Jean-Marie Leblanc : "Armstrong, le Bernard Madoff du sport"
Jean-Marie Leblanc règle ses comptes. L'ancien directeur du Tour de France (jusqu'en 2006) n'a toujours pas digéré la façon dont Lance Armstrong est parvenu à tromper tout le monde, organisateurs comme grand public, avec ses méthodes de dopage ultra-organisées. "Il me revient que j'avais déclaré, en juillet 2005 lorsqu'avait été démontrée rétrospectivement la prise d'EPO par Armstrong dans le Tour 1999 : 'Nous avons été abusés'. Je persiste et je signe: Armstrong a trompé le Tour de France, le public, les médias, tous ceux qui croyaient en la valeur de ses performances et, pire encore, il a trahi son sport", écrit-il dans l'ouvrage "Le Tour, 100 images, 100 histoires".
"Quand pourrons-nous avoir confiance en l'authenticité des exploits des coureurs cyclistes ?"
Leblanc, le seul homme à avoir couru le Tour, à l'avoir couvert en tant que journaliste puis à l'avoir dirigé (de 1989 à 2006), est l'un des quatre spécialistes qui commentent dans cet ouvrage les photos de l'Agence France-Presse, aux côtés de l'écrivain-journaliste Eric Fottorino (prix Fémina 2007), du journaliste-historien Jean-Paul Ollivier et de l'ancien champion Bernard Thévenet, double vainqueur de l'épreuve (1975 et 1977). Armstrong, "qui n'avait cessé de nier avoir eu recours au dopage finit par passer aux aveux en janvier 2013. Fin des mensonges, fin du cynisme, fin du mépris. Mais ces confessions, tardives et médiatisées, ne suintaient pas de toute la sincérité souhaitable. Préparées par des avocats, elles sentaient toujours la manigance et le calcul. Dans le domaine du sport, la longue escroquerie de Lance Armstrong fait de lui le Bernard Madoff du sport. Personne ne regrettera les comptes qu'il devra rendre, ni les sanctions qu'il aura à subir...", poursuit Jean-Marie Leblanc, dressant un parallèle entre l'ex-septuple vainqueur du Tour et l'escroc américain responsable de la plus grosse fraude financière de l'histoire, condamné à 150 ans de prison.
"Quand, mais quand pourrons-nous de nouveau avoir confiance en l'authenticité des exploits des coureurs cyclistes ?", s'interroge l'ex-directeur de la Grande Boucle. L'ouvrage, qui utilise le fonds d'archives de l'AFP, évoque la fête populaire depuis la création du Tour en 1903, les champions qui ont jalonné son histoire, la légende de la course qui fête au début de l'été sa centième édition. Mais aussi les drames qui ont forgé le mythe et les scandales qui l'ont affecté sans affaiblir la puissance évocatrice, selon la formule d'Antoine Blondin, d'"une épreuve de surface qui plonge ses racines dans les grandes profondeurs".
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