Tour de France 2018 - Un chrono à 8, des détails qui peuvent faire la différence
"Théoriquement, on ne peut pas gagner contre la BMC. Ils ont de plus gros moteurs." Patrick Lefevere, l'emblématique manageur de la formation belge Quick-Step, est un habitué de la Grande Boucle. Un technicien rompu à tous les exercices, y compris celui peu usité du contre-la-montre par équipes. Depuis 2012, et la création du championnat du monde de contre-la-montre par équipes, sa formation a même été couronnée à trois reprises en six éditions.
"L'objectif, c'est d'arriver à 4"
"Pour l'UCI, ce passage à 8 change tout. Pour nous, non", assure-t-il quant à cette réforme globale. Mais autour de Cholet face au chrono, il pointe une différence: "Les coureurs vont récupérer un peu moins, étant donné qu'il y a une rotation de moins. Si tu arrives au complet, c'est que tu es très fort, ou que tu as trop épargné tes coéquipiers. L'objectif, c'est d'arriver à 4", résume-t-il dans un sourire.
Car c'est le temps du 4e coureur sur la ligne d'arrivée qui est comptabilisé pour l'équipe. Et là, le changement de règlement laisse perplexe Nicolas Portal, directeur sportif de la formation Sky, l'une des favorites. "Avant, il y avait 9 coureurs sur le Tour, et seuls les 5 premiers étaient pris en compte sur la ligne. Sur les courses d’une semaine, il y en a désormais 7, et seuls les 4 premiers sont pris en compte. La logique, sur un Grand Tour, ce serait que les 5 premiers passent. Mais ce sont les 4. C’est assez gênant. C’est beaucoup plus dur pour une équipe qui n’est pas homogène sur un chrono d’avoir 5 coureurs sur la ligne. Et c’est là qu’on perd du temps."
Autour de Chris Froome, il a une équipe à même de créer des différences. A cinq ou plus. Il l'avait fait sur le Critérium du Dauphiné, en renvoyant la BMC à plus de 30 secondes. "Mais aujourd'hui, tout le monde est meilleur. Les écarts seront moindres", estime-t-il. Et d'ajouter: "Quatre, cela nivelle les écarts". BMC, Sky, Mitchelton, les candidats à la victoire d'étape sont à peu près connus. "A 8, l'équipe a un moteur de moins", sourit Portal.
Une rotation de moins, du repos en moins
"8-9, cela ne change pas grand-chose", estime Sébastien Hinault, directeur sportif de Fortuneo-Samsic. "Du moment que toutes les équipes sont à 8 (rires). Mais les grosses équipes resteront en haut. On se rend compte qu’avec un coureur en moins, les équipes recherchent des coureurs complets, qui savent tout faire." C'est donc dans la composition du groupe au départ du Tour que cela a pu jouer. "Cela demeure un exercice spécifique. Il reflète bien l’état d’esprit d’une équipe. On a besoin de coureurs bons là-dedans."
Même son de cloche du côté de Philippe Mauduit, le directeur sportif de UAE Team Emirates. "6, 7, 8 ou 9, plus on s’approche de la fin du groupe, plus il est difficile de choisir. Les 3-4 premiers sont assez simples." Et sur le chrono ? "Les temps de récupération sont un peu plus courts. Mais à Cholet, c’est très technique. Donc on s’occupe plutôt de la manière dont on peut sortir vite des rond-points, que de la récupération." Sur la ligne d'arrivée de Cholet, il faudra faire les comptes. Comme toujours.
De notre envoyé spécial Thierry Tazé-Bernard
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