Coupe du monde 2018 - Essam El-Hadary, l'éternel pharaon d'Egypte
Malgré quatre CAN à son palmarès (1998, 2006, 2008, 2010) et plus d'une vingtaine de trophées décrochés sur le continent africain, le "Pharaon" n'a jamais pu disputer le plus grand tournoi de la planète, compétition qui se refusait à l'Egypte depuis 1990. Plus d'un quart de siècle plus tard, sa patience pourrait lui offrir un record du monde: s'il est titularisé ou entre en jeu contre la "Celeste", il deviendrait le joueur le plus âgé à disputer une Coupe du monde, effaçant la marque détenue par le gardien colombien Faryd Mondragon (43 ans et trois jours) depuis 2014.
Une forme de consécration dans une carrière aux bords des oubliettes après le dernier sacre continental de 2010, point de départ de descente aux enfers du foot égyptien. Car le charismatique portier aux cheveux gominés n'aurait même jamais dû revenir en sélection. Mais une date, le 4 juin 2016, et la confiance d'un homme, Hector Cuper, changeront son destin international. En dépit d'une absence de plus deux ans, le sélectionneur argentin des "Pharaons" n'hésite pas à le titulariser contre la Tanzanie (2-0), rencontre qui validera le ticket des Égyptiens pour la CAN-2017 au Gabon... où il mènera son équipe jusqu'en finale !
Huit kilos perdus en 21 jours
Depuis ce pari gagnant, le portier n'a plus quitté ses cages lors des matches importants. Et quand un énième "challenger" a tenté de lui chiper la place de titulaire, le sort s'est chargé de l'écarter de la route: Ahmed El-Shenawy, blessé gravement au genou en avril, a dû déclarer forfait pour la Russie.
Outre ce brin de réussite, comment expliquer ce "come-back" et une telle longévité ? "Quand il est revenu à Wadi Degla en 2015, son coach lui a dit: +Je vais te ramener au sommet, à tes 22 ans+. Juste après, il a perdu huit kilos en 21 jours", raconte à l'AFP Karim Hafez, qui l'a côtoyé aussi bien en sélection que dans le club égyptien. "Quand j'étais au centre de formation, les pros avaient entraînement à 16h00 parce qu'il faisait très chaud. Mais lui venait travailler comme un animal deux heures avant tout le monde!", ajoute le défenseur, qui faisait partie des 29 joueurs égyptiens pré-sélectionnés pour le Mondial avant d'être écarté de la liste finale.
Une anecdote, sur sa gestion du sommeil par exemple, a particulièrement marqué Patrice Carteron, son ancien entraîneur dans ce club de la capitale (2016): "Le Caire est une ville de 20 millions d'habitants, cela veut dire que parfois, pour traverser la ville, il faut quasiment trois heures avec les bouchons. C'était le seul joueur à avoir un appartement juste à côté du stade afin d'éviter de trop circuler, alors que sa femme et ses enfants habitaient un peu plus loin dans une grande maison".
Impact psychologique -
Au-delà d'une hygiène de vie remarquable, El-Hadary reste un gardien talentueux, capable de gagner un match à lui seul. "Dans le face-à-face, il est exceptionnel. C'est vraiment là où il a le plus de qualités, il sait attendre le dernier moment pour se jeter dans les jambes", souligne Carteron.
L'Égyptien, qui avait notamment écœuré Didier Drogba lors d'une séance de tirs aux buts épique en 2006, raffole surtout des duels sur penalty. Lors de la demi-finale de la CAN-2017, il avait éliminé le Burkina Faso (1-1, 4 t.a.b à 3), d'abord en arrêtant la tentative de son homologue Hervé Koffi puis en inscrivant le penalty décisif. Au point de dire qu'il exerce un vrai impact psychologique sur ses adversaires ? "Peut-être", admet auprès de l'AFP Paulo Duarte, le sélectionneur des "Etalons". Le fait qu'il soit au centre de toute l'attention de l'Egypte, avec ses prières, son expérience... peut-être qu'il déverse une force mentale sur ses camarades".
"Avant il suffisait que j'entende juste son nom, qu'il passe juste dans la rue, pour que j'aie un peu peur. Alors imaginez quand vous jouez contre lui ! C'est vraiment quelque chose", renchérit Hafez. Edinson Cavani, Luis Suarez et les autres attaquants stars du Mondial sont prévenus !
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