Voeckler parmi les grands
Beaucoup se demandaient si Thomas Voeckler porterait encore son maillot jaune à la sortie des Pyrénées. Les plus optimistes, c'est à dire ceux qui croyait que le Français le conserverait pour une poignée de secondes, sont finalement loin du compte. Le coureur Europcar a traversé la haute montagne sans quasiment rien perdre de son avance initiale ! Thomas Voeckler le doit à son talent, à son équipe, à son mental mais aussi, il faut bien l'avouer, à la faiblesse relative de l'adversité. Entre des Schleck ne sachant pas sur quel pied pédaler, des Evans et Basso toujours aussi passifs et un Contador trop juste pour espérer faire autre chose que défendre, Voeckler a habillement tiré les marrons du feu. Au vu de sa démonstration du jour, il peut désormais revoir ses ambitions à la hausse.
Comme prévu, la course se décante dès les premiers hectomètres. Sous l'impulsion d'un Sylvain Chavanel déterminé, la première offensive est la bonne : ils ne sont pas moins de 18 coureurs à se joindre aux effort du champion de France : Linus Gerdemann, Jens Voigt (Leopard), Bauke Mollema, Luis Leon Sanchez (Rabobank), David Millar (Cervelo), Rémy Di Gregorio (Astana), Maxime Bouet, Christophe Riblon (Ag2r), Sandy Casar, Arthur Vichot, Mickael Delage (FDJ), Manuel Quinziato (BMC), Kristjan Koren (Liquigas), Anthony Charteau (Europcar), Egor Silin (Katusha), Xabier Zandio (Sky), Julien El Fares (Cofidis), Marco Marcato (Vacansoleil). L'échappée a de l'allure, certes, mais elle doit se délester de ses éléments les plus faibles. Le col de la Core, classé en première catégorie, remplit son rôle puisqu'à sa sortie le groupe de fuyards implose.
Voeckler en patron
Auteurs d'une descente supersonique, les Français El Fares et Casar, rejoints par Millar, prennent quelques longueurs d'avance. Le Britannique cède peu à peu du terrain et se fait remplacer numériquement par Riblon. La perspective d'une victoire d'étape française ne fait pas long feu car le trio tricolore, à la peine dans le col d'Agnes (1ère catégorie), se fait progressivement rejoindre par Voigt, Di Gregorio, Charteau, Silin, Zandio, Izagirre, Gerdemann, Chavanel, Quinziato, Perez Moreno, Da Costa et Marcato. Derrière, les Leopard de la fratrie Schleck durcissent le tempo et les plus entamés payent cash leurs récents exploits : c'est le cas de Hushovd et de Roy, les héros de la veille, irrémédiablement distancés. Les sprinteurs, eux, galèrent à l'image d'un Cavendish aux aboies. Même Philippe Gilbert, pourtant à son avantage dans les hauts pourcentages ces derniers jours, s'affaisse. Bien encadré par ses coéquipiers d'Europcar, Thomas Voeckler reste droit comme un i sur ses pédales et ne montre aucun signe de faiblesse.
Devant, inspiré par son coéquipier chez Euskaltel Samuel Sanchez vainqueur à Luz-Ardiden, Gorka Izagirre se fait la belle dans la descente et s'en va pour un sacré numéro en solo. Tout le contraire de Jens Voigt qui tire tout droit dans un virage et se retrouve dans les fourrés avant de rechuter quelques centaines de mètres plus bas. Quand la confiance n'est plus là... Plus de peur que de mal néanmoins pour l'Allemand. Hélas aussi pour le jeune Basque, le dernier plat avant l'ascension du plateau de Beille lui est fatal et le coureur Euskaltel est repris par la meute. Les attaques se multiplient au sein de celle-ci, Chavanel tente encore sa chance, toujours sans réussite. Le véritable coup de feu est signé Sandy Casar qui part seul comme un grand.
Les pétards mouillés d'Andy Schleck
Le peloton maillot jaune est lui revenu comme une flèche sur les échappés du jour qui ne possèdent plus que deux minutes d'avance au pied de la dernière difficulté du jour, et quelle difficulté Et c'est parti pour la terrible ascension du Plateau de Beille et ses 15,8 km à 7,9% ! Les coureurs décrochent par grappes entières au fil de la montée et laissent les gros bras s'expliquer. La première escarmouche porte la griffe d'Andy Schleck. Sans conséquence. La seconde fait davantage mal mais Alberto Contador, la cible du Luxembourgeois, parvient à suivre, tout comme un fabuleux Thomas Voeckler. C'est même le maillot jaune qui s'occupe personnellement d'aller chercher le cadet Schleck sur sa troisième tentative et qui ramène l'Espagnol, Frank Schleck, Evans, Basso, Cunego et compagnie. Devant cet attentisme où chacun se regarde en chien de faïence, c'est Jelle Vanendert qui profite de l'apathie pour se détacher et reprendre Casar. C'est fini, on ne reverra plus le Belge.
Samuel Sanchez, vainqueur à Luz-Ardiden devant Vanendert, bénéficie d'un bon de sortie pour grappiller la deuxième place et faire la même arrivée mais à l'envers. Les dernier kilomètres ne changent rien entre des cadors qui n'en ont que le nom. Personne n'a essayé, ou personne n'a pu placer l'accélération décisive tant et si bien que l'on se prend à rêver d'une place sur le podium à Paris pour Thomas Voeckler. Si ce n'est mieux.
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