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Reportage Tour de France 2021 : avec les marchands de sable de la Groupama-FDJ

Chaque soir, les coureurs de la Groupama-FDJ dorment sur leur matelas personnel grâce à deux assistants spécifiquement dédiés à la literie de l’équipe.

Article rédigé par Adrien Hémard Dohain, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
A chaque arrivée, les assistants de la Groupama-FDJ installent les matelas personnels des coureurs dans les hôtels. (AH)

"Quand j'explique mon métier aux gens, ils sont un peu étonnés. Personne n'imagine que le professionnalisme puisse aller jusque-là." Assistant au sein de la Groupama-FDJ, Jean-François Glémin, ancien imprimeur, suit depuis deux ans l'équipe tricolore sur les routes du Critérium du Dauphiné, de la Vuelta et du Tour de France. Son rôle ? Devancer les coureurs pour installer les matelas sur mesure fournis par le sponsor Tempur sur lesquels les hommes de Marc Madiot dorment toute l'année.

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"Dans chaque hôtel, on arrive avant les coureurs pour changer la literie et mettre en place les matelas choisis par les coureurs. Chacun dort ainsi comme à la maison."

Jean-François Glémin

à franceinfo

Cela fait déjà deux ans que la Groupama-FDJ pousse le détail au service du sommeil de ses coureurs. Le tout au milieu d'autres attentions. "On a aussi quelqu'un qui nettoie les climatisations de chaque chambre à l'hôtel pour éviter qu'elles soient contaminées par des impuretés, et un camion-cuisine avec un chef qui prépare à manger pour nous épargner les mauvaises surprises. Ce sont des petits détails qui optimisent la performance", assure Bruno Armirail, un des rouleurs de l'équipe, toujours en course dans cette Grande Boucle. Le natif de Bagnères-de-Bigorre ajoute : "Il y a de moins en moins de place pour le hasard. En tant que coureur, on n'a plus qu'à pédaler."

Une question de (ré)confort

Mais avant de pédaler, il faut bien dormir. Et la qualité de la literie est capitale, surtout sur des courses itinérantes comme le Tour de France. "Le sommeil c'est le plus gros du travail de récupération, encore plus que les soins. Donc avoir le même matelas sur les courses et à la maison, c'est un vrai plus parce que parfois dans les hôtels, on tombe sur de la literie que je qualifierais de mauvaise, pour rester poli", observe Bruno Armirail. Un point de vue partagé par son coéquipier Valentin Madouas : "On dort dans n'importe quelle chambre d'hôtel pendant le Tour de France comme si nous étions à la maison. C'est un avantage formidable".

"Ça peut paraître anodin, mais après une longue journée sur le vélo, psychologiquement c'est important parce que le lit c'est notre seul endroit de tranquillité."

Bruno Armirail

à franceinfo

Pour en arriver là, chaque coureur a eu le choix entre trois types de matelas lors d'un stage de pré-saison. "On a le même à la maison et nos femmes n'ont pas eu leur mot à dire, elles s'adaptent (rires), parce que c'est nous qui sommes dessus toute l'année", sourit le grimpeur pyrénéen. Ensuite, tout repose sur le travail de Jean-François et Kelly, les deux préposés à la literie, qui s'occupent des huit matelas des coureurs. Ou plutôt des quatre, en cette fin de Tour compliquée pour une Groupama-FDJ, décimée.

"Le matin, on attend que les coureurs descendent au petit déjeuner pour charger les matelas, les couettes et les oreillers dans le camion. Pus on réinstalle ceux de l'hôtel. Dès que c'est bon, on part vite à la ville étape suivante et on refait la même chose, dans le sens inverse", détaille Jean-François.

Petit détail qui a son importance : sur place, un autre assistant s'est chargé de la répartition des chambres, réservant les plus fraîches et calmes aux coureurs, et celles autour aux masseurs. "Nous, on n'a plus qu'à enlever les matelas, placer les nôtres, et faire les lits. On gère aussi les valises des coureurs", ajoute Jean-François.

Entre temps, les deux matelassiers ont avalé l'itinéraire hors course à toute vitesse : "On s'entend bien avec Kelly, on discute de vélo évidemment, mais pas que. Sur la route, on entend beaucoup de 'Allez Thibaut'. Les gens nous demandent des jeux à gratter aussi, mais on n'en a pas (rires)." Une fois les lits installés, les deux marchands de sable ont enfin le temps se souffler. "On finit vers 15h. Après on essaie de regarder l'étape, quand on peut. Puis dès que tous les véhicules arrivent, on nettoie les voitures, et il y en a pas mal...", détaille Jean-François.

Amoureux de vélo, l'ancien imprimeur tient le rythme soutenu du Tour de France, et le savoure, même : "C'est un privilège de vivre à l'intérieur de l'équipe. On côtoie les coureurs chaque jour, dans leur intimité." Petites mains essentielles dans l'ombre, Jean-François et Kelly passent donc trois semaines littéralement au chevet des coureurs, qui apprécient le service de ces pros même si Jean-François l'admet lui-même : "Malgré ça, je ne suis pas sûr de mieux faire mon lit qu'avant (rires)"

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