La pluie pour les nuls
Un vélo adapté
Puisquon ne peut pas rouler avec un parapluie vissé au cadre comme une ombrelle sur une poussette, on adapte ce quon peut adapter en cas de pluie. La peur de la glissade guide les coureurs. Yohann, mécanicien chez AG2R-La Mondiale préconise ainsi une diminution de la pression des pneus afin davoir une plus grande surface dadhérence. « On dégonfle. On passe de 7,8 bars par temps sec à 7,2 quand il pleut », explique-t-il. Lautre souci majeur concerne le freinage. Selon le type de roue, en carbone ou en alu, on choisit les patins les plus efficaces, cest-à-dire ceux qui ne vont pas glisser sur la jante.
Imperméable ou presque
Puisquon ne passe pas à travers les gouttes, il convient de tout faire pour éviter à leau de sinfiltrer jusquà la peau. Les muscles durcissent et le froid peut engendrer des conséquences sur la santé du coureur. Ça passe par les vêtements jusquà lhuile qui fait glisser la pluie sur les cuisses. « On essaie de shabiller plus chaudement, dêtre plus étanche à la pluie », conseille le rouleur sarthois Jimmy Engoulvent (Saur-Sojasun). Des gants plus ou moins longs. Des vêtements de pluie avec ou sans manche, une « bâche » dans le jargon. Des sur-chaussures. Tout un attirail quon retrouve en double ou en triple dans les sacs de pluie glissés dans les voitures et qui provoquent un balai incessant à larrière de la course pour se changer si besoin est. « En revanche, quand on est échappé, on enlève tout, explique lancien champion de France sur routes Florent Brard. Avec les efforts produits, on a vite chaud. Bien plus chaud quau cur du peloton. »
Rouler toujours placé
Puisquon na pas dessuie-glace sur les lunettes, il faut garder les yeux grands ouverts. Sous la pluie, le peloton sétire et les marges sallongent. Pas deux lignes blanches comme sur lautoroute mais au moins un petit décalage, autant pour la sécurité que les projections deau. « Il faut une marge de sécurité plus importante en cas de freinage imprévu, ajoute Jimmy Engoulvent. Cest à nous de gérer ça. Ce nest pas toujours évident car il y a une forme de tension avec lenjeu important dans le final. » Le Sarthois fait également allusion au placement nécessaire en vue du final quil convient de soigner davantage que sur une journée normale. « Il faut se faire violence au niveau du placement car cest primordial. Cest surtout le cas à lapproche du final comme à Mûr-de-Bretagne. » Pour éviter les chutes en virage, Engoulvent élargit aussi sa trajectoire. « On vire moins vite donc la relance plus importante », lâche-t-il. Quant aux bandes blanches, « ne jamais tourner dessus ».
Un mental à toute épreuve
Puisque les champions naissent aussi sous la pluie, le mental est indispensable sur le mouillé. Pluie, froid, nervosité, trois facteurs qui fragilisent le coureur mouillé. Et on écarte volontairement le vent
Dans ces conditions, cest souvent le plus motivé qui fait la différence. Le cyclisme est un sport de durs au mal. Si on ajoute une difficulté supplémentaire dans les jambes et dans les têtes, une nouvelle sélection dopère. En temps de pluie, ce nest pas rare dentendre la moitié du peloton geindre et attendre larrivée bien au « chaud ». 50% en moins pour la victoire, cest une occasion à saisir pour les courageux comme Jimmy Engoulvent. Malheureusement, sur un Tour de France, tout le monde fait le métier, surtout en première semaine. « On est au Tour et il y aura du monde à être motivé, confirme le rouleur de Saur-Sojasun. La pluie ne me dérange pas mais ce nest pas cela qui va me faire remporter une étape ». Vivement le soleil alors !
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