Cet article date de plus d'onze ans.

Elections à l'UCI: virage ou statu-quo ?

En lice pour un troisième mandat à la tête de l'Union cycliste internationale (UCI), Pat McQuaid divise. Placé à ce poste par le très controversé Hein Verbruggen, bousculé par les révélations de l'USADA dans l'affaire Armstrong, il n'est pas assuré de rester en place. Face à lui, Brian Cookson, ancien président de la Fédération britannique. Et les deux hommes doivent gérer l'épineux et encombrant dossier du dopage.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Le président de l'UCI Pat McQuaid

Tous les projecteurs sont braqués sur Florence et les championnats du monde sur route. Mais il y aura plus important. En marge des Mondiaux, dans le Palazzo Vecchio de Florence, se déroulera l'élection du nouveau président de l'UCI. Depuis 2005, Pat McQuaid est à sa tête. Et il vise un troisième mandat. Face à lui, Brian Cookson, président de la Fédération britannique durant 16 ans. Entre les deux hommes, l'épais dossier du dopage peut faire pencher la balance dans un sens ou dans l'autre.

Il faut dire que les quatre dernières années n'ont pas été de tout repos pour le président sortant. De nombreux coureurs suspendus pour dopage ont maintenu ce fléau au centre de l'actualité. Le cas médiatique d'Alberto Contador n'a rien arrangé. Mais c'est surtout l'enquête menée par l'agence antidopage américaine (USADA) qui a créé un cataclysme. L'argent versé à l'UCI, l'aide apportée à Lance Armstrong pour l'avertir des contrôles, beaucoup d'éléments troublants ont largement noirci l'image de l'instance internationale. Et par ricochet celle de son président, Pat McQuaid, qui a en plus l'inconvénient d'avoir été placé là et adoubé par Hein Verburggen, très controversé ancien président de l'UCI. Cette filiation, McQuaid tente de s'en éloigner, mais elle s'accroche.

​L'UCI attaquée, son président fragilisé

Et l'Irlandais, ancien coureur, manageur, organisateur de courses, pourrait ne pas pouvoir se présenter à sa propre succession. En effet, pour être éligible, chaque candidat doit obtenir la nomination d'une fédération nationale. Or, McQuaid n'a pas reçu celle de son pays d'origine, l'Irlande, ni celle de son pays de résidence, la Suisse. Il ne peut  être retenu comme candidat que si le congrès approuve au préalable un amendement de ses statuts par une majorité des deux tiers modifiant les conditions d'éligibilité. La Fédération malaisienne a proposé que tout candidat à la présidence  puisse être présenté par deux fédérations autres que la sienne, ce qui est le  cas de McQuaid, soutenu par... le Maroc et la Thaïlande. C'est le premier écueil.

​McQuaid se retranche derrière son bilan, notamment les progrès enregistrés ces dernières années dans l'antidopage. Il promet une séparation accrue des pouvoirs sur ce sujet et prône la fermeté en matière de sanctions. Mais son attitude lors de l'affaire Armstrong, ainsi que l'omniprésence de sa famille (et de ses fils) dans le milieu attisent les critiques et les soupçons de conflits d'intérêts. Et ses conflits avec l'Agence mondiale antidopage (AMA) ou avec l'agence américaine (USADA), avec lesquelles il n'a pas toujours paru collaborer, n'ont pas amélioré son image. Néanmoins, sa volonté personnelle de lutter contre le dopage n'est pas mise en cause.

Cookson a le vent en poupe​

Cookson, porté par la vague de succès britanniques, estime que  son sport a besoin d'un changement visible pour "restaurer la confiance", le  slogan de sa campagne. "Il faut tout faire pour que le public puisse admirer les champions, qu'un coureur qui gagne le Tour ou une médaille olympique soit respecté, ne soit pas  remis en cause", insiste-il. Cookson semble avoir le vent en poupe, officiellement soutenu par la confédération européenne. Il souhaite une commission d'enquête pour faire la lumière sur les responsabilités de l'UCI et se montre en faveur d'une amnistie partielle si nécessaire.

Des arguments qui peuvent rassembler une majorité des suffrages. Mais l'ombre de Hein Verbruggen, encore très influent, plane toujours au-dessus de cette élection. Reste à savoir si le cyclisme mondial veut tourner la page de l'ère Verbruggen.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.