Haïti : deuxième nuit entre débris et cadavres
Notre envoyée spéciale, Isabelle Labeyrie, vient d'arriver à Port-au-Prince. Elle a rencontré des rescapés du séisme, parmi lesquels l'ancienne porte-parole de la Mission des Nations-Unies en Haïti...
Un bilan ? Impossible. Les seuls chiffres qui circulent, sont toujours les estimations du président haïtien René Préval "entre 30.000 et 50.000 morts" et celle du Premier ministre Jean-Max Bellerive qui disait craindre hier "bien plus de 100.000 tués".
Bilan inutile, selon Rony Brauman, l'ancien président de Médecins sans frontières, qui préfère se concentrer sur l'évaluation des besoins. (Lire ici)
Des besoins urgents, pour les habitants de Port-au-Prince qui viennent de passer leur deuxième nuit dehors, dans une capitale en ruine et plongée dans le noir. Plusieurs dizaines de milliers de personnes seraient massées sur le Champ de Mars, la grosse avenue de la capitale, transformée en gigantesque camp de réfugiés. Une foule, traumatisée et coupée du monde, qui panique à la moindre rumeur... Rumeur de tsunamis, notamment, racontent des témoins, rumeurs sciemment lancées par des pillards, pour vider les seules maisons encore debout.
Images de désolation, Carel Pedre, ce journaliste haïtien, qui témoigne du chaos par Skype, raconte une ville en pièces : "plus de cathédrales, plus de palais, plus d'hôpitaux (seulement deux seraient encore debout) mais des cadavres plein les rues".
L'aide, en revanche, afflue, dans une grande pagaille. Faute de tour de contrôle et d'électricité, les avions ne peuvent atterrir en pleine nuit. Un premier détachement de la sécurité civile française, cependant, parti de Fort de France, en Guadeloupe, serait arrivé hier soir à Port-au-Prince, selon Bernard Kouchner, le ministre des Affaires étrangères.
Journée spéciale Haïti : Bernard Kouchner - France Inter
envoyé par franceinter. - L'info internationale vidéo.
Ce détachement français serait déjà à pied d'œuvre. Arrivé hier soir, il aurait été affecté à l'un des principaux hôtels effondrés de Port-au-Prince, où se trouveraient ensevelis une centaine de personnes. Selon le lieutenant-colonel Patrick Vailly, les sauveteurs seraient d'ailleurs parvenus à entrer déjà en contact avec cinq victimes sous les décombres.
Le gros porteur, en revanche, parti de Marseille hier, avec des pompiers d'Istres à bord, aurait fait escale à Terre Neuve. Un second appareil doit décoller de Marseille cet après-midi. La sécurité civile qui prévoit enfin d'envoyer jeudi un hôpital de campagne et une soixantaine d'infirmiers.
On apprend également que la Croix-rouge internationale va envoyer jeudi 40 tonnes de médicaments et kits médicaux. Médecins du monde prévoit de son côté d'expédier demain un charter charge de 40 tonnes de matériel médical et logistique.
Dans ses voeux à la presse ce matin, le Premier ministre François Fillon est revenu sur le drame vécu par les Haïtiens.
Enfin, le secrétaire d'État à la Coopération Alain Joyandet annonce s'envoler "immédiatement" pour Port-au-Prince.
Retour sur les causes de la catastrophe
Jean-Marie Théodat, géographe à la Sorbonne, d'origine haïtienne, était l'invité de Jean Leymarie. Il n'y a "rien d'irrationnel dans cette catastrophe", prévisible étant donné la situation géographique et la fragilité du sol de Port-au-Prince. Et "ce sont les quartiers les plus riches, en dur, qui ont été les plus frappés".
Jean-Marie Théodat, France-info, 14 01 2010
envoyé par FranceInfo. - L'actualité du moment en vidéo.
Cécile Quéguiner avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.