Kristoff, pas qu'un sprinteur
Peter Sagan s'est encore fâché tout rouge. Malgré son maillot vert sur le dos, il n'a pas encore réussi à remporter une étape sur ce Tour 2014. A St-Etienne, le Slovaque a subi le joug d'Alexander Kristoff. Et c'est loin d'être une surprise car il fait désormais partie des noms qui comptent dans les courses musclées. Depuis plusieurs saisons, le cyclisme norvégien est porté à bout de bras par les merveilleux ambassadeurs que sont Thor Hushovd et d'Edvald Boasson Hagen. Pour Alexander Kristoff, la lumière a mis du temps à venir. A l'origine, il est un sprinteur rapide capable d'aligner son aîné Thor Hushovd au Championnat de Norvège en 2007 alors qu'il n'est âgé que de 19 ans. Mais à l'instar de Boasson Hagen, qui a le même âge que lui (27 ans), il peut aussi avaler les kilomètres et franchir les reliefs. Contrairement à "EBH", son talent ne lui a toutefois pas ouvert les portes des plus grandes écuries mondiales.
La révélation au Tour des Flandres
Alors Kristoff a patiemment travaillé avec son entraîneur et beau-père Stein Orn. Remarqué après de très nombreuses places d'honneur, il a été recruté en 2010 par BMC, où il a côtoyé Cadel Evans et Alessandro Ballan, avant de rejoindre Katusha en 2012 où il a étoffé son sprint avec pour maître l'Allemand Erik Zabel, six fois maillot vert du Tour de France. Mais comme la plupart des sprinteurs, il a fini par élargir son registre. Quand l'équipe russe l'a envoyé sur les classiques, il a eu une révélation. Avec sa 15e place sur son premier Tour des Flandres (en 2012), "j'ai compris que je pouvais être autre chose qu'un sprinteur", confie-t-il. Ce résultat a modifié son approche de la course et sa façon de s'entraîner. Après le Ronde, le médaillé de bronze olympique de la course en ligne (2012) a orienté son entraînement vers ce type de courses, tout en prenant soin de toujours entretenir sa pointe de vitesse. A l'image d'un Tom Boonen, il a réussi sa mue en terminant 4e et 5e du Tour des Flandres en 2013 et 2014 et 9e à Paris-Roubaix en 2013.
La consécration à Milan-Sanremo
Mais il manquait encore la consécration. Elle est arrivée en mars dernier avant les Flandriennes. Kristoff a résisté au froid et à la pluie pour remporter un Milan-Sanremo dantesque (294 km). Par plus de trente degrés, il a remis ça sur le Tour. L'émotion est moins forte mais le Norvégien a quand même pris son pied. "C'est la deuxième plus grande victoire de ma carrière. Mes équipiers ont vu qu'ils pouvaient me faire confiance. Dans le final, j'étais un peu nerveux, j'avais peur d'être enfermé et d'ailleurs j'ai perdu mes équipiers, Luca Paolini et Alexander Porsev, dans le dernier kilomètre, raconte-t-il. J'ai pris la roue de Matteo Trentin qui était bien emmené et j'ai pu commencer mon sprint où je voulais le faire. C'est un sentiment formidable que d'arriver à gagner." Quand on commence à goûter au succès, on ne demande qu'à recommencer.
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