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Que vaut la liste de dopés du Tour-1998 ?

La fiabilité et la légalité des données divulguées ce mercredi par la commission d'enquête sénatoriale sur la lutte antidopage et contenant des noms de cyclistes dopés à l'EPO sur le Tour de France 1998, l'opportunité et l'utilité même de les publier, n'ont cessé d'être contestées. Retour sur les principales questions soulevées par cette démarche.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
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Les tests rétroactifs de 2004-2005: pourquoi et comment?
Validé en 2000 par le Comité international olympique (CIO), le test de  détection de l'EPO ne satisfait pas entièrement ses concepteurs, Jacques de  Céaurriz et Françoise Lasne, le directeur du laboratoire de Châtenay-Malabry et  son adjointe. Quatre ans plus tard, afin de l'améliorer, ils testent une  approche statistique de leur méthode sur le reliquat d'échantillons encore  utilisables des Tours 98 et 99, deux années que, grâce à l'affaire Festina,  l'on sait polluées par l'EPO, alors indétectable. Les résultats de ces analyses  sont consignées par le laboratoire.
   
Ces tests sont-ils valides sur le plan légal?
Non. Effectuées à fin de recherche, ces analyses, déjà en 2004, ne  respectaient pas les fondamentaux du code mondial antidopage (protocole  simplifié, pas d'échantillon B, aucune garantie sur l'intégrité des flacons)  selon le laboratoire lui-même. Ces arguments ont d'ailleurs été brandis par  l'Union cycliste internationale et le syndicat des coureurs (CPA) pour tenter  d'empêcher la diffusion des résultats.
   
Comment les sénateurs ont-ils travaillé?
En elle-même, la liste des résultats des rétroanalyses de 2004,  conservée donc à Châtenay-Malabry, ne comporte aucun nom mais des numéros  d'échantillons. L'autre partie du puzzle, une liste associant chaque numéro à  un nom, se trouvait depuis 1998 au ministère des Sports. Ce sont ces deux  listes séparées que les sénateurs ont publiées dans les annexes du rapport, à  charge pour la presse d'établir les rapprochements.
   
Y-avait-il d'autres dopés en 1998 et 1999 que ceux stigmatisés par le  rapport?
Bien sûr, à commencer par Lance Armstrong en 1999, identifié par le  quotidien L'Equipe en 2005 selon une méthode similaire à celle utilisée par les  sénateurs et qui a reconnu s'être dopé en janvier après avoir été déchu de ses  sept victoires dans le Tour (1999-2005) par l'Union cycliste internationale  (UCI). Par ailleurs, si aucun coureur de Festina ne figure dans la liste, c'est  en grande partie car les cyclistes, exclus après quelques jours du Tour-98 pour  détention massive d'EPO, n'avaient pas eu le temps d'être contrôlés.

Pour le Tour 1999, ensuite, si deux coureurs seulement figurent dans la  liste, c'est parce que le nombre de procès-verbaux conservés par le ministère  pour cette édition-là est beaucoup plus faible que pour 1998. Enfin, le rapprochement des listes laisse apparaître des cas suspects, qui  n'auraient pas été déclarés positifs selon les critères de 2004, mais qui  suggèrent la prise d'EPO, notamment chez l'Américain Bobby Julich, cité au  départ. Une bonne raison pour éviter de jeter l'opprobe sur les "malchanceux"  qui ont été rattrapés.
   
Les coureurs sont-ils passibles de sanctions?
Non. D'abord parce que le délai de prescription de huit ans est échu.  Ensuite car, comme dit plus haut, ces analyses n'ont été ni conduites ni  traitées comme des contrôles antidopage. On ne peut pas non plus qualifier ces  coureurs de "positifs", résultat d'une analyse antidopage, mais on peut parler  de "dopés" à l'EPO.
   
Les sénateurs ont-ils subi des pressions pour ne pas diffuser les  documents?
"Non", a répondu le président de la commission, Jean-François Humbert.  "Oui" a rétorqué son rapporteur Jean-Jacques Lozach. En annexe du rapport, des  lettres de l'UCI et du syndicat des coureurs suggèrent seulement des demandes  insistantes pour qu'on ne diffuse pas de noms.

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