Fédrigo vainqueur, les quatre majeurs escamotés
Les Pyrénées devaient être une montagne. Elles se sont transformées en souris pour la bagarre du classement général. Pour le moment en tout cas. La 16e étape n'a pas rendu de verdict. Bagnères-de-Luchon - Pau, 199.5km en passant par le col de Peyresourde, puis par celui d'Aspin, sans oublier le Tourmalet pour finir par le col d'Aubisque et plonger vers la cité paloise. Mais ces noms mythiques, pour le centenaire du passage du Tour dans les Pyrénées, n'ont pas vu passer une course à la hauteur de leur légende. La journée s'annonçait belle, incertaine, tendue, surtout après la passation de pouvoir largement commentée entre Andy Schleck et Alberto Contador. Mais il n'y a rien eu. Pas d'attaque, pas de suspense, en tout cas pas parmi les premiers du classement général. La faute à des échappées précoces, à 60 derniers kilomètres d'étape en descente, et au fait que le leader de la Saxo Bank s'est retrouvé esseulé dès la première ascension du jour, dans une marée d'Astana, avant de retrouver ses équipiers. Les deux premiers du classement général ont d'ailleurs eu l'occasion de discourir à plusieurs reprises, l'attitude de l'Espagnol hier étant certainement au coeur de leurs mots.
Devant, une échappée royale s'est rapidement formée avec deux anciens vainqueurs Lance Armstrong (RadioShack), Carlos Sastre (Cervélo), ainsi que plusieurs prétendants aux places d'honneur comme Alexandre Vinokourov (Astana), Bradley Wiggins (Sky), Roman Kreuziger (Liquigas) et également le porteur du maillot à pois, Anthony Charteau (Bbox). Dans la descente, Sandy Casar (FDJ) allumait une mèche en se montrant le plus rapide et le plus agile pour prendre de l'avance avant d'attaquer le col d'Aspin. Le septuple vainqueur du Tour était le premier à réagir pour recoller, puis déposer le Français dans les premiers kilomètres de la montée. Mais après 3km, il était repris par un duo Cunego (Lampre) - Fédrigo (Bbox) qui envoyait des signes flagrants de tension, comme souvent quand l'Italien se trouve dans une échappée. Finalement, à mesure des kilomètres et des mauvais passages des uns et des autres, un groupe de huit hommes se constituait: Armstrong et Horner (RadioShack), Cunego, Fédrigo, Barredo et Van de Walle (Quick-Step), Moreau et Plaza (Caisse-d'Epargne), auxquels venait s'ajouter Sandy Casar encore une fois rapide dans la dernière descente du jour, celle de l'Aubisque. Avec près de dix minutes d'avance sur un peloton mené par les Omega Pharma-Lotto et les Astana, le groupe avait pratiquement course gagnée.
A 44km de l'arrivée, Carlos Barredo prenait une nouvelle fois la poudre d'escampette, sans éveiller de grandes réactions de la part de ses anciens compagnons d'échappée. L'écart se stabilisait autour des 40", avant de fléchir à l'approche des vingt derniers kilomètres. Dans la ligne de mire du groupe, l'Ibère résistait dans de longues routes droites, jusqu'à 1km de l'arrivée. Les neuf hommes s'expliquaient donc au sprint, et c'est Pierrick Fédrigo (Bbox) qui prolongeait la victoire de son équipier Thomas Voeckler hier en se montrant le plus rapide et le plus futé, parti de derrière pour franchir la ligne le premier devant Sandy Casar et Ruben Plaza. Comme l'an dernier dans l'étape conclue à Tarbes, le natif de Marmande s'impose dans la journée qui passait par le Tourmalet. Pour la Bbox, deux victoires d'étape, le maillot à pois, l'avenir peut se révéler positif à l'heure de chercher un autre sponsor pour la saison prochaine.
Six minutes et quarante-cinq secondes plus tard, Thor Hushovd (Cervelo), qui s'est accroché toute la journée au groupe maillot jaune, réglait le peloton au sprint pour décrocher six points précieux qui lui offrent de nouveau le maillot vert du classement des points. De cette journée dont on attendait beaucoup, c'est le principal changement et même quasiment le seul. La journée de repos va permettre à chacun de recharger les batteries pour l'ultime étape pyrénéenne de jeudi, qui ramènera tout le monde sur le Tourmalet mais cette fois pour une arrivée au sommet. Ce sera sans doute la dernière occasion pour Andy Schleck de reprendre du temps à Alberto Contador, et de se ménager une marge qui ne sera pas de trop sur le contre-la-montre de 52km de samedi. Sinon, l'Espagnol se dirigera sereinement vers un troisième sacre sur la Grande Boucle.
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