La saga Tom Boonen : pavés et cocaïne
Il était l’une des coqueluches du peloton international. Beau gosse, dit-on maintenant, le sourire « ultrabright », disent les plus anciens, la carrure de mannequin (1.92m) et la langue facile (français, flamand, anglais), Tom Boonen avait tout du coureur idéal. Face aux affaires de dopage, qui avaient fait tomber notamment la perle belge Franck Vandebroucke à la fin des années 90 et au début des années 2000, il semblait porter les espoirs de tout un pays. De tout un sport traumatisé par ces incessantes révélations. La chute a été d’autant plus rude.
En 2008, Tom Boonen vient de remporter son deuxième Paris-Roubaix, au sprint devant le rouleur Cancellara. Il est au sommet. Il a 27 ans. Mais le 10 juin 2008, c’est la chute. La presse belge annonce un contrôle antidopage positif du chouchou du plat pays. Fin mai, lors d’un test hors-compétition, des traces de cocaïne ont été trouvées dans ses analyses. En avril, Vandenbroucke avait été cité comme consommateur de cocaïne. Pour l’un, c’était la suite des ennuis. Pour l’autre, le début.
VIDEO : Tom Boonen décroche son 2e Paris-Roubaix
« Je ne suis pas parfait et je devrais en accepter les conséquences », avait alors déclaré Boonen lors d’une conférence de presse. La première conséquence tombe rapidement : le Tour de France refuse son engagement, comme le Tour de Suisse. « Tom Boonen est un grand champion mais un grand champion doit être exemplaire », justifie alors Christian Prudhomme, le patron du Tour. L’ancien vainqueur belge de la Grande Boucle, Lucien Van Impe, avait également lâché son compatriote : « Ce n’est pas permis pour un sportif de haut niveau. C’est le énième coup sur la tête que doit gérer le sport cycliste. C’est stupide, se faire prendre pour cocaïne. »
Cela pouvait ressembler à un avertissement. Sérieux. Sans droit au retour. Sauf que le contrôle a eu lieu hors compétition, ce qui lui évite une suspension. Et la justice de son pays estime que la médiatisation de cette affaire est suffisante comme sanction. Du coup, il met toute son énergie pour redorer son blason. Il rafle six étapes, dont deux sur la Vuelta sur cette fin de saison. Au début de 2009, « Tornado Tom » poursuit sa mission rédemption, toujours dans l’équipe Quick-Step alors que la rumeur l’annonçait dans la formation française Bouygues Télécom. Un succès au Tour du Qatar, un autre sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne, et Paris-Roubaix s’approche.
Sur la terre qui l’a déjà consacré deux fois, il a faim. A 45km de l’arrivée, il fait partie d’un groupe de costauds, avec notamment Pozzato, Hushovd, Flecha et Vansummeren, tous candidats à la victoire finale. Le sort fait basculer la course : une glissade de Flecha entraîne deux hommes au sol, et retarde Pozzato. Hushovd accélère, Boonen le contrôle, mais sur le secteur pavé du Carrefour de l’Arbre, lieu mythique de la course, le Norvégien accroche une banderole publicitaire et chute. Seul devant, Tom Boonen doit tenir 15km, ce qu’il fait. En costaud. En solitaire. On est le 12 avril, le Belge soulève son 3e Pavé de vainqueur. Il est le premier, depuis Gilbert Duclos-Lassalle (1992-1993) à réaliser un doublé.
VIDEO : Le 3e pavé pour Tom Boonen
Un retour au premier plan, avant un retour en enfer. Dix jours après, il subit un nouveau contrôle positif à la cocaïne. Toujours hors compétition. Cette fois, il avoue sa dépendance à l’alcool, et son manque de contrôle sur ses actes lorsqu’il est dans un état second. Comme douze mois avant, les organisateurs du Tour de France ne veulent pas de lui. Cette fois, son équipe Quick-Step, qui l’avait suspendu après le contrôle positif, insiste en allant devant la justice sportive, et la Chambre arbitrale du sport du CNOSF lui donne raison à la veille du départ. Cela ne lui porte pas chance. Le soir de la 15e étape, il abandonne.
En quatre éditions avant 2008, Tom Boonen avait remporté six étapes, porté le maillot Vert sur les Champs Elysées ainsi que le maillot jaune. Depuis, plus rien lors des deux Grandes Boucles (2009-2011) courues. Mais sur les pavés du Nord, il s’est maintenu en haut de l’affiche. Malgré tout.
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