureusement, je me suis un peu fait mal au pied hier donc je vais pas courir cette semaine. Je vais attendre que ça passe, parce que du coup je ne peux pas faire de soin, mais je continue de m’entretenir comme je peux."
Comment se passe le retour chez vos parents ?
DP : "Ça se passe plutôt bien ! C’est vrai que je n’ai pas eu l’occasion de rester autant de temps avec eux et ça fait plaisir de passer des moments en famille : parler avec eux et être ensemble. On s’occupe, on fait un peu de cuisine, des choses du quotidien sans surprise. Je pense que tout le monde en est au même point."
Par rapport au confinement, avez-vous des techniques pour éviter de penser que vous êtes enfermé ?
DP : "Sincèrement, le moment le plus agréable c’est quand je sors dans mon jardin. Je peux profiter du soleil quand il fait beau, je suis à l’air libre. Après je n’ai pas d’activité en plus, j’essaie de faire ma routine en muscu, gainage, course et selon les jours de la semaine, j’alterne le programme. Le mieux c’est d’avoir un peu de terrain, un peu d’espace. J’ai la chance d’être confiné à Brive dans la maison de mes parents où il y a un jardin, ça facilite l’organisation et les conditions du confinement. Nous avons un petit préau de 45m2 où je peux installer mes appareils de muscu. Donc c’est beaucoup plus simple."
Votre papa* est-il devenu votre coach personnel ?
DP : "Non (rires], justement il n’est pas coach mais on fait souvent les exercice ensemble. En règle général quand il travaille, le midi il va courir et il n’a pas lâché la muscu. Alors, tous les jours depuis que je suis arrivé, il me suit ou inversement pour faire du sport. Il vient souvent avec moi et on fait les séances à deux. C’est plus agréable de les faire ensemble parce qu’on peut s’aider et se motiver. Avec le rugby, on avait l’habitude d’être tous les jours avec nos coéquipiers, de s’entraîner ensemble et de s’aider. Forcément là, quand tu te retrouves tout seul, enfermé chez toi c’est compliqué de trouver la motivation pour faire de la muscu ou pour aller courir. C’est un plus d’avoir quelqu’un avec qui tu partages ces moments là, c’est une évidence, mon père m’aide beaucoup."
Comment vivez-vous l’éloignement des terrains et la distance avec vos coéquipiers du XV de France et de Clermont ?
DP : "Avec les autres joueurs on se voit tous les jours, donc ça fait du bien de couper un peu. Après, les terrains me manquent, mais bon je pense qu’il y a une situation qui est assez préoccupante maintenant et il faut mettre notre ego de coté. Il faut penser aux autres plutôt qu’à la reprise de la saison et au rugby. Quand je me lève tous les matins et que je vois qu’il y a tant de mort ici, tant de mort là-bas, je me dis que le rugby pour le coup il faut le mettre de coté. Tous ces gens qui perdent des proches sont dans une situation tellement plus difficile et dure à gérer que la reprise du Top 14. Et puis au point où nous sommes, je pense que ça ne reprendra pas. Selon moi, même si le déconfinement arrivait vite, ça m’étonnerait que l’on puisse voir 20 000, 30 000 personnes dans les stades. Je n’y crois pas, donc honnêtement je pense que c’est mal embarqué."
Pour vous la saison de Top 14 est terminée ?
DP : "Je pense qu’il n’y aura pas de retour et que la saison sera annulée. Ça reste mon opinion, mais pour moi il n’y aura pas de suite. Je pense, par contre, que la suivante sera très longue. Nous allons devoir tous nous préparer et nous entretenir un minimum pour arriver en forme pour la prochaine saison."
Vous faites partie de ces athlètes qui participent à des ventes aux enchères aux profits des hôpitaux de France (les athlètes proposent des lots qui sont ensuite mis aux enchères). C’était important de vous engager pour ces Français en première ligne durant cette période ?
DP : "Oui, absolument. Nous avions à coeur de les remercier, de les encourager et de les aider surtout ! C’est gens là n’ont pas la même vie que nous, nous nous sommes des privilégiés. Nous ne pouvons que les remercier du travail qu’ils accomplissent aujourd’hui. Avec les clubs ou d’autres organismes nous essayons de faire au mieux pour les aider et je pense qu’ils auront encore besoin de nous tous. J’espère que ça durera le moins longtemps possible et qu’on arrivera à limiter ce nombre de décès."
Selon vous les sportifs ont un rôle à jouer pendant le confinement ?
DP : "Un rôle, je ne sais pas, mais nous essayons de véhiculer un maximum d’informations sur nos comptes et réseaux sociaux parce qu’on a la chance d’être suivis par beaucoup de personnes qui peuvent voir nos posts. Nous essayons tous d’apporter notre pierre à l’édifice et de pouvoir justement aider les gens à rester chez eux. C’est pas compliqué à faire, mais malheureusement il y a encore des gens dehors, ils en ont marre alors à nous aussi de les aider en essayant de poster des messages pour leur dire de faire attention et de respecter les règles."
Avez-vous déjà pensé à la première chose que vous ferez après le confinement ?
DP : "Euh... (rires). Comme tout le monde je vais aller boire des canons. Non je rigole ! La première chose que je ferai c’est sans doute de sortir de chez moi, aller boire un café, faire les boutiques avec les copains. La vraie vie quoi ! Il faudra profiter des gens qui sont proches de nous, sortir et penser à autres choses que notre confinement."
*Le père de Damian Penaud, Alain Penaud, est un ancien joueur international français au poste de demi d’ouverture dans les années 1990
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