Coronavirus : Gardez le moral pendant le confinement grâce à la pratique sportive
Et si le sport pouvait nous permettre de garder le moral pendant le confinement ? On connaît déjà ses bienfaits sur la diminution du stress et sur le système cardiovasculaire. Mais il serait aussi utile pour ne pas déprimer. C'est ce qu'a étudié Fabien Legrand, maître de conférences à l'université de Reims et membre du Laboratoire C2S (cognition santé société), qui travaille sur l’influence de la pratique sportive sur l’humeur, la qualité de vie, la vitalité cognitive, ou encore la santé mentale subjective de populations cliniques et non cliniques.
Concrètement, dans l’une de ses publications scientifiques (1), il a étudié l’influence d’un footing de 25 minutes en plein air et en intérieur sur le sentiment d’énergie de 18 personnes déprimées, puis a comparé ses résultats à ceux constatés lorsque ces personnes regardent la télévision, toujours pendant 25 minutes. "J’ai constaté que le sentiment d'énergie augmentait de manière très significative après la pratique de sport, que ce soit en forêt ou en gymnase. Par contre, il n’augmente pas, voire il diminue, quand les participants devaient rester inactifs, en regardant la télévision", détaille le chercheur.
Au-delà du footing, toutes les activités sportives pratiquées sans excès ont des effets favorables sur le psychisme, que ce soient les exercices de type cardio-respiratoire (marche rapide, course sur un tapis roulant, ou vélo d’appartement) ou de renforcement musculaire. En fait, côté biologie, pendant une activité physique intense, le cerveau va produire des endorphines, qui sont des molécules qui procurent une sensation de bien-être et de plaisir et qui vont se fixer sur les récepteurs des neurones. L'augmentation de la concentration d’endorphines dans le sang provoque ainsi une baisse de la perception de la douleur, et lorsque cette concentration est vraiment très élevée, cela peut aboutir à un sentiment d’euphorie.
Un seuil de 14 jours significatif
Ses constatations complètent également une autre étude. "Il a été observé, dans une étude américaine (2), que pour les gens qui avaient l’habitude de pratiquer une activité physique régulière, des sportifs mais aussi des personnes qui allaient au travail en vélo ou en marchant ou encore qui jardinaient, être privé d’exercices physiques pouvait déclencher des syndromes dépressifs et anxieux", explique Fabien Legrand. Un phénomène d'autant plus vrai quand la durée du confinement dépasse les 14 jours. "Plus la durée de confinement et l'inactivité forcée sont longues, plus les problèmes psychiques vont être visibles", ajoute-t-il.
Quand on parle de symptômes dépressifs, nous explique Fabien Legrand, "il s’agit de tristesse, de ralentissement général autrement dit la personne marche au ralenti, parle plus doucement, a moins d’entrain. Il y a aussi une perte de sens de la vie ou encore des perturbations du sommeil et de l’appétit". Les symptômes anxieux, eux, correspondent à la tension intérieure, à l’agitation et aux pensées angoissantes et catastrophistes.
Maintenir une activité physique est primordiale
Afin de lutter contre ces syndromes, les personnes actives "doivent maintenir un minimum d'entretien physique quotidien chez eux à la maison", indique Fabien Legrand. Même topo pour les sédentaires, surtout si ceux-ci ne vivent pas bien le confinement. "Beaucoup de personnes disent que faire du sport à la maison ne sert à rien. Mais bien au contraire, les effets sont prouvés. Chez les gens sédentaires, et qui ne sont pas bien pendant le confinement, se mettre au sport chez soi peut apporter des bénéfices substantiels, leur permettre d'être plus vigoureux et énergiques, d’avoir plus d’entrain, approfondit le maître de conférences Fabien Legrand. Pratiquer une activité sportive peut donc être une solution pour réduire l’arrivée des premiers symptômes dépressifs et anxieux."
Et les sportifs de haut niveau, sont-ils aussi concernés ? "Je ne suis pas expert sur la question mais effectivement, il est assez probable que les sportifs, qui avaient de grosses charges d'entraînement habituellement, avec des séances de plusieurs heures par jour et qui n’arrivent pas à faire l’équivalent chez eux, puissent ressentir des répercussions sur leur qualité de vie."
(1) Legrand et collègues (2018), Journal of Environmental Psychology, 56, 91-96.
(2) Weinstein et collègues (2017), General Hospital Psychiatry, 49, 11-18. Il s’agit d’une méta-analyse, c’est-à-dire d’une synthèse de plusieurs recherches de terrain.
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