Et si la mort de Pantani n'était pas un accident?
Dix ans après le décès à 34 ans du "Pirate", retrouvé mort dans la chambre d'un hôtel-résidence de la station balnéaire de Rimini (est) le jour de la Saint-Valentin, l'Italie se souvient toujours avec émotion de son "campionissimo". "Nous venons de recevoir les documents envoyés par les proches (de Pantani, ndlr) et avons ouvert une enquête (...) Nous les lirons et si nous estimons qu'il faut procéder à des investigations, nous saisirons un juge d'instruction", a affirmé samedi le procureur de la République de Rimini, Paolo Giovagnoli.
"Pantani a été tué, contraint à boire de la cocaïne" (mélangée à de l'eau, ndlr), titre la Gazzetta dello Sport, qui précise que l'enquête a été rouverte pour "homicide avec altération de cadavre et des lieux du crime". Quant à la Repubblica, écrivant tout haut ce que nombre de "tifosi" pensent tout bas, elle lâche: "Sur la vérité vraie, s'est incrustée et peut-être cimentée une vérité bien commode, celle de l'overdose". Cette nouvelle survient seize ans après la victoire du coureur romagnol dans le Tour de France, a rappelé sur sa page Facebook la mère de Pantani, Tonina, qui se bat depuis des années pour que le "suicide" de son fils soit requalifié en meurtre.
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Quantité folle de drogue
Après avoir été exclu du Giro en 1999 pour des valeurs sanguines non conformes, le coureur de Cesenatico(est) ne s'était jamais vraiment remis de cette humiliation, cherchant dans le vélo "une solitude qui a été une dernière et difficile compagne", écrit la Repubblica. Les années suivantes n'avaient été qu'une longue dégringolade, mêlant accidents, démêlés avec la justice et cures de désintoxication. Jusqu'à la découverte de son corps, le 14 février 2004.
Déjà, dans un livre publié en 2007, intitulé "Vie et mort de Marco Pantani", le journaliste et écrivain français Philippe Brunel dénonçait l'enquête, l'estimant bâclée et trop rapidement conclue sur l'hypothèse d'une surdose de cocaïne. Or, les doutes sont nombreux, selon la Repubblica: "Des coups compatibles avec une rixe", "des signes prouvant que le cadavre a été déplacé", "une quantité folle de drogue dans le corps", "une bouteille d'eau suspecte" et jamais analysée, etc. Et le tout, "dans une chambre au chaos trop rangé", où, selon la première enquête, "personne n'est entré ni sorti", ce qui avait exclu d'office à l'époque l'intervention d'un tiers, poursuit le journal.
Saint-Valentin dramatique
Tous ces éléments troublants, ajoutés à une certaine "omerta" dans cette Riviera romagnole baignée alors par le trafic de drogue, sont contenus dans un nouveau rapport, mandaté par la famille Pantani et confié au professeur Francesco Maria Avato. Selon cet expert médico-légal, "la grande quantité de drogue trouvée dans le corps de Pantani n'a pu être prise que diluée dans de l'eau". Etant donné la quantité de cocaïne retrouvée (plusieurs dizaines de grammes, soit six fois la dose létale), avalée volontairement, elle aurait forcément "brûlé la bouche et enflammé l'estomac". Autres éléments mystérieux: les restes du petit déjeuner retrouvé dans l'estomac du coureur et jamais commandé à la réception de l'hôtel.
Et quid de la glace ingérée ce matin-là alors que le frigo de la chambre n'avait pas de freezer ? Pour l'expert, tout cela ne peut s'expliquer que par l'intrusion d'une ou plusieurs personnes, sur une "scène de crime sensiblement polluée" par la suite, "violant en cela toute procédure légale". "La vérité sur ce qu'il est réellement arrivé à Marco Pantani dans la chambre D5 de la résidence +les Roses+ de Rimini (détruite quelques mois après, NDLR), en ce dramatique jour de Saint-Valentin il y a dix ans, conclut la Repubblica, est une histoire qu'il reste à écrire".
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