Mondiaux de cyclisme : calendrier unifié, parité entre les athlètes... Un vent de fraîcheur souffle sur le monde du vélo

Pour la première fois de l’histoire, toutes les disciplines cyclistes sont réunies en un même lieu pour des "Super championnats du monde", à Glasgow, depuis jeudi.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Le maillot arc-en-ciel de champion du monde, rêve des tous les cyclistes engagés aux Mondiaux de Glasgow. (AFP)

La quinzaine de degrés qui s’affiche au thermomètre peut être trompeuse. Il n’en est rien : nous sommes bien en plein cœur de l’été à Glasgow et les locaux l’assurent, il fait bon pour la saison. Dans les rues de la cité victorienne, c’est pourtant un autre vent de fraîcheur qui souffle, accompagné de drapeaux aux liserés arc-en-ciel, aux couleurs de l’UCI : celui qui entraîne le cyclisme à l’aube des premiers "Super championnats du monde".

Jusqu'au 13 août, la ville écossaise honore le vélo sous toutes ses formes : route, piste, VTT, BMX… Désormais, cette grande messe cycliste aura lieu chaque été précédant les Jeux olympiques, comme promis par le président français de l’UCI, David Lappartient, à son élection en 2018. La compétition décernera 200 titres à quelques-uns des 2 600 athlètes présents, espère illustrer le renouveau de la petite reine.

Des stars rafraîchissantes

Dans sa longue histoire, c’est la première fois que la grande famille du cyclisme est réunie en un même lieu, hors JO. Seul le cyclo-cross, discipline hivernale, manque à l’appel dans ces mini-Jeux olympiques dédiés à la pédale. Dans la roue des stars du cyclisme sur route, la lumière est ainsi mise sur le VTT, le BMX et la piste. “Médiatiquement, ça change tout pour nous, c’est sûr”, confie par exemple Emmanuel Huber, entraîneur de l’équipe de France de VTT Descente.

La carte des lieux des championnats du monde de cyclisme de Glasgow 2023. (UCI)

Autrefois éparpillés tout au long de l’année (le VTT fin août, la route au début de l’automne, la piste au début du printemps et le BMX en plein Tour de France), les différents championnats du monde sont ainsi regroupés sur dix jours, début août, date qui était, à l’origine, celle des Mondiaux sur route jusqu’aux années 1970. Ce qui bouleverse les habitudes de toutes les disciplines, mais qui ouvre de nouvelles perspectives. En effet, les athlètes polyvalents peuvent ainsi viser plusieurs titres, à l’image de Mathieu van der Poel, candidat déclaré à la course sur route mais aussi au VTT cross-country, tout comme le Britannique Tom Pidcock.

Ces grands noms de la route, habitués du Tour de France et des classiques le reste de la saison, voient ainsi l’occasion de revenir à leurs premiers amours, pour le plus grand bonheur de leurs concurrents. “Pour l’essor du VTT, c’est un super coup de projecteur d’avoir des garçons comme eux qui s’alignent au départ de nos courses, apprécie Yvan Clolus, manager des Bleus du VTT. Ce sont des VTTistes qui se sont mis à la route, qui sont capables de gagner sur tous les terrains. Mais la route est devenue tellement professionnelle, normée, qu’ils reviennent sur le VTT pour retrouver des sensations différentes. Et nous, on apprécie, parce que ça met notre discipline en valeur.”

“Si Pidcock va chercher une médaille sur route, puis vient nous faire la nique en VTT, je dis juste bravo ! C’est la force de ces nouveaux Mondiaux de pouvoir s’aligner sur plusieurs disciplines.”

Yvan Clolus, manager de l'équipe de France de VTT

à franceinfo: sport

Au-delà de leur polyvalence, Van der Poel et Pidcock, comme d’autres dans le peloton (Van Aert, Alaphilippe, Pogacar…) incarnent aussi une “nouvelle génération de coureurs, hors normes et plus ouverts, comme Sagan l'a été”, note Yvan Clolus. Ce sont des joueurs qui dynamitent les courses et cassent les codes." Les amoureux de la pédale auront en effet remarqué que, depuis quelques années, les courses sur route sont de plus en plus débridées et spectaculaires.

Spectacle, égalité et modernité

Bonne nouvelle : l'épreuve des Mondiaux de Glasgow n’y échappera pas, avec un circuit final atypique qui comprend 48 virages en 14 km. “Ce circuit promet d’être très spectaculaire, surtout s’il pleut en plus. Le public va se régaler”, promet Thomas Voeckler, sélectionneur des Bleus de la route.

Pour les autres disciplines, pas besoin de pluie ou de coureurs débridés pour faire le show et rajeunir l’image du cyclisme : le VTT, le BMX et la piste sont, par définition, propices au spectacle. Entre les sauts pour les uns, les chutes pour les autres, le freestyle, les bagarres au coude-à-coude : il y en aura pour tous les goûts dans ces Mondiaux.

Enfin, ce qui fait la fraîcheur de cet évènement, c’est aussi la place enfin accordée au peloton féminin. Pour la première fois, la course en ligne féminine sera diffusée en prime time le dimanche 13 août, en clôture des Mondiaux, et non la veille ou en levée de rideau des hommes. Une programmation due à l’arrivée du Tour de France femmes, mais pas seulement. 

“On sent qu’on est de plus en plus respecté”, glisse Paul Brousse, le sélectionneur des Bleues, Par exemple, le contre-la-montre mixte était toujours mal placé pour nous avant, souvent la veille de notre chrono, donc on ne pouvait pas aligner les meilleures. Cette fois, il a été programmé en bonne intelligence”. Tout comme les épreuves de paracyclisme qui, c'est assez rare pour être souligné, ont lieu en parallèle des courses valides, et non pas a posteriori ou ailleurs. Plus de place pour les femmes, plus de lumière pour les disciplines méconnues, et des athlètes qui cassent les codes : avec ces nouveaux mondiaux, le cyclisme change de braquet et plonge enfin dans le sport moderne. 

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