Les coureurs pro soulagés du retour prévu des entraînements sur route
La libération est programmée. Confinés depuis le mois de mars, les coureurs cyclistes n'ont plus qu'une dizaine de jours à attendre avant de retrouver la route. Mardi, le Premier ministre Edouard Philippe a indiqué que la pratique d'une activité sportive individuelle "de plein air" ne serait plus soumise aux restrictions du confinement. “Ça va faire du bien de ne plus avoir à remplir une feuille pour sortir de la maison. C'est un soulagement, même s'il faudra rester prudent et respecter les règles”, réagit Julien Simon, l’atout polyvalent de Total Direct Energie.
Premier pas vers un retour à la normale
Les déclarations du gouvernement sont toujours soumises à une confirmation. Le Premier ministre a lourdement insisté : le déconfinement débutera le 11 mai seulement si la situation sanitaire ne s’est pas détériorée d’ici-là. D’autre part, si les restrictions actuelles vont disparaître, d’autres, moins strictes certes, entreront en vigueur. Les départements les plus touchés par le Covid-19 (zone rouge) vivront un déconfinement bien plus strict que les autres (zone verte). Aucune précision n’a encore été donnée quant au découpage choisi par le gouvernement, mais, à partir du 11 mai, les déplacements devront être effectués dans un rayon de 100 km autour du domicile.
“100 km, c’est déjà beau. Ca va m’emmener loin”, se contente Julien Simon. Le coureur de 33 ans veut se concentrer sur le retour du plaisir. “Je veux voir les paysages défiler. Ça va faire du bien de retrouver le grand air", le rejoint Guillaume Martin, le grimpeur arrivé chez Cofidis cette saison. Loin de se sentir entravés par la limite des 100 km, les deux Français imaginent déjà leur première sortie. “Comme j'habite à côté de la côte en Bretagne, je ferai un petit tour le long de la mer, en espérant qu'il fasse beau, parce que cette semaine on n'est pas verni. 80 km pour prendre l'air et respirer... J'imagine que je vais croiser beaucoup de cyclistes. Il ne faudra pas s'arrêter discuter", s’amuse Simon. Martin optera pour un tracé sur les routes vallonnées de son enfance en Normandie.
Tout le monde veut la peau du home trainer
De son côté, le Béarnais Matthieu Ladagnous pourra s’exercer sur le massif du Balaïtous. Interrogé par nos confrères de France 3 Nouvelle Aquitaine, le vétéran de la Groupama-FDJ reste pragmatique. "Il faudra réhabituer le corps à la selle, aux vibrations. En une quarantaine de km, c'est largement suffisant. Surtout qu'avant la reprise, on fera une coupure de plusieurs jours", analyse celui qui va souffler ses 36 bougies en fin d’année. Au-delà d’une libération, le retour sur route va couper la routine calibrée du confinement, bercée par le rythme lancinant du home trainer. Les coureurs vont renouer avec l’essence de leur métier.
“Si je fais du vélo, ce n'est pas pour faire le hamster dans un garage”, décrit Guillaume Martin. Comme la plupart des membres du peloton, le grimpeur de 26 ans n’en peut plus des séances de home trainer. Ce n’est pas bien plus glorieux pour Julien Simon. Engagé sur une étape du Tour de Suisse virtuel, il est resté bloqué sur la ligne de départ. "Peut-être que je commence à être dépassé avec la technologie”, en rigole-t-il. Le retour des entraînements sur route constituera un premier pas, timide, vers un retour à la normale.
Toujours un doute
"Maintenant on attend les dates officielles de retour à la compétition. Tout est encore flou. Nous sommes dans l’attente. J’ai vu que la saison de foot est terminée. Le Tour de France n’est pas à l’abri”, développe Simon. Dans ses déclarations, Edouard Philippe a prévu l’annulation des “rassemblements de plus de 5000 personnes avant le mois de septembre”. Problème, le départ de la Grande Boucle a été reprogrammé au 29 août. Mais cela jette surtout un flou sur l’appréhension d’un retour à la compétition.
Les championnats de France (prévus le 23 août) et le Critérium du Dauphiné, étape de préparation traditionnelle au Tour, sont menacés. Plus largement, c’est la question des stages en altitude qui se pose. Un grimpeur comme Guillaume Martin, focalisé sur le classement général, aura besoin d’avaler du relief pour jouer des coudes avec les meilleurs. Ce n’est pas en Normandie qu’il pourra le faire. Il y a donc toujours de l’inquiétude chez les coureurs, qui pourraient, dans le pire des cas, se préparer pour des échéances impossibles à tenir.
“C’est pour ça que je me suis entretenu sans griller mes cartouches. Il n’y aura pas de compétition avant fin août, au mieux. J’ai vu que le Tour d'Allemagne a été annulé. On va d'abord retrouver du plaisir. Si un jour j’ai envie de faire une séance de 2 heures, je m’adapterai en fonction de mes sensations. A l’heure actuelle, le plus important c'est de ne pas trop dépenser d'énergie et prendre un peu de plaisir en retrouvant la route", analyse Julien Simon.
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