Cet article date de plus de quatre ans.

Tour de France : Julian Alaphilippe en jaune, mais jusqu'à quand ?

Alors qu'il va entamer son troisième jour en jaune sur le Tour de France 2020, le 17e en deux ans, Julian Alaphilippe continue d'affirmer qu'il ne le gardera pas jusqu'au bout. Jeudi ? En deuxième semaine ? Mais jusqu'à quand va-t-il le garder ?
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

L'an dernier, il avait épaté. En puncheur patenté, Julian Alaphilippe avait l'habitude de briller sur les classiques, sur les parcours accidentés et dans les côtes pentues mais très courtes. Le Français avait finalement réussi à passer 14 jours avec le maillot jaune sur les épaules sur le Tour de France, empochant deux étapes au passage et terminant 5e du classement général final. Mais cette année, il ne fallait pas attendre pareil scénario. "L'objectif est très clair, je ne suis pas venu ici pour le classement général", a-t-il martelé jeudi à Nice, avant le départ de la Grande Boucle 2020.

"On ne pourra pas tenir comme ça longtemps"

Mais voilà, le coureur de la Deceuninck-Quick Step a très vite regoûté au maillot jaune après sa victoire lors de la deuxième étape. Et depuis, il ne l'a pas perdu. Alaphilippe a même fait travailler toute son équipe pour le garder lors de la première explication en montagne ce mardi. Alors, forcément les espoirs du public français de voir un tricolore parader sur les Champs-Elysées ont été ravivés, 35 ans après la dernière victoire de Bernard Hinault.

Un 17e jour paré de jaune sur le Tour de France se profile pour le coureur de 28 ans, mais il faut voir plus loin et admettre qu'il y aura forcément des adieux. Lui-même l'a dit après avoir pris la 5e place de la 4e étape ce mardi, déçu de ne pas avoir réussi à se battre pour la gagne. "Forcément, dans le final j'aurais bien aimé gagner. C'est ce que j'ai essayé de faire mais le tempo était très élevé. J'étais au rupteur. Je tiens à remercier mon équipe pour son travail aujourd'hui, du kilomètre zéro jusqu'au moment ou Bob [Jungels] s'est écarté dans la dernière ascension. Par contre, on ne pourra pas tenir comme ça longtemps car je n'ai pas envie de ruiner [les objectifs] de l'équipe", a déclaré Alaphilippe à notre micro.

Même s'il a gagné dimanche et même s'il était parmi les meilleurs ce mardi, le Français connait ses limites. Naturellement, il continuera à se battre pour conserver le maillot jaune, avec l'idée de continuer à honorer son père, décédé il y a deux mois. Mais s'il fléchit déjà face à des coureurs comme Primoz Roglic (Jumbo-Visma), Tadej Pogacar (UAE), Guillaume Martin (Cofidis) et Nairo Quintana (Arkéa-Samsic) sur son terrain de chasse, il finira par plier à un moment. Reste à savoir à quand.

Attention aux 6e et 8e étapes

A priori, il ne le perdra pas lors de la 5e étape, promise à une bataille entre sprinteurs. Le prochain test se présentera jeudi avec une étape quelque peu similaire à celle arrivée à Orcières-Merlette. Tout se jouera dans l'ascension finale, cette fois celle menant au Mont Aigoual, une ascension en trois étapes avec l'assez difficile Col de la Lusette (11.7km à 7.3%) en son milieu. Si Julian Alaphilippe était déjà "au rupteur" ce mardi, il risque de souffrir dans les roues des autres leaders.

Il ne faut pas oublier que le Français a beau être très fort, il est beaucoup moins aérien que l'an passé. Sa victoire à Nice a par exemple mis fin à une disette de plus de 13 mois. Le natif de Saint-Amand-Montrond n'avait plus gagné depuis le contre-la-montre de Pau l'an dernier. Et quand il est arrivé à Nice pour jouer le sprint, Adam Yates (Mitchelton-Scott) et Marc Hirschi (Sunweb) avaient réussi à tenir sa roue après un effort lactique qui avait l'habitude de décramponner n'importe qui.

Si Alaphilippe survit à cette 6e étape, il devra remettre le couvert lors de la 8e. Deux cols de première catégorie (Menté et Peyresourde) et un hors catégorie (Port de Balès) seront au programme. Face à un parterre de grimpeurs, le puncheur tricolore souffrira s'il n'a pas la condition qui était la sienne l'an dernier, notamment sur le Tourmalet. Celui qui ne possède déjà que 4 secondes d'avance sur Adam Yates est sous la menace de 16 coureurs à moins de 17 secondes. Dans les tests qui s'offriront à lui, il ne devrait pas gagner de temps. Il est vulnérable. La moindre victoire d'un Primoz Roglic (7 secondes derrière), même au sprint, le forcerait à abandonner sa précieuse tunique.

Dans le meilleur des scénarios, Julian Alaphilippe serrerait les dents jusqu'à la fin de la première semaine pour conserver son léger avantage. Cela lui permettrait de se refaire une condition entre la journée de repos et les quelques étapes "faciles" qui feront office de reprise. Le nouveau gros test, l'étape 13 entre Châtel-Guyon et Pas de Peyrol, pourrait à nouveau le désarçonner. Et on ne parle ici que d'un scénario idéal. Selon toute vraisemblance, le Français aura déjà retrouvé sa tunique bleue et blanche d'ici-là, probablement jeudi ou samedi.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.