Mondiaux : mélomane, blagueur, humble... ce qu'il faut aussi savoir sur Julian Alaphilippe, le nouveau champion du monde
• La joie de vivre incarnée
"Je suis généreux dans l'effort, j'aime me faire mal", avoue le Français, toujours aussi tonique à l'âge de 28 ans. "Je travaille pour canaliser ma fougue. Mais on ne change pas vraiment". L'oeil le plus souvent rigolard, qui devient encore plus noir au gré des contrariétés, il explique: "J'ai la joie de vivre en moi." Ses proches le disent débrouillard, malin, blagueur, mais aussi courageux, tenace, respectueux. "J'ai reçu une éducation basée sur le travail, je sais que rien ne tombe du ciel", confiait le nouveau champion du monde.
• Un passage remarqué dans l'armée
Julian, que son père surnommait "Juju", a arrêté tôt l'école. Contrat d'apprentissage oblige, il a travaillé de 16 à 18 ans pour un marchand de vélos de Montluçon. "Ca me plaisait, j'aimais bien parler matériel avec les clients", se souvient-il. Il s'engage ensuite en tant que militaire, dans l'équipe cycliste de l'armée basée à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), à la caserne du camp des Loges. "L'armée me proposait un emploi rémunéré à presque 1200 euros par mois, nourri et logé. J'ai signé", dit le coureur. C'est sous les couleurs proches du treillis militaire qu'il se fait enfin repérer après avoir eu une saison gâchée par des ennuis de cartilage à un genou.
Auparavant, même sa médaille d'argent aux Mondiaux juniors de cyclo-cross (2010) n'avait pas suffi à convaincre les recruteurs. Malgré son habileté d'équilibriste sur le vélo et son punch ravageur, souligné de longue date par l'ex-entraîneur national du cyclo-cross Pierre-Yves Chatelon. "Des puncheurs comme lui, il n'y en a pas deux en France !", disait-il ainsi.
• Un cadre d'entraînement familial
Dans l'équipe réserve de Quick-Step dès 2013, il intègre la formation première l'année suivante. Et se fait adopter aussitôt, notamment par Mark Cavendish, sensible comme les autres à la spontanéité et à la bonne humeur du Français.
Mais, il garde le même entraîneur, son cousin Frank, un ancien coureur amateur de bon niveau qui s'occupe de lui depuis ses débuts. Julian sait se faire mal à l'entraînement. "J'ai fait une grosse sortie de 315 kilomètres, 9 heures 40, j'avais envie de repousser mes limites", expliquait-il en 2016 à propos de son entraînement pour la Doyenne, un an après s'être révélé par deux deuxièmes places dans la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège. Mais il a dû attendre 2018 pour gagner la Flèche et l'année suivante pour enlever son premier "monument", avec Milan-Sanremo, avant l'épopée du Tour 2019, où il remportait deux étapes et passait 14 jours en jaune.
• Alaphilippe, le mélomane
Son père, décédé en juin dernier, animait en tant que batteur un orchestre dans les bals de l'Allier. Julian n'a pas sacrifié au solfège, "c'était encore pire que l'école !", disait-il, il a appris à l'oreille. "J'ai joué en tant que batteur, j'en joue encore parfois", dit-il. "J'aime la musique".
Le coureur de Désertines, une commune du Bourbonnais aux portes de Montluçon où il a passé l'essentiel de sa jeunesse, avoue avoir besoin de décompresser à l'occasion. "J'aime la musique, les blagues". Sa décontraction représente l'un des meilleurs atouts de cet enfant de la balle. "Mon but, au fond, c'est de rendre heureux les gens autour de moi, avec des bonheurs simples", confiait-il avant les Mondiaux 2017.
• Un modèle d'humilité
La consultante TV Marion Rousse, qui partage sa vie dans les montagnes d'Andorre où il s'est installé depuis l'hiver 2018-2019, décrit un homme sensible et généreux. "Ce que j'aime le plus chez lui, c'est son humilité, sa façon de courir et son panache. Il est aussi très simple, il est toujours ouvert, il donne tellement d'amour à tout le monde. C'est un garçon qui n'est pas stéréotypé, il n'a pas forcément un discours qu'on lui demande de tenir."
Les téléspectateurs du monde entier ont été sensibles à l'hommage rendu à son père lorsqu'il a gagné à Nice la deuxième étape du récent Tour de France, son seul succès cette année avant le Mondial. En larmes, Julian Alaphilippe a avoué. "C'est à lui que j'ai pensé en franchissant la ligne." En remportant le maillot arc-en-ciel, derrière lequel il courait depuis un paquet d'années, Julian Alaphilippe lui a sans doute offert son plus bel hommage.
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