Cet article date de plus de douze ans.

Boonen réalise la passe de trois sur le Tour des Flandres

Tom Boonen (Omega Pharma) est entré dans l'histoire du Tour des Flandres en s'imposant pour la 3e fois. Jamais pris en défaut par les attaques de ses rivaux, le Belge a attendu le sprint pour faire la différence. Il devance à Audenarde les Italiens Filipo Pozzato et Alessandro Ballan. Favori sur les routes flandriennes, Fabian Cancellara a chuté lors d'un ravitaillement et s'est fracturé la clavicule. Il sera forfait pour Paris-Roubaix dimanche prochain.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 8 min
Boonen encore vainqueur sur le Tour des Flandres (DIRK WAEM / BELGA MAG)

16 monts, 22 km de pavés et un nouveau Lion des Flandres. Programmé pour gagner après ses succès sur l'E3 et Gand-Wevelgem, Tom Boonen n'a pas flanché. Patiemment il a attendu son heure et un sprint royal avec Pozzato et Ballan. "Je n'avais pas un bon feeling aujourd'hui. C'est incroyable d'avoir gagné. Je me sentais un peu fatigué, a avoué le Belge. J'ai préféré attendre le sprint car je n'étais pas certain de pouvoir gagner en solo." Pour Tom Boonen, ce 96e Tour des Flandres s'est d'abord joué dans un ravitaillement anodin. Grandissime favori, Fabian Cancellara y a vu sa course et son printemps s'effondrer sur une mauvaise chute. "Je l'ai vu tomber, juste à côté de moi, et j'ai failli faire de même, a expliqué le champion de France Sylvain Chavanel. Il y avait des bidons sur la route. Il a fait un vol plané assez impressionnant. Pas de chance". De longues minutes assis sur le bitume, le Suisse se tenait la clavicule. Un signe qui ne trompe guère (ndlr : une triple fracture sera diagnostiquée). Entouré de ses équipiers et son directeur sportif, "Spartacus" a rendu les armes avant les juges de paix du vieux Quaremont et du Paterberg.

Les recordmen du Tour des Flandres
Achille Buysse (BEL): 1940, 1941 et 1943
Fiorenzo Magni (ITA): 1949, 1950 et 1951
Eric Leman (BEL): 1970, 1972 et 1973
Johan Museeuw (BEL): 1993, 1995 et 1998
Tom Boonen (BEL): 2005, 2006 et 2012

Devant, un groupe d'une dizaine de coureurs dont le Français David Boucher s'était détaché. Mais Voeckler puis Chavanel déclenchaient les hostilités à moins de 60 km de l'arrivée. Le poitevin accélérait au plus fort de la pente du Vieux Quaremont. Son accélération faisait mal au peloton qui explosait. Avec Terpstra, "Chava" n'était que la rampe de lancement de Tom Boonen qui évitait une chute de Vansummeren dans les barrières au pied du Paterberg. Le vainqueur de Paris-Roubaix 2011 bloquait plusieurs coureurs sur les pavés dont Philippe Gilbert, toujours en petite forme. Il n'était plus que onze en tête (Chavanel, Boonen, Terpstra, Sagan, Ballan, Jérome, Paolini, Guarnieri, Tosatto, Flecha et Vanmarcke).

A 28 km de l'arrivée, le Mayennais Vincent Jérome (Europcar) se lançait seul dans un raid. Un petit écart se formait. 20 secondes maximum avant de voir Terpstra lancer la chasse avec Chavanel. Les Omega Pharma ne voulaient pas laisser le moindre espace quitte à sacrifier un coureur. Le groupe faisait la jonction mais le peloton aussi juste avant la dernière boucle Vieux Quaremont – Paterberg. C'était l'heure des costauds. Ballan mordait les pavés, suivi de près par Pozzato et Boonen. Les deux sprinteurs revenaient à toute vitesse, formant un trio royal pour le l'arrivée. Comme en 2005 et 2006, Boonen était le plus rapide en résistant à Pozzato, Ballan n'ayant pas pu lutter au sprint. Poussé dans ses derniers retranchements, le Belge n'avait pas le temps de lever les bras mais entrait dans l'histoire avec trois victoires au compteur. Il rejoignait au palmarès les quatre autres coureurs détenteurs du record des victoires (Buysse, Magni, Leman, Museeuw).

Pour l'honneur, Greg Van Avermaet réglait le sprint du peloton pour la quatrième place devant le Slovaque Peter Sagan. Thomas Voeckler (8e) et Sylvain Chavanel (10e) prenaient eux de précieux points World Tour pour leur équipe. Boonen a lui décroché le jackpot avec la place de N.1 mondial devant Simon Gerrans, le vainqueur de Milan - Sanremo. Dimanche prochain, il sera l'homme à battre de la reine des classiques, Paris – Roubaix.

Tom Boonen (BEL/Omega Pharma), vainqueur: "J'avais un peu peur d'emmener les deux Italiens dans le final, j'avais des problèmes de dérailleur, je n'arrivais pas à passer les vitesses et surtout je m'attendais à ce qu'ils démarrent à tour de rôle. Mais le vent a été mon allié. C'était très dur de rouler seul sur les 8 derniers kilomètres. Le record des victoires, c'est la cerise sur le gâteau, ça ajoute à ma joie. Se retrouver à côté de noms qui sont entrés dans l'histoire de cette course... Cette saison, je savais que je pouvais égaler ou battre pas mal de records. Alors, gagner trois fois la course qui est ma préférée d'entre toutes... J'ai retrouvé cette année la confiance dans mon sprint. Depuis le début de la saison, il ne m'a pas laissé tomber. J'ai gagné pas mal et la confiance est revenue. Paris-Roubaix ? ce serait fantastique de gagner après avoir remporté le GP E3, Gand-Wevelgem et le Tour des Flandres. Je vais essayer. C'est une course qui me convient mieux que le Tour des Flandres. Cancellara ? c'est regrettable, on ne souhaite ça à personne. La course aurait certainement été différente avec lui."

