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Dopage: Armstrong aurait avoué

Lors de l'enregistrement de l'émission d'Oprah Winfrey qui sera diffusée jeudi soir aux Etats-Unis, Lance Armstrong aurait avoué s'être dopé. Un entretien de 2h30 dans un hôtel d'Austin, au cours duquel il aurait confessé son dopage sans entrer dans les détails, selon une source anonyme citée par USA Today.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
L'Américain Lance Armstrong

Le plan communication de Lance Armstrong prend sa pleine mesure. Après les rumeurs de ses prochains aveux voici quelques jours, quelques heures après être passés à sa fondation Livestrong pour y présenter ses excuses, l'Américain a enregistré l'émission dans laquelle il doit tout dire. Dans un hôtel d'Austin préféré à sa maison où s'étaient installées plusieurs équipes de télévision, devant l'une des plus grandes animatrices américaines, Oprah Winfrey, spécialiste en confessions en tout genre, il aurait avoué son dopage. Mais durant les 2h30 d'entretien, il ne serait pas entré dans les détails de ses pratiques, selon une source qui a préféré rester anonyme auprès de USA Today. "Nous ne confirmons aucun détail particulier concernant l'interview pour le moment", a déclaré un porte-parole du network OWN dont la productrice de télévision est propriétaire. Toutes les parties étant liées par une clause de confidentialité jusqu'à la diffusion de l'émission, jeudi soir sur NBC.

Des aveux complets devant l'USADA ?

Selon le journal américain, l'ancien coureur cycliste aurait reconnu avoir commencé les pratiques dopantes au milieu des années 90, avant même de contracter son cancer. Il aurait également fait part de discussions avec l'Agence antidopage américaine (USADA), à l'origine de sa condamnation à vie de toutes compétitions sportives, afin de faire "un débrief complet" et de "répondre à toutes les questions, donner tous les enregistrements, les appels téléphoniques et tous les résultats des contrôles antidopage". Selon CBS, Lance Armstrong aurait indiqué être prêt à témoigner contre d'autres personnes impliquées dans le dopage et serait en pourparlers pour rembourser une partie des revenus touchés au cours de sa carrière et provenant de l'argent public. L'objectif d'Armstrong est bien évidemment de voir sa peine réduite, et aussi de s'acheter une bonne image auprès du public américain, devant lequel il pourrait avoir l'ambition de se présenter pour des élections politiques. 

Quelques heures après les premières fuites, Oprah Winfrey a elle-aussi mené son plan marketing en déclarant sur CBS: "Je dirais qu'il n'a pas fait ses aveux tels qu'on les attendait. Ça m'a surpris (...) moi, mon équipe, nous tous dans la pièce. On a été hypnotisé et fasciné par certaines de ses réponses". Oprah Winfrey a ajouté qu'elle laisserait chacun se faire sa propre opinion sur la volonté réelle de repentance d'Armstrong, âgé de 41 ans, soulignant qu'elle l'avait trouvé sérieux et réfléchi durant leur entrevue. "Je pense que les questions les plus importantes que les gens se posent à  travers le monde ont été posées et que des réponses y ont été apportées".

Mais ses aveux pourraient n'être que le début de grands problèmes. Lance Armstrong pourrait ainsi être poursuivi pour "parjure" par la justice, pour avoir menti devant un tribunal américain, encourant une peine de prison. Et l'argent pourrait lui filer entre les doigts. Son ancien équipier Floyd Landis, lui aussi déchu de sa victoire dans le Tour de France, a engagé des poursuites contre lui pour escroquerie publique et le Sunday Times le poursuit pour diffamation avec une demande de 500.000 dollars de dommages et intérêts. Armstrong pourrait même être contraint de rendre 7,5 millions de dollars touchés au titre des bonus que lui a versés la société SCA Promotions, basée à Dallas, à chacune de ses victoires dans le Tour de France. 

L'UCI pourrait également être fragilisée. Selon le New York Times, Armstrong serait prêt à témoigner contre le Néerlandais Hein Verbruggen, président de l'institution de 1991 à 2005, et l'Irlandais Pat McQuaid, son successeur. Les aveux de celui qui fut pendant sept ans l'impitoyable patron du peloton pourraient avoir des ramifications judiciaires et des implications financières. Si une source proche du dossier estime qu'Armstrong ne court "aucun risque  de poursuites pénales" de la part du gouvernement américain, la possibilité  existe que le Ministère de la Justice engage des poursuites au civil contre lui.

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