Coronavirus : Malgré le confinement, le nageur Clément Mignon a subi un contrôle antidopage
Un matin comme les autres. Ou presque. 6h, la sonnette de l'appartement de Clément Mignon retentit. Pour un sportif de haut niveau comme lui, cette heure matinale est généralement synonyme de contrôle antidopage. Cinq minutes après, un contrôleur de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) entre pour un contrôle inopiné. En temps normal, rien d'extraordinaire. Mais depuis trois jours, la France ne vit plus en temps normal, en raison de la pandémie du Covid-19 et des restrictions décidées par le gouvernement.
"Ca m'a un peu surpris, par rapport au contexte actuel où on nous demande de rester chez nous, de réduire au maximum les contacts pour limiter la propagation du virus", raconte-t-il. Surtout que son outil de travail, à savoir un bassin de natation, ne va plus être disponible pour un long moment... Mais il a gardé son humour.
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A deux sur le canapé
Tout se passe bien. En vingt minutes, le contrôle urinaire est fini, la procédure terminée. Pas de serrage de mains, pas de contacts, et pas non plus de questions préventives sur son état de santé (fièvre ou autres symptômes), pas de mesures particulières. "Vous savez, c'est dans mon appartement, on ne peut pas être très loin l'un de l'autre. On était tous les deux sur mon canapé pour remplir le procès verbal, forcément à moins d'un mètre de distance", explique-t-il avec humour. "S'il y avait eu un contrôle sanguin, il y aurait plus de protection. On essaye tous de bien faire. Il a fait son job. Le contexte est exceptionnel." Les contrôle se poursuivent donc, comme si de rien n'était. D'ailleurs, sa coéquipière de club, Mélanie Henique, championne d'Europe du 50m papillon en petit bassin en 2019, a également subi un contrôle ce lundi matin.
10-15 contrôles par saison
A 27 ans, l'athlète du Cercle des nageurs de Marseille, qui était finaliste du 100m nage libre aux derniers championnats du monde de Gwangju après être sorti de sa retraite, a l'habitude de ces contrôles. Il en subit entre dix et quinze par saison en moyenne. "En 2016, avant les JO, c'était même un toutes les deux semaines", se souvient-il. "C'est lourd dans ces moments-là." Mais rien à voir avec l'ambiance actuelle, si particulière : "On avait une dérogation jusqu'à aujourd'hui pour nager au Cercle. Ce matin, on s'est entraîné, mais on a fait gaffe, on ne fait pas de check, on ne se salue pas. J'ai fait attention à toucher le moins de surfaces possibles. Et au retour à la maison, le basique nettoyage de mains. Des gestes simples qu'on avait peut-être un peu oubliés."
Comme pour le reste de la population, l'heure est à l'adaptation. Les championnats de France, qualificatifs pour les JO, ont été repoussés. C'est toute la programmation des nageurs qui s'en trouve chamboulée. "On est en vacances ce soir", rigole-t-il. "Les coachs nous ont proposés de récupérer du matériel de musculation, comme les haltères, les tapis. Parce que c'est vrai qu'on peut faire des abdos, des pompes, mas on tourne vite en rond".
Une prise de conscience récente
Comme beaucoup en France, Clément Mignon n'a pris conscience de la situation que récemment : "Avant, je me disais que j'étais jeune, sportif de haut niveau... Mais je n'avais pas pris conscience du risque d'engorgement des hôpitaux." Depuis samedi, et les dernières annonces gouvernementales, son approche a changé. Il s'attend à des restrictions plus sévères dans les heures à venir. "Ca ne sert à rien de se prendre la tête. Il faut prendre son mal en patience. Plusieurs jours avec des sorties réduites au minimum, cela va impacter le physique et aussi le psychique, même si avec les nouveaux outils comme Skype, cela pose moins de soucis."
Comme tout le monde, Clément Mignon entre dans une période inconnue, assez éloignée de celle qui pouvait le mener aux Jeux Olympiques de Tokyo l'été prochain.
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