Cet article date de plus de douze ans.

Un Tour attendu aussi nerveux qu'en 2011

Si le parcours de la Grande Boucle 2012 semble davantage convenir à Cadel Evans (BMC) et Alberto Contador (Saxo Bank) qu'aux frères Schleck (RadioSchack), tous redoutent le début de l'épreuve: "Les premières journées seront très nerveuses comme l'année passée", estime Andy Schleck. "C’est un tracé accidenté où les organisateurs ne veulent pas des étapes monotones. Je pense qu’ils n’en auront pas", ajoute Stéphane Augé, directeur sportif chez Cofidis.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 10 min
 

Andy Schleck (RadioShack-Nissan-Trek en 2012): "Les premières journées seront très nerveuses comme l'année passée. Ensuite, il y a 25 cols, contre 23 cette année, et beaucoup de contre-la-montre. Bien sûr, je préfèrerais avoir une montagne de plus et un contre-la-montre de moins. Mais je ne suis pas déçu, je prends les choses comme elles sont. Je suis en train de travailler sur le 'chrono'. J'ai le meilleur entourage possible, surtout dans le domaine du contre-la-montre. Il faudra rouler offensif dès les premières étapes. Dans l'intérêt des coureurs et du public qui n'aime pas les courses d'attente. Si on attend, on perdra..."

Philippe Gilbert (BMC en 2012): "Il y a de belles possibilités à Seraing et à Boulogne. Mais, l'an prochain, je serai dans l'équipe du vainqueur sortant. L'objectif sera de gagner le Tour avec l'équipe. Je viens d'en parler avec Cadel (Evans). J'aimerais l'accompagner dans les étapes de montagne, ce que je n'ai jamais fait. Avec une bonne préparation et une bonne connaissance du terrain, je peux l'aider assez loin. On va essayer de mettre au point nos agendas pour pouvoir être ensemble sur les reconnaissances."

Contador fait l'impasse sur le Giro

Alexandre Vinokourov (Astana): "Le Tour est toujours difficile. Une carte, c'est une chose, le terrain en est une autre."

Sylvain Chavanel (Omega Pharma-Quick Step): "Il y a beaucoup de moyenne montagne mais avec des forts pourcentages. Avec autant de nouveautés, il faudra faire pas mal de reconnaissances. Pour moi, qu'importe le parcours, j'aime le Tour. Même si je n'ai pas en vue le classement général. Je reste dans mon rôle de baroudeur."

Frank Schleck (RadioShack-Nissan-Trek): "Le Tour de France est fait pour créer du suspense, c'est un très, très beau parcours car les grands leaders vont être obligés d'attaquer davantage. Ca va être très intéressant à voir. Les contre-la-montre, ce sera bon pour le suspense. Je ne le vois pas négativement. Il faudra aller reconnaître les parcours. Les grands leaders vont devoir encore plus attaquer dans la montagne et prendre leurs responsabilités. Il y a plus de montagne que l'année passée, il y a 25 cols et en 2011 seulement 23. Il ne faut pas oublier que c'est une course à étapes qui dure trois semaines donc ça va être costaud et musclé ! (Avec son frère Andy, 2e en 2011) on a encore des choses à faire, on n'a pas dit notre dernier mot. On va relever le défi face à Cadel et on va essayer de le battre. Faire 2e et 3e l'an dernier, c'était déjà formidable, un rêve. Maintenant, on n'a pas encore fini notre carrière. Et on a une équipe qui va être très très forte."

Alberto Contador (ESP/Saxo Bank): "C'est un parcours qui favorise le vainqueur de l'an passé, Cadel Evans. Ce sera une course qui sera plus portée sur l'attaque, ce qui n'est pas plus mal. Il faudra voir lors des étapes de montagne, même si elles ne sont pas aussi spectaculaires que les autres années. Il faudra tenter de profiter du type de terrain pour faire la différence. Il y aura des coureurs comme les frères Schleck par exemple qui essaieront de faire la différence en pensant au contre-la-montre final avant tout. Ce profil n'est pas tellement pour un grimpeur mais davantage pour un coureur plus complet, et aussi spécialiste des contre-la-montre. En 2007, il y a eu quasiment 120 km de contre-la-montre et je n'ai pas pu lutter avec mes capacités dans ce domaine. Il est possible que je courre le Tour de France et d'Espagne mais ce n'est pas sûr encore. Je n'irai pas au Giro même si le parcours est bon, car cette année je souhaite miser sur le Tour. Je n'y vais pas dans l'esprit de revanche, j'y vais pour courir et on verra."

