Cet article date de plus de treize ans.

La pluie pour les nuls

Les clichés sur la Bretagne ont de beaux jours devant eux. De Lorient à Mûr-de-Bretagne de l’eau a coulé sous les cale-pieds. Avec le vent, la pluie est l’ennemi N.1 du coureur cycliste. Petite leçon de course sous la pluie.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Jérémy Roy (FDJ) s'échappe sous la pluie (JOEL SAGET / AFP)

Un vélo adapté
Puisqu’on ne peut pas rouler avec un parapluie vissé au cadre comme une ombrelle sur une poussette, on adapte ce qu’on peut adapter en cas de pluie. La peur de la glissade guide les coureurs. Yohann, mécanicien chez AG2R-La Mondiale préconise ainsi une diminution de la pression des pneus afin d’avoir une plus grande surface d’adhérence. « On dégonfle. On passe de 7,8 bars par temps sec à 7,2 quand il pleut », explique-t-il. L’autre souci majeur concerne le freinage. Selon le type de roue, en carbone ou en alu, on choisit les patins les plus efficaces, c’est-à-dire ceux qui ne vont pas glisser sur la jante.

Imperméable ou presque
Puisqu’on ne passe pas à travers les gouttes, il convient de tout faire pour éviter à l’eau de s’infiltrer jusqu’à la peau. Les muscles durcissent et le froid peut engendrer des conséquences sur la santé du coureur. Ça passe par les vêtements jusqu’à l’huile qui fait glisser la pluie sur les cuisses. « On essaie de s’habiller plus chaudement, d’être plus étanche à la pluie », conseille le rouleur sarthois Jimmy Engoulvent (Saur-Sojasun). Des gants plus ou moins longs. Des vêtements de pluie avec ou sans manche, une « bâche » dans le jargon. Des sur-chaussures. Tout un attirail qu’on retrouve en double ou en triple dans les sacs de pluie glissés dans les voitures et qui provoquent un balai incessant à l’arrière de la course pour se changer si besoin est. « En revanche, quand on est échappé, on enlève tout, explique l’ancien champion de France sur routes Florent Brard. Avec les efforts produits, on a vite chaud. Bien plus chaud qu’au cœur du peloton. »

Rouler toujours placé
Puisqu’on n’a pas d’essuie-glace sur les lunettes, il faut garder les yeux grands ouverts. Sous la pluie, le peloton s’étire et les marges s’allongent. Pas deux lignes blanches comme sur l’autoroute mais au moins un petit décalage, autant pour la sécurité que les projections d’eau. « Il faut une marge de sécurité plus importante en cas de freinage imprévu, ajoute Jimmy Engoulvent. C’est à nous de gérer ça. Ce n’est pas toujours évident car il y a une forme de tension avec l’enjeu important dans le final. » Le Sarthois fait également allusion au placement nécessaire en vue du final qu’il convient de soigner davantage que sur une journée normale. « Il faut se faire violence au niveau du placement car c’est primordial. C’est surtout le cas à l’approche du final comme à Mûr-de-Bretagne. » Pour éviter les chutes en virage, Engoulvent élargit aussi sa trajectoire. « On vire moins vite donc la relance plus importante », lâche-t-il. Quant aux bandes blanches, « ne jamais tourner dessus ».

Un mental à toute épreuve
Puisque les champions naissent aussi sous la pluie, le mental est indispensable sur le mouillé. Pluie, froid, nervosité, trois facteurs qui fragilisent le coureur mouillé. Et on écarte volontairement le vent… Dans ces conditions, c’est souvent le plus motivé qui fait la différence. Le cyclisme est un sport de durs au mal. Si on ajoute une difficulté supplémentaire dans les jambes et dans les têtes, une nouvelle sélection d’opère. En temps de pluie, ce n’est pas rare d’entendre la moitié du peloton geindre et attendre l’arrivée bien au « chaud ». 50% en moins pour la victoire, c’est une occasion à saisir pour les courageux comme Jimmy Engoulvent. Malheureusement, sur un Tour de France, tout le monde fait le métier, surtout en première semaine. « On est au Tour et il y aura du monde à être motivé, confirme le rouleur de Saur-Sojasun. La pluie ne me dérange pas mais ce n’est pas cela qui va me faire remporter une étape ». Vivement le soleil alors !

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