Sagan, re-vert ou revers ?
Samedi à Bruxelles, Peter Sagan portera les couleurs habituelles de son équipe Bora-Hansgrohe. Ce qui est courant pour tous les autres coureurs du peloton était devenu une anomalie pour le Slovaque. Dimanche dernier, Peter a laissé le paletot de champion national à son frère Juraj, et ne porte donc plus officiellement de maillot distinctif pour la première fois depuis le 26 juin 2011. Une éternité pour un cycliste.
Huit ans qu'il arborait tantôt le maillot tricolore slovaque, la tunique irisée de champion du monde, et bien sûr pendant de nombreux jours de juillet, le maillot vert du Tour de France.
Voir sur Twitter
Six fois vainqueur du classement par points, Sagan en a fait une chasse gardée, intouchable pour quiconque s'en approche en sa présence. Depuis 2012, il les a presque tous raflés, sans jamais s'en lasser. Greipel, Cavendish, Kristoff, Kittel, tous ses dauphins ont rongé leur frein depuis sept ans. Michael Matthews a su profiter de l'unique erreur de Sagan - un tassement de Cavendish contre les barrières à Vittel en 2017 - pour rafler la seule tunique accessible depuis le "Cav" en 2011.
Sans cette erreur ? Une domination sans partage. Déjà au sommet de la hiérarchie en compagnie d'Erik Zabel, qui avait collectionné ses six tuniques de suite entre 1996 et 2001, Sagan a l'occasion de devenir le seul recordman, à même pas 30 ans.
Pour se rendre compte de l'exploit majuscule que le Slovaque a banalisé depuis longtemps, son seul adversaire victorieux encore en activité n'est donc que Matthews, qui avait profité de cette exclusion pour récolter son premier maillot. C'est dire le gouffre qu'il a créé avec la concurrence, alors qu'il arrive dans la meilleure période de sa carrière.
Seul sur sa planète verte
Dire qu'il fait partie des favoris à sa propre succession serait presque lui faire injure tant il semble difficile de concevoir que le maillot lui échappe encore cette année. Le natif de Žilina a pris l'habitude de s'imposer avec une marge béante sur son dauphin : 154 points de moyenne. Plus inquiétant encore pour ses adversaires, ses deux derniers ont été écrasants : 242 points d'avance sur Kittel en 2016 et 231 points sur Kristoff en 2018.
Face à concurrence trop unidimensionnelle (à l'exception de Matthews), qui pourra contrarier les plans de Sagan d'aller grappiller des points sur tous les terrains pour asseoir rapidement son matelas ? A priori personne.
Matthews et Van Aert, les vrais adversaires ?
L'année 2019 du Slovaque, chahutée par son divorce en début d'année, a questionné sa motivation avec trois petites victoires. Mais l'odeur du maillot vert a parfumé l'air de juin : quatre podiums (dont une victoire ) sur le Tour de Suisse et... le classement par points, qu'il a remporté 8 fois sur les 9 dernières éditions. A la régulière, il sera presque impossible de lui ravir la tunique verte en juillet.
Un profil de coureur polyvalent tel que Wout van Aert, récent vainqueur du classement par points du Dauphiné, pourra-t-il le contrarier sérieusement ? Possible mais peu probable. Quand Sagan veut un maillot vert, surtout un septième pour la légende, il passe rarement à côté.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.