Haïti : quand la vie reprend, au milieu des ruines
Vus sur les trottoirs de Port-au-Prince : des marchands de rue, proposant céréales, piles électriques, poupées, fruits ou assiettes de spaghettis à 35
gourdes (un dollar américain), des barbiers aussi ou des files d'attente devant les pompes à essence ouvertes.
_ Les taxis collectifs aussi ont repris du service. Et les embouteillages seraient réapparus avec ce trafic...
Bruits de klaxon et clameurs de marché
L'un des marchés de Port au Prince, sur "la route des Frères" a rouvert hier, comme un supermarché, pendant trois heures seulement et sous escorte policière. Semblant de retour à la normale, même si les marchandises sont rares et faisandées et les prix en pleine flambée.
Car, avec la reprise du commerce, et la pénurie, se profile l'inflation : selon des habitués, interrogés par l'AFP, les prix de l'alimentation auraient fortement augmenté, parfois doublé.
_ Parmi les produits les plus recherchés, les bouteilles de gaz propane, utilisées pour la cuisine, ou à défaut, le charbon de bois (un produit pourtant contre lequel le gouvernement haïtien luttait car il est à l'origine de la déforestation du pays).
Mais qui dit commerce, dit argent liquide. Or les rescapés du séisme disposent en général uniquement de ce qu'ils avaient en poche au moment du tremblement de terre. Rouvrir les banques, c'est donc l'une des priorités du gouvernement. Il est question de remettre le système bancaire sur pied à partir de demain. Selon un conseiller du président haïtien, la moitié des succursales des banques se seraient écroulées. Et l'on craint surtout pour la sécurité des établissements. Ces réouvertures devraient donc se faire sous très haute surveillance...
D'un côté, cette économie de subsistance. De l'autre, l'aide humanitaire et les distributions de vivres. L'organisation reste chaotique, mais le Premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive veut croire que "la situation s'améliore tout doucement"...
D'ailleurs, même dans les camps improvisés de sinistrés, la vie semble parfois, pendant quelques minutes, comme avant : "des douches publiques en plein air, des petits BBQ improvisés pour nourrir les proches, des enfants qui jouent à la cachette, des hommes qui se mesurent au domino, du linge propre qui sèche sur une corde… la vie normale quoi ", témoignait dès dimanche sur son blog un Canadien vivant à Haïti Jean-François Labadie.
Et les téléphones mobiles commencent à resonner
Signe de relative normalisation, le téléphone portable remarche un peu, permettant aux Haïtiens de reprendre contact entre eux, et aux organisations humanitaires de travailler. Le principal opérateur en Haïti l'Irlandais Digicel affirmait hier avoir remis en service ses réseaux à 70% dans la capitale, et comptait achever ses réparations d'ici à la fin de la semaine.
_ En Haïti, moins de un pour cent des Haïtiens ont une ligne téléphonique fixe, selon Digicel, ce qui donne une importance cruciale à la téléphonie mobile.
Cécile Quéguiner avec agences
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