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Tour de France 2019 : sur le Prat d'Albis, Julian Alaphilippe cède pour la première fois

Julian Alaphilippe, porteur du maillot jaune depuis la première semaine du Tour de France, a montré ses premiers signes de faiblesse lors de la 15e étape entre Limoux et le Prat d'Albis. Un premier coup d'arrêt logique, comme le reconnaît lui-même le Français.
Article rédigé par Hugo Monier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

La question devait commencer à user l'esprit des favoris. Jusqu'où pouvait tenir Julian Alaphilippe ? Maillot jaune du Tour de France depuis le 13 juillet, après l'avoir déjà porté du 8 au 10, le coureur de la Deceuninck Quick-Step a montré pour la première fois des signes de faiblesse dans la 15e étape entre Limoux et Foix-Prat d'Albis. Onzième, il a cédé une partie de son avance (1'16 à Pinot, 27 secondes à Thomas) à quatre jours d'un triptyque décisif dans les Alpes. 

Le Français a-t-il déjà fait le deuil de son maillot jaune, qu'il devrait conserver au moins jusqu'à Valloire, jeudi prochain ? "Je me suis battu avec ce qui me restait dans les jambes pour conserver le maillot car je suis très fier de l'avoir sur les épaules, a-t-il expliqué à l'arrivée. Je vais continuer à me battre. J'ai un peu l'étiquette du potentiel vainqueur car cela fait dix jours que je suis en jaune, mais je suis réaliste sur ce qui nous attend." Réaliste, c'est sans doute le mot le plus juste pour adresser sa situation. Alaphilippe n'a pas failli, pas craqué, non. Après avoir surpris son monde lors du contre-la-montre individuel de Pau, remporté largement, puis avoir suivi les favoris sur le Tourmalet, l'étape du jour a semblé un juste retour à l'ordre des choses. 

"Je suis cramé"

Le puncheur, même au sommet de sa forme, ne pouvait pas batailler indéfiniment avec les spécialistes des ascensions en altitude. "C'est très difficile, je m'y attendais, a-t-il souligné. Je ne suis pas déçu, je suis juste complètement épuisé. Ce n'est pas une surprise pour moi de craquer comme ça face aux meilleurs grimpeurs en fin de deuxième semaine avec tout ce que j'ai donné, tout ce que j'ai fait hier où j'ai vraiment puisé dans mes réserves. Aujourd'hui, il n'y avait pas grand chose à faire de plus, je suis cramé." 

S'il conserve encore 1 minutes et 35 secondes d'avance sur Geraint Thomas (Ineos), Alaphilippe redoute l'arrivée dans les Alpes jeudi prochain, pour trois étapes qui décideront du Tour. "La haute montagne ne fait que commencer, après le Tourmalet samedi, dans les Alpes ça va être un gros chantier, a-t-il insisté, comme pour relativiser sa performance d'avoir tenu le maillot jaune jusque-là. Aujourd'hui, c'est la preuve qu'on ne peut pas être partout. (...) L'ambition de gagner le Tour, elle n'est pas venue avec la pluie aujourd'hui. Cela ne change rien."

Pinot était trop fort

Alaphilippe aurait-il limité les dégâts s'il n'avait pas tenté de suivre Thibaut Pinot dans les derniers kilomètres ? Le leader de la Groupama-FDJ, décidément le plus à l'aise en montagne, est parti à sept kilomètres de l'arrivée avec sur son porte-bagage Egan Bernal (Ineos), Emmanuel Buchmann (Bora-Hansgrohe) et Alaphilippe. Le maillot jaune a été le premier à céder, avant d'être repris par Geraint Thomas. Le deuxième du général a alors placé une attaque pour décrocher le Français et grignoter son avance au classement. 

"On peut toujours refaire la course, justifie-t-il. J'aurais pu ne pas y aller, je me sentais bien quand j'y suis allé, je me suis senti moins bien quelques kilomètres après. Défendre un maillot jaune, ce n'est pas ce que j'ai l'habitude de faire. J'apprends des erreurs. Mais je ne pense pas avoir fait d'erreur, nous avons bien contrôlé la course. L'étape a fait beaucoup de dégâts à tout le monde. Il n'y a pas quelque chose en particulier qui m'a fait mal, ce sont les deux dernières semaines que je commence à payer et c'est logique. Je cours comme j'aime courir."

D'un Français à un autre ? 

Le héros des deux premières semaines du Tour a maintenant trois jours pour récupérer de la haute montagne, avec une journée de repos lundi, une étape de plaine mardi et une arrivée à Gap après un parcours vallonné mercredi. "Je vais essayer de récupérer un peu, a-t-il expliqué avant de prévenir. Une journée de repos en jaune, ce n'est pas vraiment une journée de repos avec les sollicitations."Il faudra profiter de chaque moment de calme pour remplir les réserves avant les Alpes, sans trop se faire d'illusions : "Chaque jour sera important mais je le répète, ce n'est que du bonus pour moi, c'est une journée de plus en jaune, je ne me fais pas de plans. Si je continue de perdre du temps, ce ne sera pas une déception. Il ne faut pas s'enflammer, je vais juste profiter de ce qui m'arrive en ce moment."

Un dernier baroud d'honneur avant de dire adieu à son rêve jaune ? La mythique tunique pourrait alors tomber sur les épaules d'un autre Français, Thibaut Pinot, deuxième de l'étape ce dimanche et quatrième du général à 1 minutes et 50 secondes du leader. "Il a vraiment montré qu'il était parmi les plus forts des favoris, a analysé Alaphilippe. Il arrive dans une troisième semaine qui colle à sa peau, qui lui correspond bien, avec un bon état de fraîcheur. Si je suis amené à perdre le maillot, j'aimerais que ça soit lui le prochain à le revêtir." Un vœu partagé par la France entière, dans l'attente d'un vainqueur tricolore sur le Tour depuis Bernard Hinault en 1985. 

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