Julian et Franck Alaphilippe, la victoire en famille
A Epernay, Franck Alaphilippe s’est replongé une quinzaine d’années en arrière. Emu, il a revu un gamin hyperactif dépenser toute son énergie sur un vélo et lever les bras. Un môme à part, son cousin Julian, qu’il a tout de suite pris sous son aile. "Je m’occupe d’un centre d’entraînement, raconte Franck. Quand Julian a décidé de faire du vélo, ça coulait de source que je lui apporte les premiers conseils dans les catégories de jeune." Une relation de confiance unique, presque fusionnelle, lie désormais les deux hommes qui ont grandi ensemble des cadets jusqu’au plus haut niveau. Quand il a pris son premier maillot jaune à Épernay, Julian a rapidement retrouvé son cousin. "Nous sommes tellement fusionnels que j’espère qu’il est aussi heureux que moi", avait-il souri.
Une relation unique
Le passage dans le monde professionnel et l’irrésistible ascension de l’actuel N.1 mondial n’a rien changé. Bien plus âgé que son cousin (52 ans), l’entraîneur de Saint-Amand-Montrond avait pourtant prévu de s’effacer au pied du pullman des Etixx-Quick Step. De laisser les clés de la Formule 1 à la structure de Marc Lefevere. "A son passage chez les pros, je l’ai rassuré en lui disant qu’il y avait de très bons entraîneurs dans ces équipes, explique-t-il. Il a essayé mais ça n’a pas marché très longtemps."
"Je le connais tellement par coeur"
Coureur à l’instinct, le même qu’à ses débuts, Julian se moque comme de ses premières socquettes des tonnes de données qui abreuvent les coureurs pro et les entraîneurs. Les watts, les courbes de puissances, très peu pour lui. Au bout de dix jours, il est revenu en courant vers son cousin, la tête farcie par cette orgie de chiffres et l’impossibilité d’en extraire la moelle pour le staff belge. "Je le connais tellement par coeur que quand ça ne va pas, en cinq minutes je comprends d’où vient le problème, reprend Franck Alaphilippe qui avait pris l’habitude de lui dessiner les parcours de cyclo-cross et les endroits où il devait accélérer. On a donc continué ensemble et l’équipe Quick Step l’a compris." "Il m’apporte tellement que c’est difficile de résumer, reconnaît le numéro un mondial. C’est une personne très importante pour moi et je suis très heureux qu’il soit ici, sur le Tour".
Les deux Alaphilippe chez Deceuninck - Quick Step
Les résultats aidant, le tandem est vite devenu inséparable. Tellement indissociable que Franck va rejoindre l’équipe Belge pour les deux prochaines saisons. L’agent territorial va se mettre en disponibilité pour être au plus de son cousin qui vient de déménager en Andorre. "Du fait de son éloignement, Julian souhaitait m’avoir auprès de lui toute l’année", reconnaît-il. Une petite révolution pour lui car à la demande de l’équipe Deceuninck, il aura d’autres coureurs sous son aile. "C’est intéressant pour ma carrière et je vais pouvoir partager ce que j’ai mis en place pour Julian."
Un bonheur partagé
En attendant, Franck Alaphilippe passe le meilleur été de sa vie. Si le premier succès de Julian en haut du mur de Huy reste en tête de ses meilleurs souvenirs, le Tour 2019 marque une tournant dans leur aventure. Une épopée dorée qu’il n’avait pas vu venir. "Je le vis comme lui, c’est fantastique d’autant qu’il ne partait pas pour gagner le Tour ou avoir le maillot plus d’une dizaine de jours, se délecte-t-il. Il partait pour vivre une journée avec le maillot jaune. C’est que du bonheur. Et il me le fait partager, c’est incroyable." Si près de Paris, ça serait dommage de ne pas boucler la boucle. "On s’appelle tous les soirs, on s’envoie plusieurs messages. Julian ne va rien lâcher. Il n’aura rien à regretter."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.