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Addition salée pour Cofidis

Le cyclisme fait rarement crédit. On paye souvent comptant les fractures et les déficits de foncier. Cofidis en a fait les frais sur ce Tour de France avec des pépins sportifs et extra-sportifs.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Les Cofidis dans le peloton (JOEL SAGET / AFP)

 

« Un Cofidis à terre ! » Les Rouges n’avaient pas encore digéré l’arrestation de Remy di Gregorio pour détention d’un procédé interdit sans justification médicale et la perte du maillot blanc de Rein Taaramae qu’une autre mauvaise nouvelle leur tombait dessus. David Moncoutié venait de chuter dans la descente du Grand Cucheron. Quelle poisse et quelle série noire ! « Je rentrais sur l’échappée, raconte Moncoutié. Je suis parti de l’avant sur un virage. Je n’ai pas pu rattraper la trajectoire. » Le grimpeur de Cofidis venait d’achever son dernier Tour, à terre sur une route abimée. « Il est arraché de partout. Il est tombé dans une descente vraiment pourrie avec des gros graviers, ajoute son directeur sportif Didier Rous. Il aura peut-être besoin de points au coude mais il n’a rien de cassé. » Pas de casse, c’est vraiment le seul point positif de la journée. Chez Cofidis, on broie du noir depuis un bout de temps. « C’est vraiment la poisse depuis le début de saison, reprend Rous, dépité. Maintenant il faut s’attendre à tout. On s’attend au pire. Le meilleur, je ne sais pas s’il va venir. Je l’espère mais pour l’instant c’est un peu pesant. »

Une année noire

Le manager Eric Boyer évincé avant le début du Tour, Cofidis s’était déjà mis dans le rouge moralement. Mais la plus grosse galère frappait l’équipe lors de la journée de repos quand la police interpellait Rémy Di Gregorio lors d’un échange de paquet à l’extérieur de son hôtel. Cofidis, coureurs et staff confondus, tombaient des nus. «  Déjà que le Tour c’est difficile et si en plus on vient y rajouter des choses comme à la journée de repos, explique Rous. Pour les coureurs ce n’est pas facile. Ils se sentent trahis comme toute l’équipe. Ce n’est pas simple mais on essaye de les remobiliser. On discute beaucoup avec eux dans la chambre pour les rassurer. » Si les mains réparent les jambes, les mots ont plus de mal avec la tête. « Il n’y a rien d’anodin sur le Tour, lâche le directeur sportif de Cofidis. Quand on a un début de saison très compliqué avec des fractures, avec plein de garçons dans le doute, quand ça ne s’engage pas bien c’est toujours compliqué. Le Tour peut bien s’enclencher ou mal s’enclencher. On peut être à l’envers tout le Tour de France. » On dirait que ça en prend le chemin.

Le jour sans de Taaramae

Son maillot blanc avait masqué la mauvaise passe de l’équipe. Candidat très sérieux à la tunique de meilleur jeune du Tour, Rein Taaramae avait pris le pouvoir dans la Planche des Belles Filles. Si le chrono avait remis Van Garderen en tête, l’Estonien restait dans le coup. Mais l’étape royale des Alpes rappelait le leader des Cofidis à sa condition physique précaire. « Il fallait rester prudent. On était réaliste car on sait d’où Rein vient et ce qu’il lui est arrivé depuis le début de saison. Ce n’est pas une surprise. Malgré toutes les qualités physiques qu’il a, à un moment donné on paye le déficit de foncier. On se devait de courir comme on a couru et d’aller jusqu’au bout de notre raisonnement parce que le maillot blanc était à sa portée. On sort des Alpes et on va changer de tactique. Maintenant on va tout miser sur les victoires d’étape et on a les moyens d’y arriver. »

Un avenir rose ?

L’espoir, c’est quasiment tout ce qui reste aux Cofidis. En resignant pour quatre années, l’organisme de crédit permet à l’équipe de voir plus loin et de bâtir un projet solide. « On a pas mal de néophyte cette année car on a un projet sportif derrière et on voulait absolument intégrer des jeunes pour qu’il découvre le Tour et le très haut niveau. On veut bâtir une équipe pour le futur autour de Rein. Notre Tour est délicat, on ne va pas le cacher mais on sait ce qu’est le Tour. On l’a pratiqué à plusieurs reprises. Il y a des moments difficiles et des bons moments. Mais pour avoir ces bons moments il faut passer par ces moments difficiles. D’ici l’année prochaine, on va construire un groupe et relever ce défi. » Au niveau mauvaise expérience, Cofidis a donné. Il serait maintenant temps de passer aux bons moments.

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