Filippo Pozzato (ITA/Farnese Vini), 2e: "J'ai fait tout ce que je pouvais mais j'ai eu du mal dans ce sprint lancé presque arrêté. Tom (Boonen) a montré qu'il était plus explosif. Aujourd'hui, cela pouvait être ma journée. Pour user Boonen, j'ai dit à Alessandro (Ballan) que s'il attaquait, je ne chercherais pas à le reprendre. Mais Boonen était le plus fort. J'ai eu l'impression qu'il était un peu en difficulté dans les dernières montées mais il n'y a rien eu à faire. Je suis content parce que peu de personnes croyaient que je pouvais être compétitif pour les Flandres (après sa fracture de la clavicule du Tour du Qatar). J'ai montré à tous les journalistes qui continuent à me critiquer gratuitement, et pas seulement à eux, que quand une équipe me fait confiance, je donne tout. La chute de Cancellara ? Il s'est retrouvé par terre à cause de quelques coureurs idiots, qui ne font pas attention. Il y a beaucoup d'inconscients dans le peloton ! Cette chute a changé la course. Paris-Roubaix ? J'arriverai motivé et en forme. Même si je suis encore plus conscient qu'il est difficile de sortir Tom de la roue."

Alessandro Ballan (ITA/BMC), 3e: "J'étais le moins rapide du trio, j'ai donc essayé d'anticiper le sprint mais Boonen a toujours réagi. Après une semaine très difficile, je suis très content de ce podium. Si Cancellara n'avait pas été mis hors jeu, nous nous serions retrouvés à quatre devant et la course aurait pu prendre une autre tournure. Je pense avoir fait une belle course."

Philippe Gilbert (BEL/BMC), 75e: "Ce n'était pas évident de savoir la tactique à adopter. Ballan se sentait très fort, moi ce n'était pas encore ça, c'est pour cela que j'ai décidé d'attaquer avec Leukemans. Je n'étais pas trop mal. J'espérais jouer un peu plus près des meilleurs quand même. Cancellara ? il est tombé juste devant moi, il a roulé sur un bidon et il a atterri sur l'épaule. Le nouveau parcours ? les monts sont presque trop durs, c'est juste avant ou juste après que la différence se fait, ça donne plus une course d'attente. Sous la pluie, ce sera extrêmement difficile."

Thomas Voeckler (FRA/Europcar), 8e: "On a essayé d'être un peu acteur, sans faire n'importe quoi. J'ai essayé de limiter la casse et d'aller faire une place ensuite. Je suis assez content d'avoir été là où j'étais. Ce serait prétentieux de ma part de prétendre que j'aurais pu faire mieux. J'ai fait une place dans les 10 premiers. Ca fait longtemps que j'avais envie de faire un classement sur cette course. Vincent Jérôme a attaqué dans les 25 derniers kilomètres. En dehors de Gand-Wevelgem, on a fait une assez belle campagne belge. Il reste le GP de l'Escaut et Paris-Roubaix pour les garçons qui les font, en vue de parachever tout ça. J'ai eu une grippe à la sortie de Paris-Nice et ça m'a plombé douze jours. Il n'y a qu'à la veille du GP E3 que j'ai recouvré vraiment la santé. Pour moi qui ai besoin de compétition pour trouver le rythme, ça s'est avéré assez compliqué. Par conséquent, je suis content des sensations que j'avais aujourd'hui."

Sylvain Chavanel (FRA/Omega Pharma), 10e: "On était très mal parti avec cette grosse échappée sans quelqu'un de chez nous, on a su rétablir un scénario en notre faveur. J'ai commencé à faire une accélération dans le Vieux Quaremont, ça a fait une sélection. Après la chute de Cancellara, il y a eu un moment de flottement, ça a a reporté un peu plus le poids de la course sur nous. C'est super de gagner avec Tom (Boonen) aujourd'hui, ce n'est jamais facile d'assumer ses responsabilités. On est trois dans les dix premiers, plus la victoire, c'est plus que formidable. Aujourd'hui, c'étaient vraiment les plus forts devant. Je n'ai pas de regret, j'ai apporté ma pierre à l'édifice. La troisième fois sur le Paterberg, c'était vraiment difficile, j'étais complètement arrêté."

1. Tom Boonen (BEL/Omega Pharma), les 255 km en 6 h 04:33.
2. Filippo Pozzato (ITA/FAR) m.t.
3. Alessandro Ballan (ITA/BMC) m.t.
4. Greg Van Avermaet (BEL/BMC) à 38.
5. Peter Sagan (SVK/LIQ) 38.
6. Niki Terpstra (NED/OPQ) 38.
7. Luca Paolini (ITA/KAT) 38.
8. Thomas Voeckler (FRA/EUC) 38.
9. Matti Breschel (DEN/RAB) 38.
10. Sylvain Chavanel (FRA/OPQ) 38.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.