Jérôme Pineau : "Je ne dors pas beaucoup la nuit"
Depuis hier les quarante-sept employés de l’équipe B&B hôtels Vital Concept sont au chômage partiel. Les vingt-trois coureurs de l’effectif sont eux à l’arrêt depuis le 14 mars dernier, au soir de l’arrivée de Paris-Nice et en attendant la reprise des courses qui n’interviendra pas avant le 1er juin au mieux.
"C’est une période douloureuse" avoue le manager Jérôme Pineau qui vit sa troisième saison à la tête de sa formation de deuxième division. "Cette situation me stresse. Je ne dors pas beaucoup. En tant que citoyen je suis évidemment très préoccupé par les questions de santé publique. Nous vivons un moment irréel, personne n’a vraiment vu venir cette catastrophe sanitaire. Mais je suis aussi un chef d’entreprise et si la situation perdure je serai peut-être contraint de dire à mes cinquante personnes sous contrat : c’est fini on met la clef sous la porte ! Quelle équipe a aujourd’hui assez de trésorerie pour tenir huit mois sans rien faire ? Pas la mienne en tout cas. Je me sens comme un coureur en méforme qui voit les grandes échéances arriver et qui sait qu’il doit rembourser le crédit de la maison, de la voiture."
Si les partenaires de l’équipe sont pour l’instant solidaires, la situation demeure fragile. "Les contrats sont signés pour deux ans. Mais moi j’ai embarqué il y a trois ans des partenaires, j’ai vendu un projet à des marques avec de la visibilité, des heures de télévision... Pour l’instant je ne peux rien leur offrir. En avril, mai et juin j’ai vendu des prestations sur des courses à des partenaires qui font partie de mon club affaires mais qui n’ont pas de visibilité textile. Tout a été annulé et je n’ai rien vendu."
"C'est le Tour de France qui est attractif, pas le cyclisme"
Si la date du retour des compétitions reste une inconnue, Jérôme Pineau garde l’espoir de voir le Tour de France se dérouler normalement. Presque une question de vie ou de mort pour celui qui a versé des larmes de joie quand Christian Prudhomme, le patron du Tour, lui a annoncé que son équipe était enfin invitée à participer à la grande fête de juillet après deux années d’échec. "Le Tour, c’est la clef de voûte de notre économie. Si le Tour est annulé on court à la catastrophe. Le modèle économique de mon équipe repose aussi sur les hospitalités et je compte énormément sur le Tour pour lever des fonds, choyer mes sponsors, organiser des reconnaissances d’étapes. Le Tour c’est la fête, c’est les vacances, les Français sur le bord de la route. Mais c’est aussi un village départ, de nouveaux partenaires à séduire. Je ne peux pas me passer de cette caisse de résonance. C’est le Tour qui est attractif, pas le cyclisme".
Trois mois après l’annonce de Christian Prudhomme, et malgré le manque d’informations, Jérôme Pineau veut croire qu’il vivra cet été son premier Tour de France en tant que manager après en avoir couru treize durant sa vie d’athlète. "Oui j’y crois. Je crois surtout à un départ différé, en juillet et même en août. Mais je crois à un Tour dans des conditions normales. On en a tous besoin : les coureurs, les partenaires, le public..."
En attendant la décision lourde de conséquences d’Amaury Sport Organisation, Jérôme Pineau reste connecté à ses coureurs et à son staff. "Officiellement ils sont au chômage partiel, donc ils ont le droit de ne rien faire" sourit le manager. "Mais évidemment je les suis tous les jours. Et ils connaissent les consignes : restez professionnels ! Restez affûtés !" Le manager a même prévu un long stage durant tout le mois de mai dans son camp de base d’Argeles Gazost, au cœur des Pyrénées. Si la vie reprend un cours normal.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.