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Tour de France 2018 : Grille de départ, 65 km et 3 cols, une mèche courte pour dynamiter le Tour

La 17e étape du Tour de France entre Bagnères-de-Luchon et Saint-Lary-Soulan pourrait bien être le juge de paix de cette 105e édition. Cela tombe bien, toutes les conditions sont réunies pour une journée explosive.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
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Le Tour de France 2018 va se jouer dans les Pyrénées (JEFF PACHOUD / AFP)

Du jamais vu depuis plus de 30 ans. C’était l’époque des demi-étapes avec ses réveils à l’aube et ses journées à rallonge. Toujours en quête de nouveauté, Christian Prudhomme teste sur la 17e étape une recette explosive pour faire bouillir la marmite du Tour 2018. Une « fast-course » de 65 kilomètres dont 38 d’ascension (58 % du parcours) répartis sur trois cols. Et pour ajouter un peu de piment à une étape qui n’en manquait pas, le départ se fera à l’arrêt au kilomètre 0 dans l’ordre du classement général par paquet de vingt coureurs.

« Ça va être une course contre la montre mais en étape », explique Sylvain Chavanel (Direct Energie), tout heureux de découvrir un nouveau format à 39 ans, l’année de son dernier tour. « Et ça va être chacun pour soi », ajoute-t-il dans la foulée. Pour l’ensemble du peloton, c’est un grand saut dans l’inconnu. « On n’a pas trop de repères et c’est toute la difficulté de cette étape-là », confirme Julien Jurdie, directeur d’AG2R-La Mondiale. « Souvent quand la difficulté est importante, les coureurs ont peur et sont un peu sur la réserve. Il n’y a pas de recul sur des étapes comme celle-ci mais on sent qu’il y a quelque chose à faire. »

La dernière chance de Bardet

Du côté de la formation savoyarde, l’occasion est belle de bousculer l’ordre établi et permettre à Romain Bardet de tenter un coup de poker avant que les positions ne soient figées définitivement. « C’est l’étape-clé pour nous dans cette dernière semaine du Tour de France, ajoute Jurdie. On sera agressif car on ne veut pas finir ce Tour avec des regrets. L’idée est d’optimiser à 100 % cette étape-là et s’il faut prendre des risques, c’est clair que c’est aujourd’hui qu’il faut en prendre. » 5e du général, Bardet espère fissurer le bloc des Sky pour jouer les yeux dans les yeux avec Thomas et Froome.

« Ça va partir en feu d’artifice, prédit l’Auvergnat. Les leaders vont se dévoiler sans être muselé par des coéquipiers. » Si la course explose devant, il y a aussi un risque qu’elle éclate à l’arrière. « Je ne sais pas s’il y aura un grupetto mais il faudra serrer la ceinture et penser comme un effort de contre-la-montre, préviens Chavanel. Ne pas s’enflammer et gérer toute l’étape. » Même chez les grimpeurs comme Elie Gesbert (Fortuneo-Samsic), on s’interroge. « Avec seulement 65 km il peut y avoir des surprises et des hors-délais. Dans tous les cas c’est speed, on n’aura pas la possibilité de temporiser. »

ça va être folklorique

Pour une étape façon Grand Prix, c’était normal de partir d’une grille de départ. Le peloton va s’étaler sur près de 70 mètres avec des sas de vingt coureurs. « Ils nous ont préparé des box en fonction du classement général, comme une grille de moto. Ça va être folklorique », s’amuse Chavanel. Pas sûr que ça rigole tant que cela dans les premières places. Tout dépendra des sensations, de la place de ses coéquipiers et des envies de chacun de durcir la course. « On peut imaginer qu’un coureur qui n’a pas une grosse équipe autour de lui n’ait pas besoin de les attendre et se mette à attaquer dès la première montée, explique Philippe Mauduit, directeur sportif d’UAE Team Emirates. A contrario, un coureur qui a encore 5-6 grimpeurs dans son équipe soit plus conservateur et attende ses coéquipiers. » En cyclo-cross, le placement a son importance et il est toujours bon de partir devant. Là, la route sera large et « le pied de la première montée n’est pas un chemin de chèvre », détaille Mauduit.

Les jambes ou la Playstation

Un départ pour la forme ? Peut-être pas. « On a la chance d’avoir deux coureurs dans la première vague de vingt, reprend Jurdie. Il faudra être attentif notamment avec Pierre (Latour) qui sera le premier à partir chez nous. Sky, ils sont sept maintenant mais Rowe ne servira pas à grand chose. Kwiatkowski aura du mal à tenir s’il y a vraiment le feu. On peut se retrouver dans un face-à-face presque équilibré. » Tout ça, c’est sur le papier ou dans les briefings. Le dernier mot appartient toujours aux hommes forts et à Philippe Mauduit. « Le parcours décide un peu de la stratégie mais c’est surtout les jambes qui décident à la fin. Dans ces courses-là, si ton mec n’a pas les crayons qui vont, tu peux jouer à la playstation dans la voiture… »

De notre envoyé spécial

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