La Vendée terre de vélo
Un homme : Jean-René Bernaudeau
Vendée, cyclisme et Bernaudeau, un cocktail explosif qui marche depuis la fin des années 1970. Un cocktail en perpétuelle évolution que le Vendéen remet chaque année au goût du jour. Le natif de Saint-Maurice-le-Girard commence par briser la glace en 1978 chez Renault-Gitane sous la coupe de Cyrille Guimard. Pétillant dans le sillage de Bernard Hinault, Bernaudeau le puncheur passe très vite du rang d'espoir à celui de décideur. Mais ses belles places sur la Vuelta, son coup de force sur le Giro (vainqueur sur les pentes du Stelvio), son maillot jaune sur le Tour 1979 et sa première victoire sur le Midi-Libre (1980) le poussent à sortir rôle de faire-valoir pour le géant Hinault. Peugeot lui tend les bras et lui offre le seul statut à la mesure de son talent, celui de leader. Le Chouan se mue en chef mais le train blanc à damiers n'a pas la même allure que la locomotive des abeilles de la Régie où un certain Laurent Fignon a lui aussi des fourmis dans les jambes. Malgré quelques coups de Trafalgard chez Peugeot (1981-82), Wolber (1983), Système-U (1984) et Fagor (1985-88), Bernaudeau s'égare. La tunique est trop grande pour lui. Son passage chez les pros s'achève avec 67 victoires au compteur dont quatre Midi-Libre. Au sortir de cette belle carrière lui vient l'envie de transmettre le flambeau chez lui en Vendée. En 1990, deux ans après avoir quitté le peloton, il creuse son sillon en repérant et en formant les espoirs de sa région. Les fondations sont posées pour monter Vendée-U, sa structure en élite amateurs. Puncheur il était, puncheur il reste. En 2002, le Chouan décide de sauter à nouveau le pas vers les pros. Avec la réussite qu'on lui connaît, vingt-et-un ans plus tard.
Un haut lieu : Le passage du Gois
On aurait pu choisir Les Herbiers, site du Chrono des Nations, ou le Puy du Fou, hôte du grand départ du Tour en 1993 et 1999. Loin du mont des Alouettes et des mythes du Moyen-Age, c'est une petite bande de goudron longue de quatre kilomètres à peine plus large qu'une rangée de cinq coureurs reliant l'île de Noirmoutier au continent qui s'est imposée. Une tranchée d'Arenberg à la mer. On n'y gagne pas le Tour de France mais il se peut qu'on le perde comme ce fût le cas d'Alex Zülle en 1999 (voir plus bas). Submersible selon les marées, le passage du Gois s'offre au sable et à l'eau. Ce n'est pas Holiday on Ice mais le sol parfois glissant rend la tâche des coureurs délicate. Programmé en ouverture de Tour de France (ndlr : lieu du départ réel de la 1ère étape), il n'est pas dit que le peloton y foncera tête dans le guidon.
Une date : 5 juillet 1999
Impitoyable histoire de la Grande Boucle qui glorifie ses acteurs et impose sa dramaturgie. Alors que le premier Tour de l'après-Festina cherche son nouveau patron et qu'Armstrong ne s'est pas encore révélé, un coureur piaffe d'impatience sur ses cale-pieds. Délesté de quelques aveux et de sa courte suspension, Alex Zülle revient en compétition avec la formation Banesto. Plus que jamais le Tour est son objectif. Mais la poisse poursuit le Suisse qui est pris dans une chute collective sur le passage du Gois. En plein cur du goulet, les dominos tombent un à un emportant avec eux un Zülle impuissant face à ces éléments contraires. Balancé par le Suisse lors de l'affaire Festina (ndlr: Zülle a indiqué que le recours à l'EPO était également pratiqué dans son ancienne équipe Once), Manolo Sainz se montre sans pitié pour son ancien coureur. On ne brise pas l'omerta dans le cyclisme sans représailles. Zülle ne reviendra jamais sur l'avant de la course où les Once et les US Postal roulent de concert après cette chute. Tant pis pour le code d'honneur du peloton
Les six minutes et dix secondes perdues à St-Nazaire pèseront cher dans la besace du Suisse, deuxième à Paris, à "seulement" 7'37" de Lance Armstrong.
La dernière fois : 2005
Le Tour de France garde toujours un il dans le rétro. A intervalles réguliers, les terreaux fertiles du cyclisme français sont revisités. Ressemés. S'il n'a pas la même histoire ni produit autant de champions, la Vendée en fait partie au même titre que la Bretagne ou le Nord. Devant l'immense succès populaire du grand départ du Puy du Fou en 1999 et la dramatique étape empruntant le passage du Gois, il était acquis que le Tour reviendrait rapidement dans cette région. Six ans plus tard, la Vendée réécrit donc le feuilleton du mois de juillet. Vainqueur du contre-la-montre initial de 19 km le 2 juillet 2005, l'Américain David Zabriskie en est le premier héros devant son compatriote Lance Armstrong. Clin de l'histoire, ce dernier termine cette année là sa campagne victorieuse de sept tours consécutifs en repassant sur les routes de son premier succès. Le lendemain, Tom Boonen écrase le sprint entre Challans et Les Essarts, remportant la troisième de ses six étapes sur le Tour.
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