Championnats Européens : un bilan très mitigé pour l'équipe de France d'athlétisme
Les responsables de la Fédération française avaient de quoi se montrer ambitieux après les belles moissons récoltées aux Jeux olympiques de Rio (6 médailles) et aux Championnats du monde de Londres (5 médailles) qui avaient replacé le pays sur l'échiquier de l'athlétisme international. Mais la réalité fut beaucoup plus contrastée pour les Bleus, qui ont finalement fait du surplace par rapport à leurs résultats de 2016 (10 podiums), très loin de l'orgie de Zurich en 2014 (24 breloques dont 9 en or).
Il y a deux ans à Amsterdam, les "Europe" avaient précédé les JO et les principales têtes d'affiche tricolores s'étaient logiquement préservées pour le rendez-vous de Rio. L'excuse n'est pas valable pour 2018, saison sans Jeux olympiques ni Mondiaux et dont le point d'orgue était justement programmé à l'Olympiastadion de Berlin. Comment expliquer cette défaillance? Il y a d'abord eu la faillite des deux cadres Kevin Mayer et Jimmy Vicaut, deux énormes chances de victoires dont les forfaits en tout début de compétition ont peut-être rejailli sur le moral de la troupe.
Les déconvenues Vicaut et Mayer
Le champion du monde du décathlon, grandissime favori, tenait la forme de sa vie mais un improbable zéro pointé dès sa 2e épreuve (le saut en longueur) a ruiné tous ses espoirs, l'obligeant à renoncer la mort dans l'âme. Mayer, frustré, a annoncé sa participation au Décastar de Talence, les 15 et 16 septembre. Le Montpelliérain de 26 ans, qui n'a plus disputé de décathlon depuis les Mondiaux de Londres l'an dernier, pourrait s'attaquer en Gironde au record du monde de l'Américain Ashton Eaton (9045 points), histoire de faire oublier la plus grosse déconvenue de sa carrière.
Pour Vicaut, on peut parler de malédiction. Le co-recordman d'Europe du 100 m (9 sec 86) était arrivé avec une première place au bilan européen (9 sec 91 à égalité avec le futur vainqueur, le Britannique Zharnel Hughes) avant de battre le record des Championnats d'Europe en demi-finale (9 sec 97). Mais comme en 2014, il a été trahi par son corps (ischio-jambiers) et n'a pas pris part à la finale. Le Français, déjà malheureux en 2016 (3e), n'a toujours pas remporté ce titre international en plein air sur le plan individuel que ses chronos réguliers pourraient logiquement justifier. Sa blessure, ajoutée à l'absence de Christophe Lemaitre, a également plombé le relais 4x100 m, seulement 4e.
Au rayon déceptions, il faut aussi ajouter Quentin Bigot (marteau) et Jeanine Assani-Issouf (triple saut). Les autres Bleus attendus ont répondu présent, à l'image de Mahiedine Mekhissi, sacré pour la 5e fois (3000 m steeple) et désormais l'athlète français le plus titré sur la scène continentale, de Renaud Lavillenie, 3e et vaincu par un Armand Duplantis (6,05 m) en état de grâce à l'issue d'un concours de la perche inoubliable, du champion du monde Pierre-Ambroise Bosse (bronze sur 800 m), de Renelle Lamote (argent sur 800 m) ou d'Alexandra Tavernier (argent et record de France du marteau en 74,78 m).
Des jeunes encore tendres
Il y a même eu de belles surprises avec Pascal Martinot-Lagarde, qui s'est offert le luxe de dominer le N.1 mondial Sergey Shubenkov sur 110 m hais, Morhad Amdouni (or sur 10.000 m, bronze sur 5000 m) ou Clémence Calvin (argent sur le marathon). Mais ce sont surtout certains jeunes qui ont manqué à l'appel du podium (Ninon Guillon-Romarin à la perche, Ludvy Vaillant sur 400 m haies, Jean-Marc Pontvianne au triple saut), ce qui aurait forcément gonflé le total français. Hormis Alioune Sene (22 ans), finaliste à la perche, et surtout Solene Ndama (19 ans), qui a explosé à deux reprises son record personnel sur 100 m haies (12 sec 88 puis 12 sec 77) pour atteindre le Top 8, personne ne s'est réellement distingué dans la perspective des JO-2024 à Paris.
A un an des Mondiaux de Doha, une remise en question s'impose pour les Bleus et leur encadrement.
Avec AFP.
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