Team Sky, la machine à gagner
Après le règne sans partage de l'US Postal et de Lance Armstrong (1999-2005), voici venu le temps de la Team Sky. Avec Bradley Wiggins (2012) puis Christopher Froome l'été dernier, l'équipe britannique est en train de marquer de son empreinte la Grande Boucle.
Cet été, elle devrait de nouveau jouer les premiers rôles sur les routes de France. Une réussite due à tout, sauf au hasard.
L'argent, nerf de la guerre
Principale arme des Sky : leur budget. Avec leurs 15 millions d'euros en 2013, les Britanniques ont des moyens à la hauteur de leurs ambitions. C'est certes un peu moins que les 18 millions de la BMC Racing Team de Cadel Evans, mais bien plus par exemple que les 7 millions de la Movistar, les 9,5 millions de l'équipe AG2r La Mondiale ou les 12 millions d'Astana.
Soutenue par le magnat des médias Rupert Murdoch et par la fédération britannique (elle-même financée par la loterie nationale), la team ne se refuse pas grand chose. L'équipe roule en Jaguar, et comptait selon Libération 83 employés en 2011, presque deux fois plus que pour la majorité des autres formations. Une armada au service des coureurs, qui peuvent donc s'appuyer sur une équipe prête à parer à toute éventualité.
Au niveau du matériel, l'équipe peut se targuer d'avoir des équipements bénéficiant des dernières innovations, avec le "meilleur vélo du monde " selon le journaliste québécois Florent Conti. D'une valeur de 12.000 dollars - 8.790 euros ! - le Pinarello F8 a été conçu par Jaguar, et se targue d'être le plus léger, le plus rapide et le plus aérodynamique jamais mis à la disposition de cyclistes professionnels.
Des méthodes d'entraînement révolutionnaires
Autre atout des Sky : son manager. Car l'homme à qui l'équipe doit ses succès n'est pas sur un vélo, mais dans l'encadrement : si la Sky marche sur l'eau, c'est en grande partie à Dave Braisfort qu'elle le doit. Le Gallois, qui a choisi de lier son destin à celle de son équipe qu'il a prise en main dès sa création, en 2010, a une approche quasi militaire du travail de ses hommes, et ce jusque dans les plus petits détails.
"À table, la fourchette, le couteau doivent être là. Quand ils ont fini de manger, c’est tout juste si on dit aux coureurs d’aller dormir. Tout est extrêmement cadré" , rapportait avec humour Christian Prudhomme, le directeur de la Grande Boucle, sur le site du Figaro .
Une rigueur qui s'applique donc tout logiquement l'entraînement et la préparation des coureurs. Ainsi, les cyclistes de la Team Sky sont parmi les rares à ne pas rentrer directement à la douche après une course, mais à faire dix-quinze minutes de home training .
L'épineuse question du dopage
Evidemment, le cyclisme est un milieu dans lequel la victoire attire les soupçons. L'été dernier, les membres de l'équipe avaient fait part de leur ras-le-bol, lassés d'avoir à répondre à des questions sur le sujet lors des conférences de presse. Christopher Froome lui même s'était plaint du traitement que lui réservait la presse après son "décollage " dans le Mont Ventoux :
Je trouve ça triste d'être assis là au lendemain de la plus grande victoire de ma carrière et de parler de dopage . Mes équipiers et moi-même avons passé des semaines loin de chez nous, à nous entraîner, à nous tuer au travail... Et on m'accuse d'être un tricheur et un menteur, ce n'est pas cool.
L'apparence squelettique de Froome et de Wiggins avant lui ont éveillé les soupçons, et certains soupçonnent les Britanniques de se doper avec l'Aicar, une molécule qui "mange les graisses sans diminuer la masse musculaire ", comme l'expliquait le chercheur Patrick Laure dans les colonnes de Libération. Un produit qui peut avoir "des conséquences dévastatrices sur la santé ", mais surtout qui serait désormais détectable dès cette année.
Les échantillons du Tour 2013 pourraient également être testés. Bonne ou mauvaise nouvelle pour les Sky ?
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