Bjarne Riis (manager Saxo Bank): "Ce parcours n'est pas mal pour Alberto (Contador). Des contre-la-montre, des nouvelles ascensions, c'est bien... Quand la pente dépasse 10 pour cent, c'est quelque chose d'autre. Alberto a gagné trois Tours de France déjà, il a les qualités pour en gagner un quatrième. C'est un beau parcours aussi pour Cadel Evans. Le Tour promet d'être intéressant, les Schleck devront attaquer."

Johan Bruyneel (manager RadioShack-Nissan-Trek): "Je suis plus optimiste qu'en entrant dans la salle. Je ne suis pas nécessairement très content mais je n'ai pas la sensation que c'est mission impossible. L'avantage pour Andy Schleck, c'est qu'il ne sera pas le grand favori et qu'il n'aura rien à perdre. Ce sont deux conditions nécessaires pour réussir un coup... Sur un parcours pareil, on peut tenter quelque chose de grand. Après, ça réussit ou pas ! C'est un bon Tour pour Alberto (Contador). Chez les favoris, il n'y a qu'Evans qui soit mieux que lui dans les contre-la-montre, et encore pas toujours."

Beaucoup de pièges pour Lavenu

Stéphane Augé (directeur sportif Cofidis) : "C’est un tracé accidenté où les organisateurs ne veulent pas des étapes monotones. Je pense qu’ils n’en auront pas, avec des bordures à prévoir, quelques étapes de sprinteur mais aussi ouvert aux baroudeurs. C’est un parcours de plus en plus dur, avec des Alpes très accidentées, des étapes courtes, nerveuses, avec donc des départs très rapides et des Pyrénées avec des cols relativement durs et proches de l’arrivée. Le peloton risque d’être aussi nerveux qu’en 20111, avec des étapes pièges en début de Tour, avec du vent, de petites côtes. Il y aura quelques similitudes avec le Tour 2011, mais ce qui changera, ce sont les contre-la-montre avec plus de 100km. Ceux qui veulent battre Cadel Evans vont devoir attaquer de très loin. Les baroudeurs ne devront pas faire de complexes car il y aura beaucoup d’étapes à gagner. On pourrait très bien avoir des surprises comme Thomas (Voeckler) a pu le faire cette année, avec une échappée qui va au bout, les grosses équipes qui en laissent partir une. Ce parcours avantage Cadel Evans. Les contre-la-montre vont l’aider, et comme il grimpe bien, et qu’il a la plus grande équipe autour de lui. Mais les frères Schleck vont dans une équipe où leur directeur sportif connait très bien la musique, ce qui peut faire pencher la balance. Il y aura du beau spectacle, mais je mets Cadel un peu au-dessus des autres."

Vincent Lavenu (manager d’AG2R-La Mondiale): "Je le découvre maintenant. J’aurais pu le voir avant mais j’ai volontairement préféré attendre. Je voulais avoir le plaisir de le découvrir ici, au Palais des Congrès, avec tout le monde. C’est un tour qui, à mon avis, est un peu moins montagneux que les autres années. Il y a néanmoins beaucoup de pièges de montagne intermédiaire qui peuvent dynamiser la course. Je pense qu’il manque une étape de montagne prestigieuse en plus des deux au programme (Albertville-La Toussuire et Pau-Bagnères de Luchon). C’était peut-être une volonté de la part de l’organisation de préférer faire découvrir de nouveaux cols. On remarque également qu’il y a beaucoup de contre-la-montre. Du coup, Cadel Evans est ravi, les frères Schleck nettement moins. Il faudra maintenant voir le résultat de tous ces choix. Pour ma part, je pense que cela va être un Tour de France très dynamique et où il faudra se méfier de quelques étapes piégeuses."

