: Reportage Mondiaux de cyclisme : dans la folie du Gran Fondo, le Mondial des amateurs
Des paons en liberté sur une pelouse comme seuls les Britanniques savent les entretenir, un château médiéval chargé d’histoire royale, et une dizaine de food-trucks. Ce n’est pas le décor du dernier festival anglais à la mode, mais bien celui d’une épreuve des championnats du monde de cyclisme, qui s'est courue vendredi 4 août, en Ecosse. Nous sommes au Scone Palace, lieu historique de couronnement des rois écossais, en périphérie de Perth, à moins de 100 km de Glasgow.
C’est ici, entre le palais, les vaches et la forêt, que la ligne d’arrivée du Gran Fondo est installée, en cette fin de matinée. Deux heures plus tard, des milliers de cyclistes, venus du monde entier, vont franchir cette arrivée pas comme les autres. Car le Gran Fondo est de loin la plus grande course de ces Mondiaux en termes de participants, et pourtant la moins connue. Derrière cette appellation italienne se cache pourtant un principe simple, puisqu’il s’agit des championnats du monde de cyclisme pour les amateurs.
La France et la Belgique en force
Pour prendre le départ de ces Mondiaux, la seule condition est d’avoir participé à une des 28 courses qualificatives, et de s’être classé dans le premier quart de sa catégorie. Ce qui n’a rien d’évident. Venu de Valence pour l’occasion, Sébastien, quinquagénaire rutilant, témoigne : "C’est une course cyclosportive de longue distance, des épreuves de masses, et chacun pour soi. C’est le cyclisme à l’état pur, avec souvent du dénivelé."
Sur ces Mondiaux, le parcours donnerait en effet le tournis à plus d’un cycliste du dimanche : 160 km avec 1 663 mètres de dénivelé à avaler autour de Perth, à l’Est du pays. Comme le VTT, le Gran Fondo n’a, en effet, pas élu domicile à Glasgow, ville hôte de ces Mondiaux, déjà bien occupée par les autres épreuves. Pour rejoindre les milliers de forçats de la route amateur, il a fallu rouler une bonne heure et demie depuis la cité victorienne, à travers la campagne écossaise et ses collines chauves.
A Perth, un panneau prévient : "Bienvenue au cœur de l’Ecosse". Mais en ce vendredi 4 août, c’est surtout le cœur du vélo qui bat dans cette cité, littéralement envahie par les cyclistes. Le claquement des pédales automatiques, le sifflement des roues libres et la musique à fond donnent le ton, alors que des maillots venus du monde entier sortent de la moindre ruelle et convergent vers le départ. "Bravo aux Belges et aux Français, qui sont les plus nombreux", salue le speaker.
Un peloton de 18 à 85 ans
Car c’est là l’autre privilège de ces amateurs pas comme les autres : ils courent aux couleurs de leur pays, chacun répartis dans des catégories d’âges allant jusqu'à 85 ans, avec des paliers tous les cinq ans. "Je roule avec les 35-39 ans, à une allure moyenne de 40 km/h", avance, par exemple, Damien. Ce Savoyard, qui sera également au départ du contre-la-montre Gran Fondo lundi, ajoute : "Normalement, le Gran Fondo se court seul, sans coéquipier mais là, aux Mondiaux, on se soutient entre compatriotes. D’ailleurs, j’aurais besoin d’alliers tricolores si je veux dynamiter la course comme le font nos compatriotes professionnels (rires)."
Et pour cause : le niveau est élevé, d’autant que d’anciennes gloires du peloton sont au rendez-vous. La rumeur court que Bernard Hinault va prendre le départ, mais, à défaut du Blaireau, on aperçoit Jeannie Longo s’élancer, et Alexandre Vinoukorov se préparer. Sur la ligne de départ, tracée au cœur de Perth, le long du Tay, le plus long fleuve du pays, les catégories s’élancent par vagues, toutes les cinq minutes. Le public, composé de proches mais aussi de locaux curieux, donne de la voix
Gisèle, venue de Cholet et elle aussi parée de bleu-blanc-rouge, est plus ambitieuse : "Je suis championne de France de ma catégorie de la course en ligne et du contre-la-montre, donc pourquoi pas ? C’est un privilège de porter ce maillot, mais celui arc-en-ciel, ça doit être autre chose…"
La Choletaise prend le départ, sous les applaudissements d’un groupe de Français cocardiers, qui encouragent tout ce qui est tricolore. "Mon mari de 75 ans est parti, on l’a suivi jusqu’ici pour profiter de l’Ecosse aussi, et des autres épreuves de ces Mondiaux. Ce nouveau format, c’est top", note Agnès.
Comme elles, beaucoup de proches ont posé des vacances pour soutenir leur champion à eux, avant d’aller voir les stars du cyclisme à Glasgow. Mais ce vendredi, à Perth, les stars étaient bien les milliers d’anonymes qui sont venus se frotter aux routes écossaises par pur amour du vélo.
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