Tour de France 2019 : Thibaut Pinot perd plus d'une minute, Wout van Aert prend l'étape
Le belle alliance aura tenu deux jours. Nous avions quitté Thibaut Pinot et Julian Alaphilippe en duo d'enfer samedi dernier lors de la 8e étape. Aujourd'hui, le deuxième a porté un sévère coup au premier. La Quick-Step a organisé une bordure à 32 kilomètres de l'arrivée de la 10e étape. Thibaut Pinot se trouvait dans les dernières places du peloton à ce moment : le coup a été fatal. A l'arrivée, 1 minute 40 de rebours pour le Franc-Comtois, et du temps perdu sur Egan Bernal et Geraint Thomas sur une étape a priori sans danger. "Il y a rien à dire, c'était une journée de merde" a-t-il soufflé, abattu, à l'arrivée. De son côté, Wout Van Aert a réglé un peloton pourtant encore bien fourni en sprinteurs (Elia Viviani 2e, Caleb Ewan 3e, Peter Sagan 5e).
• Le récit de l'étape
Tout avait pourtant commencé comme une étape de plaine traditionnelle. A l’avant, un groupe de 7 coureurs : Tony Gallopin (AG2R La Mondiale), Michael Schär (CCC), Anthony Turgis (Total Direct Energie), Natnael Berhane (Cofidis), Mads Würtz Schmidt (Katusha Alpecin), Christian Eiking Odd (Wanty Gobert). Le peloton ne leur a jamais laissé une trop grande latitude. Les équipes de sprinteurs, Bora-Hansgrohe et Sunweb en tête, ont très tôt verrouillé l’échappée. Les cinq difficultés répertoriées de la journée n’ont donné lieu à aucun grand chambardement. C’est après la côte de Mauric, dans l’ultime quart de l’étape, beaucoup plus exposée au vent, que les choses se sont emballées. Et de quelle manière.
A 32 kilomètres de l’arrivée, voyant le paysage se découvrir et le vent se lever, la Deceuninck Quick Step s’est rapidement mis en tête du peloton pour organiser un coup de bordure. En tête, l’homme en jaune, Julian Alaphilippe, qui ne rate pas une étape pour s’illustrer. Cette fois, c’est son compère d’un jour (ils s’étaient alliés dans les derniers kilomètres de la 8e étape) qui a payé le prix de son audace. Pinot s’est retrouvé parmi les favoris piégés. Malgré sa taille importante (environ 40 coureurs) le 2e peloton n’a jamais pu faire la jonction. Ils sont pourtant revenus à 10 secondes à 20 kilomètres de l’arrivée. Mais les Ineos, les Bora Hansgrohe pour Peter Sagan, et les Quick Step, ont alors mis un deuxième coup de collier. Fatal pour le groupe de Pinot qui finira à 1 min 40 sur la ligne. Parmi les victimes : Jakob Fuglsang, Richie Porte, Rigoberto Uran, Mikel Landa, Bauke Mollema, Fabio Aru, ou encore Maximilian Schachman.
Le sprint a été tout aussi surprenant. Alors que Caleb Ewan, Peter Sagan, ou encore Michael Matthews (emmené par un énorme train Sunweb) étaient présents, c'est Wout Wan Aert qui a franchi la ligne en première position. Il était ravi après l'arrivée : "Ce n'était pas une situation idéale pour nous. Le but était de faire le sprint avec Dylan (Groenewegen). C'était très nerveux dans les 70 derniers kilomètres. J'étais toujours à l'avant. Mais quand (l'équipe) Deceuninck est passée à l'attaque, (les équipiers de van Aert chez Jumbo) Groenewegen et (George) Bennett étaient derrière. Après, j'ai demandé à Steven (Kruijswijk) si je pouvais faire le sprint. Je me suis concentré là-dessus dans les 10 derniers kilomètres. Je ne peux pas croire encore que j'ai battu des gars comme (Elia) Viviani, (Caleb) Ewan et (le maillot vert Peter) Sagan. Je pense que c'est la plus belle victoire de ma carrière."
• Les enseignements de l'étape
Plusieurs favoris vont s'en mordre les doigts. Ils avaient bouclé la première semaine satisfaits, ils rentreront ce lundi soir à l'hôtel défaits. Pinot est à 2'33, Uran à 3'18, Fuglsang à 3'22, Porte à 3'59. Certes, enlevez à ce débours une minute pour Thomas et Bernal qui sont tous les deux à un peu plus d'une minute d'Alaphilippe. Mais les faits sont là : au soir de la 10e étape, les leaders les mieux placés s'appellent Geraint Thomas (+1'12) et Egan Bernal (+1'16).
Wout Van Aert est brillant. Le jeune Néerlandais est en train de réaliser un superbe Tour de France, alors qu'il disait être là pour "découvrir". 2e à Colmar derrière Peter Sagan, victorieux ce lundi devant les plus grands sprinteurs du monde : il a déjà marqué de son empreinte ces 10 premiers jours. Et comme il passe très bien les bosses, il pourrait être un autre rival sérieux pour Peter Sagan en vue du maillot vert.
Romain Bardet est toujours là. Mine de rien, Romain Bardet a refait son retard sur les gagnants des étapes vosgiennes alors qu'on le disait déjà hors du coup. Offensif hier, opportuniste ce lundi, Bardet n'est plus qu'à 50 secondes de Thibaut Pinot, devant Jakob Fuglsang et Richie Porte. Revoilà Romain Bardet.
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