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Prologue-Tour, bientôt le club des cinq ?

Depuis 1967, quatre coureurs seulement ont réussi l'exploit de remporter le prologue et de terminer en jaune à Paris. Quatre monstres sacrés de la route qui savaient aussi bien rouler dans les chronos que dans les plus hauts cols du Tour. Quatre géants du cyclisme qui cumulent 22 Tour de France. Un cinquième peut-il entrer dans la légende ?
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Le Britannique Bradley Wiggins grand favori du Tour 2012

Le club des quatre

 

Apparu en 1967, le prologue d’un Tour consacre rarement le futur vainqueur. Et pour cause, ce contre-la-montre de moins de huit kilomètres (distance maximale réglementaire pour ne pas être considéré comme une étape par l'UCI, ndlr) est réservé aux spécialistes, à ces grosses caisses explosives et hyper bien huilées, pas forcément aux coureurs complets qu’on retrouve sur le podium des Champs-Elysées. La classe, la puissance et la rage, Eddy Merckx, Bernard Hinault, Miguel Indurain et Lance Armstrong l’avaient sur un vélo. Le « Canibale » le premier a ouvert la voie en décrochant prologue 1970 et Tour (*). Une prouesse répétée trois fois (1970, 1972 et 1974). Lors de ses cinq grandes boucles remportées, Bernard Hinault a lui aussi cumulé trois prologues (1981, 1982 et 1985). Une décennie plus tard, Miguel Indurain faisait parler son aisance sur les chronos avec un doublé (1992 et 1993). Enfin, c’est au début de son règne que Lance Armstrong doublait prologue et Tour (1999 et 2002).

Un profil particulier

 

Si doubler Prologue-Tour n’est pas si fréquent, ça tient à plusieurs paramètres. Certaines conditions sont même indispensables pour entrer dans ce club très fermé. La première est une évidence, il convient d’être taillé pour les chronos. Hormis Jacky Durand qui avait profité des circonstances météorologiques pour déjouer les pronostics en 1995, ce mini contre-la-montre n’échappe jamais à un spécialiste. Cela pose la question de la météo qui peut donc jouer les trouble-fête dans les rues de Liège. Si le temps le permet, que notre première condition est remplie et que le prologue et dans la poche (ça fait déjà beaucoup de si…), encore faut-il que le reste du parcours soit dans les cordes du porteur du maillot jaune ? Avec 3 prologues dans la poche (4 si on considère celui de Monaco 2009 avec ses 15 kilomètres, ndlr), Fabian Cancellara ne sera jamais un vainqueur du Tour de France. Dès que la route s’élève, le Suisse plafonne. En 2012, avec de longs chronos et peu de montagne, la consécration d’un rouleur n’est pas impossible si celui-ci limite la casse dans les étapes montagneuses.

Wiggins et Evans prétendants

 

En jaune uniquement lors de la dernière étape, Cadel Evans s’était comporté en patron quand la situation l’avait exigé dans le Galibier et ailleurs. Si jamais il s’imposait à Liège, il frapperait un grand coup. Mais le veut-il vraiment ? Porter la tunique de leader si tôt n’est pas forcément souhaitable pour un coureur et une équipe qui vise la victoire finale. Mais face à son rival Bradley Wiggins, il ne faudra pas non plus perdre de temps… Wiggins est certainement l’homme à battre dans le prologue et le favori du Tour. En Angleterre, tout le monde attend la première victoire d’un sujet de sa Majesté sur la Grande Boucle. De plus en plus près (4e en 2009), Bradley Wiggins pourrait bien être celui-là. Mis hors jeu sur chute l’an dernier, le Britannique revient encore plus fort, notamment grâce à sa victoire dans le Dauphiné. Christian Prudhomme en fait l’un des favoris. « Parce qu'il a été dominateur dans quasiment toutes les courses par étapes cette saison, explique le patron du Tour. Il est entouré d'une équipe Sky extrêmement puissante,  qui lui est à l'évidence totalement dévolue, pour faire en sorte qu'il soit le premier coureur britannique à remporter le Tour de France. » Wiggins et Evans devront toutefois surveiller le temps des deux spécialistes Tony Martin et Fabian Cancellara. L’Allemand est un monstre du chrono et champion du monde en titre et le Suisse, champion olympique en titre et multiple champion du monde de la spécialité a fait des prologues du Tour sa grande spécialité. En 2004, Spartacus l’avait déjà emporté dans les rues de Liège. En revanche, pas de quoi trembler pour le podium final…

*Vainqueurs de la première demi-étape contre-la-montre puis du Tour, respectivement en 1960 et 1961, Nencini et Jacques Anquetil sont un peu les précurseurs.

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