Des coureurs sans vélo ? Les équipes cyclistes professionnelles touchées elles aussi par une pénurie de matériel
À la veille de la présentation officielle très attendue du parcours du Tour de France 2022, les équipes cyclistes s'inquiètent des tensions mondiales d'approvisionnement en pièces détachées. Cette pénurie pourrait contraindre certaines équipes à revoir leur préparation.
Si les différents confinements ont favorisé la pratique du vélo, la crise sanitaire a aussi provoqué une pénurie de pièces détachées chez les producteurs. Réparateurs et vendeurs sont alors en difficulté. Et cette pénurie touche aussi les équipes cyclistes professionnelles, inquiètes pour leur matériel alors que le parcours du Tour de France 2022 sera révélé ce jeudi 14 octobre.
C'est Marc Madiot, le manageur de l'équipe Groupama-FDJ qui a alerté sur le sujet. "C'est extrêmement compliqué en cette période d'approvisionner une équipe, ne serait-ce qu'en roues, a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse sur la prochaine préparation de ces coureurs. Aujourd'hui, pour un stage de cyclocross avec nos coureurs, on n'est pas en capacité de fournir du matériel à 40 coureurs."
Des délais plus longs et incertains
Cette équipe, dans laquelle on retrouve les coureurs français Thibaut Pinot et David Gaudu, n'est pas un cas isolé. Toutes les formations sont touchées par la pénurie liée à la crise sanitaire. Il n'y a pas de circuit de production ou de transport parallèle dédiées aux cyclistes professionnels. Cédric Vasseur, le manageur de l'équipe Cofidis, attend toujours ses nouveaux vélos. "Logiquement, ils doivent arriver fin novembre, on a une réunion la semaine prochaine pour voir si les délais seront respectés", explique-t-il.
"On a un stage prévu en décembre, et à partir de ce moment-là on a besoin des vélos 2022, donc le temps nous est déjà compté. La crise sanitaire a vraiment mis l'industrie du cycle sous tension, on est livré au compte-goutte."
Cédric Vasseur, manageur de l'équipe Cofidisà franceinfo
Alors pour éviter la panne sèche, les stocks sont bichonnés comme jamais. "Toutes les pièces d'usure, on traîne un peu plus avec, on est obligé de faire durer dans le temps, raconte Nicolas Daniel, mécanicien de l'équipe nordiste. Les chaînes, qu'on garde normalement 2 000 kilomètres, et c'est déjà beaucoup, là on fait traîner jusqu'à 2 500. C'est un peu comme une voiture qui doit aller à la vidange, et qu'on retarde de 1 000 ou 2 000 kilomètres. Et puis, on démonte souvent des vélos usagés des coureurs qui ont écourté leur saison, et on récupère des pièces sur ces vélos-là. On déshabille Pierre pour habiller Paul. On essaie de jongler."
Un problème qui pourrait durer
Le principal défi est alors de conserver des vélos performants. Et ce casse-tête n'est pas prêt de se régler, à écouter les manageurs. "On nous a même déjà demandé [les vélos] pour 2023, explique Cédric Vasseur. Travailler un an à l'avance sur des commandes de hauteur de cadre, alors qu'on ne sait pas forcément quels coureurs seront dans l'équipe en 2023, je vous laisse imaginer les difficultés qu'on a, c'est-à-dire que tout doit être planifié."
Dans ces conditions, la traditionnelle vente des vélos des coureurs, l'un des temps forts de fin de saison, est abandonnée cette année. La plupart des équipes y renoncent afin de garder des pièces de secours sous la main pour la saison prochaine.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.