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Tour de France : Pris dans l'étau Jumbo-Ineos, Julian Alaphilippe donne rendez-vous aux favoris

Après avoir perdu son maillot jaune suite à une pénalité pour ravitaillement illégal entre Gap et Privas, Julian Alaphilippe était attendu sur la sixième étape entre Le Teil et le Mont Aigoual. D’autant que le final semblait convenir aux qualités du puncheur français, qui comptait 16 secondes de retard sur le maillot jaune Adam Yates. En attaquant dans le final, il n'a repris qu'une seconde. Mais l'avertissement est là.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
  (MARCO BERTORELLO / AFP)

Depuis sa première participation au Tour de France en 2016, Julian Alaphilippe a pris l’habitude d’y briller, ou du moins d’y sourire. Surtout depuis 2018, et sa première victoire au Grand-Bornand. Mais en 2020, après avoir chipé le maillot jaune dès la deuxième étape en faisant du Alaphilippe pur jus, il a perdu son sourire et le jaune à l’arrivée de la cinquième, à Privas, à cause d’un ravitaillement irrégulier. Forcément vexé par cette erreur qui lui coûte cher, Julian Alaphilippe devait réagir entre Le Teil et le Mont Aigoual.

Le roi Julian n’a pas abdiqué

Avec une ascension de 1e catégorie suivie du 13 km roulants, le finale de la 6e étape avait toutes les caractéristiques pour convenir au puncheur français. "Je vais me relever et puis on n’en parle plus", avait averti mercredi le Français, regard noir, alors qu’il apprenait la perte de sa tunique jaune. "Quand il a dit mercredi qu’il allait 'se relever', on pouvait avoir deux interprétations possibles : est-ce qu’il voulait dire je repars de l’avant, ou je sors du peloton des leaders et je vise des étapes en fin de Tour ?", s'interroge Yoann Offredo, consultant France Télévisions.

"Il reprend une seconde anecdotique, mais il montre qu’il n’est pas venu pour enfiler des perles"

Sur un parcours qui lui convenait, Julian Alaphilippe n’a pas trouvé l’opportunité d’attaquer entre le Teil et le Mont Aigoual. Toutefois, nul doute qu’il l’attendait, vue son attitude à l’arrivée. En effet, c’est lui qui a lancé le sprint du peloton pour tenter de reprendre quelques secondes au maillot jaune, Adam Yates (Mitchelton-Scott). "En agissant ainsi, il a donné la réponse : en arrivant avec les leaders, et en les attaquant sur la fin, il a montré qu’il était un des patrons du Tour. Il reprend une seconde anecdotique, mais il montre qu’il n’est pas venu pour enfiler des perles", apprécie Yoann Offredo.

Impuissant face à la Jumbo-Visma ?

Une petite seconde, un maigre butin, mais son attitude offensive sur ce sprint en dit effectivement long sur sa détermination à récupérer le maillot. D’ailleurs, son coéquipier Rémi Cavagna confirme : "Il est calme, serein, en forme. Il va nous surprendre dans les jours à venir. Je le sens bien". Mais pas sur cette 6e étape. Et pour cause, Alaphilippe était pris en étau entre les deux armadas Jumbo-Visma et Ineos-Grenadiers. Ajoutez à cela l’équipe du maillot jaune, et vous obtenez une étape totalement cadenassée. "La Jumbo est surpuissante, ils ont une force collective, ils ont recruté les meilleurs coureurs. C’est un peu le Real Madrid du cyclisme", illustre Yoann Offredo.

Toutefois, l’espoir demeure pour Alaphilippe de remettre le maillot jaune, même si les Pyrénées se profilent dès ce week-end. "Julian Alaphilippe en jaune après les Pyrénées, ça arrangerait beaucoup de monde dans le peloton, à commencer par Ineos et Jumbo. On est qu’à la sixième étape : la Jumbo a-t-elle envie de prendre le jaune dès les Pyrénées, et donc de devoir le défendre pendant deux semaines ? Je ne pense pas. Mais attention : personne ne le redonnera à Julian. Il va devoir aller le chercher", prévient Offredo. Pour cela, le Français pourrait compter sur des alliés de circonstances, comme il l’avait fait l’année dernière avec Thibaut Pinot sur la route de Saint-Etienne. A l’époque, cette attaque conjointe avait permis à Alaphilippe de reprendre le jaune, perdu deux jours plus tôt, et à Pinot de prendre du temps sur les favoris.

De toute façon, il faut s’attendre à voir le puncheur de la Deceuninck-Quick Step à l’attaque. La seule question, c’est quand ? "Ce qui fait la force de Julian c’est d’être présent quand on l’attend mais aussi quand on ne l’attend pas. C’est un gagneur. Il va se battre jusqu’au bout. Il est capable d’un coup de force à tout moment", prophétise Yoann Offredo. Et si dans les prochains jours on ne recense aucune étape de puncheur, il pourrait de nouveau briller dans les Pyrénées, comme en 2018 lors de sa victoire à Bagnères-de-Luchon. Le principal intéressé a prévenu : "Il reste encore beaucoup d’opportunités de se faire plaisir". Et de nous faire plaisir.  

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