Tour de France 2021 : Le Mont Ventoux de retour, et plutôt deux fois qu'une
Mythique. Mystique. Mythologique. Les adjectifs manquent pour décrire le Mont Ventoux. De fait, aucun qualificatif ne saurait véritablement retranscrire ce qu’est le Géant de Provence quand on ose le défier assis sur une selle, les mains sur le guidon. "C’est atypique. Il n’y a pas deux montées comme ça. Certaines se ressemblent, certaines sont plus pentues, plus longues. Il y a des cols plus durs que le Ventoux, mais des plus mythiques, il y en a peu", pose Thomas Vœckler. "Sur le Tour, le Ventoux a une histoire à part, au même titre que l’Alpe d’Huez. Quand on est cycliste on se doit de monter le Ventoux une fois dans sa vie", approuve Yoann Offredo. Le 7 juillet prochain, ce n’est pas une fois, mais bien deux fois que le peloton gravira le mont Ventoux à l’occasion de la 11 étape du Tour de France 2021.
5000 m de dénivelé positif
Au départ de Sorgues, et après trois jours dans les Alpes, le peloton s’élancera donc dans une double ascension inédite du Géant de Provence, col hors catégorie par excellence, apparu sur la Grande Boucle en 1951, mais plus depuis 2016 et son arrivée abaissée au Chalet Reynard à cause du vent. Après 199km, les coureurs arriveront à Malaucène avec près de 5 000 mètres de dénivelés dans les jambes. Quand même. Avant d’aborder le Ventoux, le peloton pourra s’échauffer sur le col de la Liguière. Puis place aux choses sérieuses. La première ascension se fera par Sault : "C’est un versant rarement emprunté, parce que c’est le plus facile. Il va servir à user les organismes. Il n’y aura pas d’offensives des leaders à ce moment là", anticipe Thomas Vœckler. Les coureurs redescendront ensuite une première fois vers Malaucène, ville d’arrivée, avant de remonter sur le Ventoux par le versant de Bédouin, 21,6 km avec à 7% de moyenne avec des passages à 11% : "C’est le plus dur. Jusqu’au Chalet Reynard on est abrité du vent, mais c’est très raide. Ensuite ça l’est moins, mais on est totalement exposé au vent".
Une fois le Chalet Reynard passé, les coureurs entrent alors dans les paysages lunaires de ce mont Chauve qui culmine à 1910m. C’est là que les choses se compliquent vraiment : "Le principal ennemi du cycliste dans le Ventoux en plus de la pente, c’est le vent. Le final est très exposé. On est en Provence, pas dans les Alpes : donc la chaleur peut aussi être écrasante. L’altitude n’est pas spécifiquement importante mais on arrive sur des paysages où il n’y a plus d’arbre, plus rien". Les coureurs seront donc seuls face au Géant, avant de basculer une deuxième fois vers Malaucène où sera jugée l’arrivée. "C’est une belle descente pas trop technique, mais il n’y a pas non plus beaucoup de vallée ensuite. Ça ne coûte à rien à un leader de tenter le coup, surtout à cheval entre les Alpes et les Pyrénées", imagine Vœckler. Une descente d’autant plus connue par les coureurs que c’est généralement celle empruntée après les arrivées au sommet du Ventoux.
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Cette configuration à deux ascensions mais avec une arrivée jugée dans la vallée sera donc inédite, et finalement peu commune : en 16 passages sur le Ventoux, le Tour y est arrivée 10 fois. A quel scénario peut-on s’attendre ? "Avec deux ascensions dans la même journée, ça signifiera forcément une explication entre les prétendants au maillot jaune. On peut avoir des écarts assez énormes. Les distancés pourront compter sur les 20 km de descente pour se rattraper", imagine Offredo. "La grosse différence c’est qu’il n’y aura pas d’arrivée au sommet, mais on peut quand même s’attendre à une sacrée bagarre", salive déjà Vœckler.
De toute façon, en 16 passages, le Ventoux a toujours réservé un scénario rocambolesque à la Grande Boucle : tantôt tragique, lors de la mort de Tom Simpson en 1967, tantôt humiliant lorsque Lance Armstrong laissait gagner Marco Pantani en 2000, tantôt burlesque lorsque Christopher Froome se retrouvait à pied en 2016. Des moments historiques dans un cadre lunaire, qui font du Ventoux un incontournable du Tour de France. Un incontournable enfin de retour, cinq ans après l’étape folle de 2016, écourtée à cause du vent et remportée par Thomas de Gendt. "C’est un plaisir de voir le Ventoux revenir sur le Tour, et tant mieux qu’il ait fallu attendre 5 ans : il faut que ça reste exceptionnel pour ne pas que le Ventoux perde de sa saveur". Doublement exceptionnelle même, c’est le programme de la 11e étape du Tour de France 2021, avec cette double ascension déjà historique.
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