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Arnaud Démare : "Je me suis préparé trois mois et demi pour cinq jours de course"

Confiné huit jours sur le Tour UAE, Arnaud Démare se retrouve aujourd'hui dans la même situation dans sa maison en Picardie mais cette fois pour une durée indéterminée. Sevré de course, le sprinteur de Groupama - FDJ n'a qu'une envie : "remettre un dossard" le plus tôt possible. Plus les jours avancent, plus ce sera compliqué de lutter avec ceux qui ont encore la possibilité de rouler dans leur pays.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
  (LAURENT LAIRYS / LAURENT LAIRYS)

Comment allez-vous ?
Arnaud Démare : « Je vais bien. On est tous dans la même situation aujourd’hui. C’est différent du Tour UAE où les courses étaient encore en route. On était les seuls à l’arrêt aux Emirats. Là on est tous dans la même situation et on patiente. »

Après huit jours coincés dans un hôtel d’Abu Dhabi, vous ne pensiez pas vous retrouver aussi vite en confinement ?
AD : "On n’a jamais pris la mesure de l’importance de ce qui se passait, même là-bas. De retour en France un petit peu. Ça fait vraiment une semaine que c’est monté d’un cran et là on a pris conscience que c’était plus grave que ce qu’on pensait. On a été très nombreux dans ce cas-là à se dire que finalement c’était très sérieux."

Quelle expérience tirez-vous de votre premier confinement sur le Tour UAE ?
AD
: "C’était dans un hôtel donc totalement différent. On avait encore l’espoir de courir à notre retour sauf qu’au moment où on est rentré, ils ont reporté Tirreno-Adriatico, Milan-San Remo, le Giro. Aujourd’hui, c’est différent. Si tout va bien, les courses devraient reprendre début juin. On attend que l’UCI remanie le calendrier pour prévoir la suite. Là je ne m’entraîne plus, je suis au repos. On va voir dans une ou deux semaines et on fera une reprise comme après une coupure hivernale pour une reprise en juin."

Que faîtes-vous pendant cette période d’inactivité forcée ?
AD
: "C’est difficile de garder la forme actuelle pendant deux mois en faisant du home trainer. C’est beaucoup d’énergie mentale. On nous a demandé d’arrêter. Mon entraîneur Julien Pinot m’a bien expliqué le pourquoi de cette coupure. On risque de reprendre avec un calendrier très dense, même si ce ne sont que des suppositions, avec un enchaînement de courses jusqu’à fin octobre. Il faudra être prêt et ne pas faire de coupure comme c’était prévu après le Giro."

"Etre raisonné et responsable"

Le report des courses du printemps, c’est un vraie coup de massue pour vous qui aviez prévu d’enchaîner les grandes classiques et le Tour d’Italie. 
AD 
: "Le printemps c’est une période très importante pour moi. Pour la première fois cet hiver, j’ai fait un stage en altitude dans la Sierra Nevada. J’ai fait quelques changements dans ma préparation et je ne regrette pas le résultat même si on ne sait pas ce que ça aurait pu donner. C’est vraiment frustrant. Milan - San Remo, Gand-Wevelgem, Paris-Roubaix, c’est les courses pour lesquelles je vibre et je m’entraîne. C’est difficile mais c’est pareil pour tout le monde et ça reste que du sport, il faut relativiser."

Les cyclistes ont interdiction de rouler depuis quelques jours. Vous comprenez cette consigne ?
AD 
: "Le risque est là sans cesse. Le but est de dégorger les hôpitaux, qu’il y ait le moins de malades possibles. C’est à nous d’être raisonné et responsable. Si on nous autorisait à sortir peut-être que j’irai. C’est notre métier alors que pour certains ce n’est pas une semaine ou deux chez eux qui seront pénalisantes, même si je sais que beaucoup de personnes ont besoin de faire du sport pour rester en bonne santé et se sentir vivants. Il faut s’adapter à la situation qui est exceptionnelle pour nous tous."

En Italie, au Pays-Bas et en Belgique, c’est encore possible de rouler. Est-ce que ça ne risque pas de désavantager les coureurs confinés ?
AD
: "C’est clair que dès la reprise il y a aura une petite différence. Si ça repart en juin et qu’on peut rouler dans deux semaines, il n’y aura pas trop d’incidence. Si le confinement est renouvelé, là ça sera plus compliqué. Après peut-être qu’ils auront un petit coup de bambou derrière. Chacun sa stratégie."

"Pour les coureurs de grands tours ça va être compliqué"

Combien de temps vous faudrait-il pour vous remettre en forme ?
AD
: "Je ne fais plus de vélo mais je continue le PPG et la musculation. Je n’ai pas envie de perdre toute ma masse musculaire et la tonicité. Ce que je veux, c’est courir ! Je me suis préparé trois mois et demi depuis novembre pour faire cinq jours de course. Si on me dit tu reprends et que je n’ai qu’une semaine de vélo dans les jambes je vais courir direct. Peu importe mon niveau, ce que je veux c’est mettre un dossard et m’amuser. S’entraîner c’est bien mais ce n’est pas pour cela que je fais du vélo."

Vous n’allez pas faire le Tour de France mais si la saison reprend en juin peut-on le faire avec une préparation aussi limitée ?
AD
: "Les coureurs de grands tours ont l’habitude de faire 25 à 30 heures de vélo la semaine. Si le confinement continue, pour eux ça sera compliqué. Quinze jours sans vélo puis reprendre sur home trainer seulement 10 heures par semaine et faire le Tour, ce serait un gros challenge. Le plus compliqué, c’est la durée et la répétition des efforts, la récupération. Ce serait étrange à voir.

Une saison de classiques à l’automne ça vous irait ?
AD
: "Pourquoi pas. Paris-Roubaix, il faut se le mettre dans la tête assez longtemps avant. La souffrance sur les pavés, on sait que c’est au mois d’avril, on se projette et après on ne veut plus en entendre parler. C’est un conditionnement. Ce n’est pas parce que ce sera en septembre que ce sera moins dur. Il faudrait aussi que les courses soient regroupées, un peu comme dans le calendrier normal. Se dire que les pavés c’est pendant un mois mais je sais que ça va être compliqué.

Allez , on vous laisse. C’est quoi le programme du jour ? 
AD : "Je suis avec mon épouse dans ma maison en Picardie. On a un grand jardin, j’ai de quoi m’occuper. Il a fait beau alors comme tout le monde j’ai tondu ma pelouse. Je ne pensais rien faire cette année dans mon jardin avec le programme que j’avais mais du coup j’ai remis des semis de salades, de radis, de carottes. Des petites choses simples qui font plaisir et qui passent le temps. C’est plus sympa d’être confiné à la maison que dans un hôtel. Je pense surtout à ceux qui sont en appartement."

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