Un Giro semé d'embûches
La bataille entre ces trois hommes, mais aussi des outsiders à ne pas négliger, est annoncée, du moins sur le papier. Car la spécificité de ce Giro veut que les premières étapes seront compliquées à négocier avec des risques de bordures et de chutes sur les routes néerlandaises, Il faudra ensuite bien gérer le transfert de plus de 2000 km au soir de la 3e étape pour retrouver l'Italie. Avec toutes les difficultés de logistique et surtout de récupération que cela induit.
Attention aux pièges
Ensuite, le peloton devra emprunter les routes piègeuses dans la remontée de la botte à partir lundi de Catanzaro , puis enfin les cols du nord de la péninsule enfin. Avec trois contre-la-montre individuels pour creuser les écarts, le premier dès vendredi à Apeldoorn, la course va débuter sur les chapeaux de roue. Des premières journées qui pourraient sourire au gros rouleur Néerlandais Tom Dumoulin; lequel pourrait peut-être aussi s'inspirer du précédent de 2012, quand le Canadien Ryder Hesjedal avait résisté jusqu'au bout. Toujours est-il que Dumoulin, longtemps leader de la Vuelta l'an passé, sera en tout cas l'un des favoris du contre-la-montre inaugural. Avec le Suisse Fabian Cancellara qui ambitionne, avant de se retirer, de porter pour la première fois l'emblématique maillot rose. Les sprinteurs entreront ensuite en scène dans les deux étapes suivantes au coeur de la Gueldre, la plus grande province des Pays-Bas. Pour le Français Arnaud Démare, vainqueur en mars de Milan-Sanremo, la concurrence sera relevée (Kittel, Greipel, Viviani, Ewan).
Les Dolomites pour dégager les favoris
Il y aura aussi les choses les plus sérieuses pour les baroudeurs et les grimpeurs. Car la tradition montagneuse de ce Giro aussi est respectée. Avec des grosses densités au programme.. L'étape-reine des Dolomites, à la fin de la deuxième semaine, doit établir la hiérarchie sur la route de Corvara. Avant que tout se joue en... France, lors des 19e et 20e étapes qui multiplient les passages au-delà des 2000 mètres d'altitude (Agnel, Vars, Bonette, Lombarde), sous réserve que la météo l'autorise.
Le grandissime favori est évidemment italien: il s'appelle Vincenzo Nibali. Le vainqueur du Tour de France 2014 est en tout cas très attendu. il y a six ans, en 2010, lors de sa venue en pays batave, Nibali n'était encore qu'un grand espoir en passe de monter sur le podium (3e). Depuis, le Sicilien a gagné les trois grands tours nationaux (Giro, Tour, Vuelta). Lors de sa dernière apparition, en 2013, il a même quitté la course rose sur un triomphe. Relégué à une modeste 21e place au récent Tour du Trentin enlevé par Landa, le champion d'Italie en titre se présente toutefois sans certitude au départ des 3.463 kilomètres. "Réussir un doublé n'est jamais facile", reconnaît-il. "Mais l'expérience que j'ai dans les grands tours peut être un grand avantage pour moi". Ses principaux adversaires pourtant n'entendent pas se laisser dicter la course.
Landa ambitieux
Il s'agit en premier lieu justement de l'Espagnol Mikel Landa, qui avait rivalisé l'an passé dans les grands cols avec le futur vainqueur Alberto Contador, et qui affiche ses ambitions. Troisième de la précédente édition, Landa a intégré la formation Sky, souvent dominatrice sur le Tour de France mais régulièrement en échec jusqu'à présent dans le Giro, que ce fut avec Wiggins ou Porte, et qui espère avoir enfin trouvé le leader idoine pour remporter cette épreuve. Son compatriote Alejandro Valverde va découvrir à 36 ans une course qui, par son format taillé surtout pour un coureur complet, doit logiquement lui convenir. A condition de digérer l'accumulation des difficultés, de supporter les fréquents changements météorologiques, de s'adapter enfin au contexte italien, souvent polémique.
Nibali pourtant, ne fait pas de fixations sur ces deux concurrents. "Il y a beaucoup d'adversaires importants et aussi quelques outsiders", estime-t-il toujours prudent. Il place dans cette catégorie, le Colombien Esteban Chaves, révélation de la dernière Vuelta (5e), son compatriote Rigoberto Uran (2e en 2013 et 2014) mais aussi l'énigmatique russe Ilnur Zakarin, souvent remarqué cette saison (4e de Paris-Nice et du Tour de Romandie) ou encore le grimpeur polonais Rafal Majka.
On le voit: la course s'annonce très ouverte nonobstant les aléas climatiques qui peuvent parfois complètement changer la donne et les stratégies....Sans parler de l'ambiance et des quelques accrocs parfois dans l'organisation. C'est d'ailleurs tout ce qui fait le charme et la spécificité du Tour d'Italie.... ou contrairement à ce que pourrait laisser croire le maillot du leader, tout n'est pas toujours rose.
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