Pourquoi le Tour doit prendre le départ : l'exemple de 1947 par Jean-Paul Ollivier
"Paulo la science" a fait plusieurs dizaines de fois le Tour de la Grande Boucle sans jamais se lasser.
Aujourd’hui pourtant, cet éternel optimiste marque un temps d’arrêt, une pause entre les phrases. Toujours des phrases à grands mots pour exprimer même les petites choses, un bref silence dans la conversation et ce "on ne sait pas comment ça va se terminer" jeté ainsi pour qualifier la situation.
"Le Tour appartient aux Français"
Le Tour se courra ou ne se courra pas mais, pour lui, pas de huis clos possible : "Il en perdrait tout son crédit, le Tour est un fait social. Le Tour appartient aux Français !" Voilà, c’est dit… Et c’est décidé, de toutes les façons, le Tour, s’il doit partir, aura son public c’est désormais certain. Faire partir le Tour, voilà toute la question du moment.
L’Histoire a déjà connu, à d’autres époques, son lot d’interrogations sur la question, en 1947 notamment, dans une France dévastée par la guerre, le Tour s’élance malgré tout : "Ça a ressuscité une partie de la population française. Les gens oubliaient tout sur son passage, les bombardements, la récession, les difficultés à rebâtir. La population renaissait de ses cendres… Le Tour a aidé à tout cela." La Grande Boucle et ses vertus thérapeutiques, c’est de cela dont il s’agit. "Le Tour, c’est le bonheur !" Et Jean-Paul Ollivier de renchérir : "En 1947, on redonnait du rire, des sourires aux Français. En plus, tout le monde a découvert sur ce Tour, un coureur étonnant : Jean Robic. Un garçon au tempérament fort, un caractère de cochon, dingue et nerveux, cette année-là c’est lui qui a animé la course. Ce Tour-là, si particulier, a apporté du baume au cœur des Français. C’était toute la France qui se réconciliait, tous les partis, on oubliait toute la politique."
L'après-guerre pour rappel
Le Tour, c’est comme une respiration. Autre exemple un an plus tard en 1948, dans un climat social très tendu, la France est en plein chaos économique, les grèves émaillent les journées des Français, les ouvriers sont en colère. Le Ministre des finances de l’époque, Paul Ramadier, conscient de la bouffée d’oxygène que peut être le Tour en cette période difficile, aura cette phrase : "Faites des économies sur tout ce que vous voulez, mais pas sur le Tour de France, parce que le Tour de France, c’est trois semaines de paix !" Cette année là, afin de dégager du carburant pour les voitures du Tour, on autorise même un camion-citerne rattaché à la caravane du Tour ! 1948 verra la consécration de Gino Bartali et la révélation de Louison Bobet.
Respiration au cœur de l’été, décalé ou pas selon la situation sanitaire du monde, le Tour serait donc plus efficace qu’une cure d’anxiolytiques. Véritable bouffée d’oxygène dans un monde asphyxié par ce satané virus, La Grande Boucle partira ? Partira pas ? La conclusion de Jean Paul Ollivier : "Si le Tour 2020 part, ce sera le premier élément de la résurrection après la tragédie." Amen...
Marie-Christelle Maury
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