Tour de France : Caleb Ewan, la fusée insatiable
Sisteron a été le théâtre du lancement d’une fusée ce lundi. Alors qu’une bonne dizaine de coureurs avaient déjà bien entamé leur effort, déjà épuisés par l'acide lactique, Caleb Ewan a déboulé sur la droite de la route, son corps engoncé dans le guidon, pour coiffer tout le monde sur la ligne. Parti de loin, l’Australien a montré ses talents d’équilibriste et son sens du timing pour donner la leçon aux Sam Bennett, Peter Sagan et consorts.
Equilibre et aérodynamisme
Taciturne et discret jusqu’à sa propre carrure (1m65), écrasée au milieu de colosses élancés, Ewan n’est pas non plus le nom le plus ronflant du peloton. Mais il ne cesse de rappeler que sa place est dans la cour des grands. A Sisteron, il a tout simplement remporté son 4e succès sur le Tour de France en deux éditions ; sachant que 2020 ne fait que commencer.
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Ni extatique ni bavard à l’arrivée, le sprinteur de la Lotto Soudal semble presque tombé dans une routine, lui qui, à 26 ans, a déjà remporté 8 étapes sur les grands tours, dont 3 sur le Giro (2017, 2019) et une sur la Vuelta (2015). “Je vais essayer de faire mieux que l’an dernier, c’est-à-dire gagner plus et gagner encore sur le Tour de France. Quand tu es sprinteur, tu en veux toujours plus”, disait-il en début d’année dans les colonnes de Cyclingnews.
Nul doute que Caleb Ewan ne se contentera pas de cet unique succès sur la Grande Boucle 2020. S’il veut faire mieux que l’an dernier, il devra surpasser ses trois victoires à Nîmes, Foix et sur les Champs-Elysées. Et tout est une question de victoires. Pour l’instant, il ne s’est pas montré très impliqué dans la lutte pour le maillot vert, ne disputant aucun des sprints intermédiaires depuis samedi. Il s’est même complètement désintéressé de la 2e étape, la terminant en dernière position, sûrement pour économiser ses forces pour ce lundi.
La victoire sinon rien
L’Australien devrait en faire de même ce mardi, en attendant patiemment l’emballage final attendu à Privas lors de la 5e étape. Il espérera sans doute des conditions similaires à celle de Sisteron : un vent de face qui freinerait les plus gros gabarits et surtout un sprint décousu sans grosse équipe pour le dominer. Car Ewan a déjà perdu son lanceur John Degenkolb et un autre coéquipier de luxe, le Belge Philippe Gilbert.
Si leur absence n'a pas encore été ressentie, Caleb Ewan aura forcément besoin d'alliés dans le final des étapes pendant trois semaines, lui qui insistait encore en début d'année sur ses difficultés à terminer un grand tour. Le seul qu'il a réussi à couvrir intégralement est justement le Tour de France 2019. Plus largement, l'Australien a quelques problèmes de régularité.
Il n'est pas l'un des sprinteurs les plus fiables du peloton dans le sens où il lui arrive régulièrement d'être totalement absent d'une course dans laquelle il est particulièrement attendu. Sur Milan-San Remo par exemple, sa 2e place en 2018 a été suivie d'une pâle 29e place puis d'une très décevante 113e position. Le coureur lancé par Orica-GreenEdge connait quelques trous d'airs, mais c'est aussi pour sortir de sa boîte avec plus de panache, comme un deus-ex machina délesté de ses roulettes.
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