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Cyclisme: le Giro, grand perdant du nouveau calendrier ?

En dévoilant mardi son nouveau calendrier, l'UCI a posé la première pierre de cette fin de saison 2020. Condensé sur trois mois, le calendrier semble avoir fait de l'un des Grands Tours du cyclisme, le grand perdant de ce nouveau calendrier. Le Giro subira la concurrence frontal des grandes classiques et cette annonce n'a pas l'air de passer de l'autre côté des Alpes jugé "d'insulte au bon sens".
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
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  (LUK BENIES / AFP)

Le nouveau calendrier de la saison cycliste fait grincer des dents en Italie, où l'on juge le Giro sacrifié au détriment des autres Grands Tours. "Rose de colère", titre mercredi le quotidien Gazzetta dello Sport, le journal du groupe organisateur, en référence au maillot rose attribué au leader du Tour d'Italie.

"Beaucoup de courses et peu d'espace: le Giro perd", juge également le quotidien italien La Repubblica. Car selon le calendrier WorldTour de la première division du cyclisme mondial dévoilé mardi, bouleversé en raison de la pandémie de Covid-19, le Giro, reprogrammé du 3 au 25 octobre, chevauche désormais trois classiques et le Tour d'Espagne, qui doit s'élancer le 20 octobre, soit six jours avant l'arrivée du Giro à Milan.

"Une insulte au bon sens et à l'histoire du cyclisme"

Pis, le calendrier ne laisse même pas deux semaines de répit aux coureurs qui voudraient disputer le Tour d'Italie après le Tour de France (29 août-20 septembre). D'où le vrai risque d'un Giro au rabais, privé de nombreuses stars du peloton qui choisiraient de faire l'impasse sur l'épreuve italienne. Parmi les grands noms qui vont devoir faire un choix, Peter Sagan. Le sprinteur slovaque avait annoncé sa participation, pour la première fois, au Giro. Mais honorer sa promesse signifierait faire l'impasse sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, deux Monuments qu'il affectionne particulièrement.

"Comment le Paris-Roubaix et la sixième étape de la Vuelta peuvent-elles être programmées le jour où le Giro décernera le maillot rose devant la cathédrale de Milan?", s'indigne dans un billet au vitriol Pier Bergonzi dans la Gazzetta dello Sport. C'est "une insulte au bon sens et à l'histoire centenaire du cyclisme", juge le journal qui a fondé la course en 1909 et reste associé à son organisation. "Un chevauchement avec la Vuelta était inévitable, compte tenu du peu de dates disponibles et la quantité de courses à reprogrammer", s'est défendu Renato di Rocco, président de la fédération italienne de cyclisme. Le calendrier a "garanti les trois semaines du Giro", préfère mettre en avant M. di Rocco, également vice-président de l'Union cycliste internationale (UCI). Mais la Gazzetta juge que l'Italie s'est laissée damer le pion par la France, faute notamment de soutien politique.

Un calendrier qui divise

Le plus prestigieux des Grands Tours n'entrera lui en concurrence qu'avec deux courses canadiennes (si elles ont lieu), les GP de Québec et de Montréal... et avec une course italienne, Tirreno-Adriatico. "Le Tour a obtenu la primauté absolue, grâce à un vrai soutien politique de la France (alors que) ni notre ministre des Sports ni la fédération italienne de cyclisme n'ont pu empêcher trois classiques et la troisième grande course par étapes de faire concurrence à notre course", écrit Pier Bergonzi. Il appelle le président français de l'UCI David Lappartient à présenter "ses excuses au Tour d'Italie, à l'histoire du cyclisme et à des millions de fans qui ne comprendront jamais la logique de certains choix qui confinent au masochisme."

Au contraire, le Corriere della Sera se félicite que l'Italie ait pu conserver toutes ses courses, contrairement à l'Espagne qui en perd trois ou à la Suisse, qui en perd deux. Les Strade Bianche doivent marquer la reprise de la saison cycliste, le 1er août, vite suivies par le premier Monument, Milan-Sanremo, le 8. Et la Botte accueillera aussi la dernière classique, le Tour de Lombardie, le 31 octobre. Mardi, la société organisatrice RCS avait reconnu que "certains sacrifices ont dû être consentis compte tenu du court laps de temps" pour inclure toutes les courses. "Nous avons fait un certain nombre de propositions alternatives qui, à notre avis, auraient permis de réduire les chevauchements. Ces propositions n'ont pas été adoptées", avait-elle indiqué. "Cependant, nous pensons que ce résultat est important pour le redémarrage, surtout en ce moment".

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