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Liège-Bastogne-Liège : victime d'une violente chute, Julian Alaphilippe poursuit son histoire contrariée avec la Doyenne

Malchanceux depuis le début de saison, le Français a abandonné sur la 108e édition de Liège-Bastogne-Liège, dimanche. Le grand objectif de sa saison se refuse encore à lui.

Article rédigé par Vincent Daheron, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial à Liège
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Julian Alaphilippe avant le départ de la 108e édition de LIège-Bastogne-Liège, le 24 avril 2022 à Liège. (ERIC LALMAND / BELGA via AFP)

Liège-Bastogne-Liège ne réussit malheureusement pas à Julian Alaphilippe. Alors qu'il courait après sa première victoire sur la Doyenne des classiques, le Français a dû abandonner lors de la 108e édition, dimanche 24 avril, à cause d'une violente chute collective survenue à près de 60 kilomètres de l'arrivée. Conscient, il a immédiatement été transporté en ambulance à l'hôpital pour des examens.

Le bilan est lourd pour le double champion du monde. Peu après 19 heures, son équipe Quick-Step Alpha Vinyl a communiqué le diagnostic. "Deux côtes cassées, l'omoplate cassée et un hémopneumothorax. Sa condition est stable mais nécessite qu'il reste hospitalisé en observation." Il va être transporté en ambulance à Herentals "pour des examens approfondis et pour le soigner".

Bardet-Alaphilippe

En le voyant bloqué sous son vélo dans le profond fossé et contre un arbre, sur le côté droit de la route, tout le monde a de suite compris que la chute était sérieuse. Son compatriote de l'équipe DSM Romain Bardet aussi. "C'était juste un cauchemar, a décrit l'Auvergnat, ému, après l'arrivée. Je suis tombé mais j'étais vraiment bien. Quand j'ai regardé autour, j'ai vu Julian cinq ou six mètres en contrebas, et ça a été un choc émotionnel parce qu'il était en mauvaise situation. Personne ne venait alors que c'était une situation d'urgence. Il ne pouvait pas bouger, pas respirer."

"J'étais choqué"

Romain Bardet est alors rapidement descendu à son secours en enlevant le vélo enchevêtré sur lui, tout en appelant les équipes médicales pour qu'elles interviennent au plus vite. "Personne ne l'a vu, on ne pouvait pas vraiment le voir depuis la route, a poursuivi le grimpeur français. C'était une très mauvaise situation. Après ça, j'étais choqué."

Au mauvais endroit au mauvais moment, aucun reproche ne peut être fait au coureur de la Quick-Step Alpha Vinyl. Bien placé à l'avant du peloton à l'approche du col du Rosier (4,4 km à 5,9%), il n'a pu éviter la chute qui a envoyé valdinguer un bon tiers du peloton. Un épisode malheureux qui symbolise la relation contrastée de Julian Alaphilippe avec la Doyenne des classiques.

Boulette et déclassement en 2020

Depuis ses débuts dans Liège-Bastogne-Liège, en 2015, le puncheur, aujourd'hui âgé de 29 ans, avait compris qu'elle était taillée pour ses qualités. Sa deuxième place pour sa première participation derrière Alejandro Valverde promettait des jours heureux dans les Ardennes alors même qu'il ne comptait qu'une seule victoire chez les professionnels à ce jour (38 succès au total désormais).

Entre deux éditions un peu plus en recul (23e en 2016 et 16e en 2019), Julian Alaphilippe s'était une nouvelle fois montré en pointant son nez au pied du podium en 2018. Mais c'est surtout en 2020 que "Loulou" s'est littéralement vu gagner Liège-Bastogne-Liège. Auréolé de son maillot de champion du monde qu'il avait décroché la semaine précédente, il pensait l'avoir emporté. Sauf qu'au moment de lever les bras, Primoz Roglic le sautait sur la ligne d'arrivée. Le Tricolore était finalement déclassé à la cinquième place pour avoir dévié lors de son sprint.

La saison passée, encore avec son maillot irisé sur les épaules, Julian Alaphilippe avait été battu par plus fort que lui : Tadej Pogacar qui empochait son premier Monument en carrière. Encore raté.

En l'absence du Slovène, forfait samedi pour des raisons familiales, la course pouvait s'ouvrir et enfin lui sourire. Acclamé par la foule belge dimanche matin sur le quai des Ardennes au moment de la présentation des coureurs, Julian Alaphilippe avait de suite été placé parmi les grands favoris de la journée par le speaker : "Aujourd'hui c'est la bonne ?" "Je ne sais pas, j'aimerais bien", répondait le double champion du monde dans un sourire.

Déjà trois chutes cette saison

Quelques heures plus tard, la poisse trop présente pour lui en 2022 l'a rattrapé. Le Tricolore était déjà violemment tombé lors des Strade Bianche (58e, le 5 mars 2022). Plus récemment encore, sur la Flèche brabançonne, le 13 avril dernier, Julian Alaphilippe avait été projeté à terre à cause d'une chute provoquée... par la voiture du directeur sportif de son équipe.

L'essentiel est maintenant ailleurs pour Julian Alaphilippe, loin du résultat ou de la performance tant cette chute a été plus violente que les précédentes. Au vu du lourd diagnostic médical, il devra forcément passer par une longue période de rééducation. Le Français avait déjà prouvé par le passé qu'il était capable de revenir fort après ses fractures du poignet droit survenues au Tour des Flandres 2020 quand il avait percuté une moto.

Il pourra s'inspirer de son coéquipier Remco Evenepoel (22 ans). Le Belge, vainqueur dimanche de son premier monument sur Liège-Bastogne-Liège, était passé proche du pire après une chute dans un ravin lors du Tour de Lombardie 2020. "J'espère que Julian va bien, a tenu à signaler en zone mixte le premier vainqueur belge de la Doyenne depuis 2011. On me l'a dit quelques kilomètres après, c'était une grosse chute, on ne savait pas qui était dedans, c'est dommage que parmi les favoris, ce soit le nôtre qui soit tombé."

L'ambiance était alors très contrastée autour du bus du Wolfpack, entre l'euphorie pour la victoire de Remco Evenepoel et l'inquiétude au sujet de Julian Alaphilippe.

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