Priorité au maillot jaune d'Evans pour Lelangue

Alain Gallopin (directeur sportif de RadioShack-Nissan-Trek) : "C’est le Tour de France et quelque soit le parcours, la course est toujours difficile, intéressante et nerveuse. Personnellement, avec les frères Schleck, je peux regretter qu’il n’y ait pas trois-quatre jours de suite dans les Alpes car on sait bien que c’est le terrain où Andy s’exprime le mieux. Maintenant, on va devoir faire avec. Vous savez, je ne fais jamais trop de commentaires sur le parcours car c’est toujours la course qui décide. On l’a bien vu cette année avec les chutes et tous les autres aléas. Nous étions arrivés avec une grosse équipe et, au final, on n’a rien fait. L’an prochain, je pense vraiment que si Alberto Contador est là, ce sera l’adversaire numéro 1. Il faut bien garder en tête que c’est le seul à avoir gagné trois Tours ici."

John Lelangue (manageur BMC): "Ce tracé convient plutôt bien à notre équipe en général, et à Cadel (Evans) en particulier. On a quelques mois pour s’adapter. On va l’analyser, mais c’est un beau parcours, bien proportionné, avec un bon prologue, de belles étapes de montagne, des cols mythiques et quelques étapes pièges, avec du vent, en bord de mer. Je pense qu’on va pouvoir faire du bon travail. Chaque semaine est intéressante sur le Tour. La première en fait partie et il ne faut jamais la sous-estimer. Il faut se préparer à faire une belle approche sur ce Rhin, sur les monts du Boulonnais, sur la côte en quittant Abbeville. Ces étapes pièges ne sont sûrement pas des étapes de transition, même si elles sont parfois des étapes de sprinteur. Il faut être vigilant car le Tour peut se perdre à chaque kilomètre. On a une flèche gagnante pour le maillot jaune (Cadel Evans), et cela reste notre priorité de revenir à Paris avec ce maillot, et il y a une flèche plus pour les étapes (Philippe Gilbert), qu’on jouera stratégiquement. La première semaine du Tour convient bien à Philippe. Il y aura quelques opportunités. L’objectif n’a pas changé depuis qu’on a engagé Cadel voici deux ans. C’est la priorité numéro 1. Mais il faut construire également une équipe à ses côtés pour faire le travail pour l’emmener jusque-là."

Yvon Ledanois (directeur sportif Movistar) : « Ce qui est attrayant, ce sont les étapes courtes, avec des montées inédites, ce qui va donner encore plus d’attrait à la course. Souvent sur des étapes de 230km, il ne se passe pas grand-chose lorsqu’il y a trois ou quatre cols. Sur des étapes de 150km, avec des montées inédites et courtes mais au pourcentage important, il peut se passer beaucoup de choses. On peut faire beaucoup plus de différences. La course va être encore un peu plus ouverte, plus piégeuse avec quelques étapes en bordure de mer qui ne seront pas à négliger. Il ne faut pas se concentrer que sur les étapes de montagne. Il y a de la place à côté pour faire d’autres choses. Sur le Tour, il n’y a pas de semaine de transition. Dès le prologue, il faudra être là. A nous de nous préparer en conséquence. Je connais l'étape du plateau des Belles-Filles, en plus on a un Christophe Moreau dans l’équipe qui nous a donné beaucoup d’infos. C’est une étape qui va être très dure. Je pense qu’elle peut faire beaucoup plus de dégâts sur un leader pas bien ce jour là que sur une étape de grands cols où on peut limiter les dégâts. Il n’y a pas la place pour limiter la casse, ce sont des montées à répétition, avec une arrivée à 15km de la dernière ascension. Movistar aura l’ambition de briller, avec notre leader Alejandro Valverde qui, d’après ce que j’ai vu, aura quelques étapes lui convenant très bien. Pour moi, Alberto Contador va gagner le Tour. Il aura à cœur de démontrer que ce Tour est fait pour lui. L’année dernière, il a fait un énorme Giro, et il arrivé un peu émoussé sur le Tour mais il s’est battu jusqu’au bout. Ce sera, je pense, sont objectif N.1, et il sera là et le gagnera. Quand il marche bien, il va très bien en contre-la-montre. C’est mon favori.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.