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Tour de France 2018 : Geraint Thomas, la force galloise

Qui se cache derrière le maillot jaune Geraint Thomas (Sky) vainqueur de son premier Tour de France à 32 ans ? Un champion discret au caractère bien trempé.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 

« G ». Une lettre marquée du sceau jaune. La suite alphabétique logique après les années « Froomey ». Une histoire qui se répète pourtant. Pour la sixième fois en sept ans, Sky a annexé le maillot jaune et installé un nouveau leader sur le toit du Tour : Geraint Thomas.

Un rouleur de substitution qui aurait pu tout aussi bien rester dans l’ombre de Chris Froome, quadruple vainqueur et engagé dans une boucle infernale, un quadruplé Tour-Vuelta-Giro-Tour inédit. Le Britannique a manqué la dernière marche et c’est peut-être mieux ainsi au regard des doutes qui accompagnent ses performances et le blanchiment tardif de son contrôle positif au Salbutamol.

« Programmé » pour remplacer Froome en cas de suspension, Thomas a profité de l’aubaine. Il a attrapé la queue du Mickey pour lui et tous les anciens lieutenants que Sky a essoré et qui se sont vus plus beaux sous un autre maillot (Porte, Landa). 

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Le « G » est à point

Biberonné par le grand magicien de la piste britannique Dave Brailsford, le Gallois n’est pas sans rappeler Bradley Wiggins, premier vainqueur britannique du Tour de France, déjà avec Sky. Tous deux rouleurs exceptionnels, ils ont fait les beaux jours de l’équipe olympique.

Thomas quittera la piste sur deux médailles d’or en poursuite (2008 et 2012). Elevé sur la route (vainqueur de Paris-Roubaix junior 2004, ndlr), « G » n’a jamais quitté l’asphalte. En « couveuse » chez Barloworld (comme Froome) avec qui il fera le Tour 2007 (140e sur 141 coureurs classés), c’est tout naturellement qu’il a intégré Sky à la création de l’équipe en 2010.

Il lui a fallu huit ans pour achever sa mue. « Quand vous êtes capable de rouler très vite sur 4 km en poursuite, c’est que vous avez un très gros moteur. Pour transposer ces qualités, ce moteur à la montagne, il faut perdre du poids », explique Fred Grappe, directeur de la performance dans l’équipe Groupama-FDJ. Comme tout bon Gallois, il a longtemps préféré les pintes à la diététique. Sauf que pour passer les cols avec les meilleurs, la règle d’or c’est le rapport watt-kg. En perdant six kilogrammes pour descendre sous les soixante-dix (69 kg pour 1,83 m), le rouleur est entré dans une nouvelle dimension.

Champion de la routine

De ses origines galloises, Thomas a gardé l’esprit rugby, des chants de mineur et une mentalité de guerrier. Dur au mal comme lors du Tour 2013 achevé malgré un bassin fracturé dès la première étape. Un Flandrien presque pur jus. « C’est un cas à part, analyse Julien Jurdie, directeur sportif d’AG2R-La Mondiale. Il a gagné le Grand Prix E3 et participe à toutes les campagnes flandriennes. Il est plus qu’un simple rouleur. »

Un homme toutefois méconnu qui impose une certaine distance. Pas par orgueil ni par timidité. « G n’est pas fermé aux autres, explique son directeur sportif Nicolas Portal. Il est simplement très fort pour s’isoler et s’appliquer une routine hypermaîtrisée pour rester concentré sur son objectif. Il ne s’éparpille pas. » Il y a peu, Thomas pouvait encore s’emballer en lisant les réseaux sociaux.

Souvent témoin des huées envers Froome et lui-même gêné par un spectateur dans les Pyrénées, il a dû prendre sur lui pour rester dans sa course. « Ça été difficile par moment, confirme Geraint Thomas. La course vous oblige à vous mettre dans ce tunnel, dans une bulle. J’ai appris ça avec la piste. On devient comme une machine. » La bulle a éclaté à l’arrivée du contre-la-montre d’Espelette. Pour la première fois, le Gallois a laissé éclater sa joie. « C’était incroyable, raconte-t-il. Depuis le début du Tour, je ne voulais pas penser au lendemain. Je pensais étape par étape. J’ai laissé ce mur se briser. » 

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