Armstrong sans voix, déchu et abandonné...
La mention "7-time Tour de France winner" (septuple vainqueur du France, en anglais) a été supprimée quelques heures après l'annonce de l'UCI. Désormais "@lancearmstrong" se présente ainsi: "Elève ses cinq enfants. Combat le cancer. Nage, fait du vélo, court et joue au golf chaque fois que je peux". Ce fut la seule réaction de l'Américain dans les heures qui ont suivi l'annonce de l'UCI. Le Texan, présent à Austin ce week-end, a été invisible et ses représentants sont restés sans voix. La nouvelle n'a pas fait non plus grand bruit aux Etats-Unis, où l'on se passionnait plutôt pour le troisième et dernier débat présidentiel entre Barack Obama et Mitt Romney.
Un roi déchu et sans appui
Certes, Armstrong a la possibilité de faire appel auprès du Tribunal arbitral du sport mais cela semble peu probable car après avoir tenté de stopper à l'époque l'enquête de l'Usada devant la justice cet été, clamant son droit à un procès équitable, il avait jeté l'éponge au niveau procédural. Le dossier est donc quasiment classé pour le volet sportif, et l'Agence mondiale antidopage, qui a elle aussi une possibilité d'appel devant le TAS, s'est félicitée du fait que "le plus grand scandale de dopage de l'histoire du sport est proche de trouver une issue convenable". Pour la justice sportive, Armstrong, à l'aide d'un réseau de dopage "extrêmement sophistiqué" a écrit sa légende à coups d'EPO, transfusions sanguines et testostérone.
Le héros américain n'est plus qu'un roi déchu, dont le palmarès se résume désormais à un titre de champion du monde en 1993, deux victoires dans des classiques et une 36e place au Tour de France en 1995... Lance Armstrong risque désormais de se retrouver comme un roi nu. Déjà six de ses sponsors, dont l'équipementier Nike, l'ont abandonné et il a dû lâcher la présidence de sa fondation Livestrong contre le cancer.
Tout le monde veut récupérer son argent
Au niveau financier, Armstrong devrait également sentir la note passer... Le patron du Tour de France, Christian Prudhomme, souhaite que ce dernier rembourse ses primes gagnées sur la Grande Boucle, d'un montant de "près de 2,950 millions d'euros" selon la Fédération française de cyclisme. L'article 1.2.073 du règlement de l'UCI prévoit que "si un coureur ou une équipe perd la place qui lui a valu un prix, le prix doit être restitué dans le mois suivant à l'organisateur, qui procédera à sa redistribution".
Pour sa part, la société d'assurances SCA Promotions, auprès duquel Armstrong avait misé sur ses victoires dans le Tour, lui a réclamé le remboursement des 7,5 millions de dollars (5,8 millions d'euros) qu'elle avait dû lui verser après un long bras de fer judiciaire. SCA avait refusé de respecter ce contrat à cause des allégations de dopage contenues dans le livre "L.A. Confidentiel" des journalistes Pierre Ballester et David Walsh, mais Armstrong était sorti vainqueur de ce litige par voie d'arbitrage car le contrat contesté ne contenait pas de clauses sur le dopage. SCA a dû régler les 5 millions de bonus plus 2,5 millions de dédommagements et frais de justice à la partie adverse.
Après la publication du rapport de l'Usada détaillant le système de dopage organisé autour d'Armstrong, le Sunday Times a de son côté annoncé qu'il envisageait de poursuivre le Texan pour fraude. En 2006, l'hebdomadaire britannique avait dû verser quelque 600.000 livres (740.000 euros au cours actuel) pour mettre un terme aux poursuites engagées par Armstrong, après la publication d'un article l'accusant de s'être dopé... Preuve que Lance Armstrong est bien loin d'avoir fini de côtoyer les tribunaux et n'a pas encore fini de payer la note de sa supercherie...
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